C'est drôlement dangereux de s'attacher à quelqu'un, c'est incroyable ce que ça peut faire mal. Rien que la peur de perdre l'autre est douloureuse. C'est moche de guetter un signe de quelqu'un pour se sentir heureux...

but have no fear.

Les yeux me brûlent, je suis exténuée. L'hôtesse de l'air me propose une couverture, en même temps elle est payée pour. J'accepte en lui faisant un large sourire. J'aime pas sa tête, je passe carrément au dessus de ça. Tandis que nous prenons de l'altitude je continue de pianoter sur mon ordinateur portable un de mes futurs article à poster sur ma plate-forme du net. Je baille à m'en décrocher la mâchoire, il n'est que trois heures du matin puisque nôtre avion avait du retard. La première classe est quasiment vide, on doit être quatre ou cinq chacun disposé à un endroit de la cabine. Le casque sur les oreilles, je me sens tomber dans un sommeil petit à petit mais je lutte pour terminer mon article. Je devrais arriver en début de soirée à Chicago, peut-être que j'en profiterais pour aller voir mon père et sa garce siliconée. Et puis j'ai hâte de retrouver les bras de Tomas. C'est difficile de laisser partir la personne que l'on aime à des milliers de kilomètres loin de soi quand vous travaillez ensemble et que pour raccourcir la chose que vous faites tout ensemble au final. Je ne lui ai pas dis, je veux lui faire une surprise. Et puis son niveau d'anglais est vraiment pas top. Les crises de fou rires que ma famille paternelle s'est offerte grâce à lui était quelque chose d’épique. Sans m'en rendre compte, je m'endors lentement pour un sommeil réparateur et ne me réveille que lors de l'arrivée, réveillée par l'hôtesse qui semblait mal léchée qui ce qui lui a valu un grognement sourd. Connasse va. Je me lève une fois débarquée, et envoie un sms à ma petite sœur pour lui indiquer mon retour à la maison. Je prend ensuite les coordonnées de l’hôtel où doit dormir mon bien aimé pendant ses diverses conférences sur le droit de port d'armes au states etc. D'un côté moi je viens pour l'aider, et grappiller une ou deux infos. Pas bête, la guêpe. Je hèle un taxi qui m'emmène dans l'hôtel que Tomas à choisit. Il doit être aux alentours de vingt-heures, foutus bouchons je ne vous dit pas. J'ai dormis durant tout le voyage donc autant vous dire que je ne suis pas fatiguée mais étant une grande habituée du décalage horaire ça ne me faisait pas grand chose. Je rentre dans l'hôtel et demande la chambre de M. Baur et on m'indique qu'elle est au dernier étage. J'ai vu sur leurs site internet que les appartements les plus haut possédaient une baie vitrée avec une vue superbe ça ne m'étonne pas que Tomas ai fait ce choix. Je grimpe dans l’ascenseur excitée comme une puce à l'idée de revoir mon amoureux. J'ai l'impression d'être niaise, débordant de naïveté quand je pense à lui. Comme une gosse de seize ans qui vit son premier amour alors que j'ai fêté mes trente et un ans. Dans l’ascenseur, vu que j'ai une trentaine d'étages à monter j'en profite pour ré-ajuster ma tenue et donner un coup de frais à mes cheveux en les détachant pour qu'ils me tombent dans la nuque. Ma robe tailleur noire est parfaite, je sais qu'elle lui plaît puisqu'il me l'a offerte. Les portes s'ouvrent, je marche d'un pas assuré jusqu'à sa porte, le bruit de mes louboutins claquant le sol à chaque pas. Je frappe de deux coups, il ouvre la porte et une mine étonnée s'affiche sur son visage. A cet instant j'ai envie de crier "SURPRISE" mais je me retiens. Il me prend par la main et me fait rentrer dans sa chambre qui s'avère être superbe. Il me demande ce que je fais là, je réfléchis rapidement. "Eh bien, je suis venue pour t'aider avec ton anglais, et bon tu sais que j'ai grandis ici donc je connais Chicago comme ma poche!" je souris à pleine dents et une fois qu'il fut débarrassé dans mes bagages, je passe mes bras autour de son cou et dépose un chaste baiser sur ses lèvres, viles tentatrices. 'Tu n'es pas content de me voir? Ça ne va pas mon cœur?" Je plante mon regard dans le sien avec un petit sourire. Est-ce que ça lui déplaît que je sois venue ici avec lui? Une chose est sûre c'est qu'avec lui, il faut s'attendre à tout. Un jour il peut vous aimer à la folie et le lendemain partir en expédition sans un mot ni sans prévenir. Je me détache de lui et prend une mine penaude.

Je passe mon temps à chercher un endroit qui ne se trouve pas sur terre et à courir après des gens que je ne connais même pas. Sauf quand je suis contre toi. Quand je m'endors tout près de toi, que je peux entendre ton coeur battre et ton souffle sur mes cheveux. Quand je suis tout près de toi je ne regrette plus, je ne cherche plus, je suis juste là et c'est tout ce qu'il me faut, je n'ai envie d'être nulle part ailleurs.

Down the hills.

Il a l'air crevé, et je le suis également. Bon encore, ça va j'ai pu dormir pendant le vol mais avec tout ces articles qui pleuvent de tout les côtés je suis en retard sur mon sommeil. Il baille, en se frottant les yeux. Sa barbe de trois jours et ses cernes prouve qu'il est fatigué. Mon pauvre amour. Je suis soulagée qu'il ne m'en veuille pas de l'avoir rejoint sans le prévenir. Tomas est le genre de garçon qui n'aime pas trop les surprises, c'est bien pour ça que je me garde de lui en faire. Mais il me manquait, toute seule dans nôtre grand lit c'est pas le top. Et puis ma petite sœur me manquait aussi et elle à besoin de moi également c'est normal sachant que j'ai raté toute son enfance. Je ne savais pas qu'elle existait jusque ma dernière visite à mon père datant d'il y a quelques mois. Mes parents se sont séparés lorsque j'ai eu huit ans. Je suis partie avec ma mère en Allemagne après, mon père restant très proche. Et puis il s'est détaché peu à peu. Les appels sont devenus des lettres, puis les lettres des chèques d'une somme certes importante. Il s'est remarié avec une belle femme de son milieu, et il a eu ma demie sœur. Elle me ressemble tellement que ça m'a étonné. Elle est belle, elle est talentueuse dans ses études une mini Lina à elle seule. Et puis on s'est adoptées de suite comment faire autrement alors qu'on a les mêmes goûts? Et puis j'ai toujours rêvé d'avoir un frère ou une soeur mais avec les problèmes de santé de ma mère m'avoir eu moi relevait déjà de l'exploit. Je sors de ma rêverie lorsque les baisers dans ma nuque me réveillent. Tomas se trouve derrière moi et une de ses mains presse mon ventre pour m'attirer un peu plus contre lui. La chaleur de son corps m'a réellement manqué, sa tendresse et sa passion également. Mon (futur) fiancé est quelqu'un de doux lorsqu'on le connait comme moi. Il paraît un peu bourru, sûr de lui et distant comme ça c'est vrai et c'est ce qui m'avait charmé à Montmartre lors de nôtre rencontre dans cette école de journalisme prestigieuse. Je suis la fille dont le premier amour est réel et je me sens chanceuse de l'avoir réalisé avec un homme de son genre. J'aurais pu me mettre avec un homme riche, prestigieux mais à quoi bon? Je voulais quelqu'un d'humain avec qui je peux partager une pizza, enlacés dans le canapé en regardant les vieux épisodes de Friends. Quelqu'un avec qui je puisse faire de la randonnée et qui n'ai pas peur de se salir. Tomas est tout ce que j'ai toujours recherché, en fait. Je me retourne et embrasse avec fougue l'homme se tenant devant moi. Je ronronne sous ses caresses, viles tentatrices. Je décale mon visage du sien en passant une main sur son visage. " J'irais bien prendre une douche pour me décrasser un peu après ces heures de vol." Je détache mon corps du sien à contre coeur, et marche lentement vers ma valise. J'en sors des vêtements de nuits et me dirige vers la salle de bain avec un sourire qui veut tout dire. J'attache ma crinière blonde en une queue de cheval déstructurée. Je jette un oeil au miroir, bon dieu ça fait du bien d'être à chicago.