« Si tu veux, on peut aller là, regarde l’hôtel à l’air pas mal. » « Mouais, je sais pas… on a l’habitude de partir avec Jack et toute la bande. Pourquoi changer ? » Je comprenais pas grand chose à la conversation. Enfin je m’en foutais un peu à vrai dire, mes parents étaient en train de chercher notre prochaine destination de vacances. Ca faisait pourtant depuis… bah depuis ma naissance qu’on partait au même endroit avec les mêmes gens. Jack, le meilleur ami de mon père, organisait toujours le voyage. Bref, ça ne m’intéressait pas, et je quittai rapidement le salon pour aller me perdre dans la cuisine, à la recherche de cookies. J’adore les cookies mon dieu ! Encore plus que les chips au paprika, c’est horrible. Enfin je m’égare un peu. Alors que je traînais ma chaise (haute et d’un beau vert délavé par le temps) jusqu’à l’évier afin de pouvoir atteindre l’armoire du dessus – celle avec les gâteaux – mon regard rencontra une chose qui éveilla grandement ma curiosité. La porte de ma machine à laver était ouverte. Je m’étais toujours demandé comment c’était à l’intérieur de cette machine infernale. Ben croyez moi que je m’en souviens. Et pas qu’un peu. Je suis redescendu de ma chaise, oubliant mes cookies et laissant la porte de l’armoire ouverte, je me suis approché, j’ai ouvert la porte et j’ai glissé ma tête à l’intérieur. Ouais bon c’était métallique quoi, rien de passionnant. Mais quand j’ai voulu ressortir… « MAMAAAAAAAAN ! PAPAAAAAAAAAAA ! AU SECOURS ! » Deux secondes et demi après, mes parents débarquaient dans la cuisine, tout en panique, se demandant ce qu’il se passait. Je n’ai pas vu la gueule qu’ils ont fait en me trouvant mais je pense qu’il vaut mieux que je n’essaie même pas de me l’imaginer. « AAAAAAAAH A L’AIDE LA MACHINE ESSAIE DE ME BOUFFER ! » « Fletcher Maë Lynn, ton langage ! » Ouais bon ok j'avais six ans mais quand même, comprenez l'état de panique dans lequel je me trouvais. « PARDON MAMAN MAIS AAAAAAAAH AIDEZ MOI J’AI PEUR IL FAIT NOIR ET CA SENT BIZARRE AU S’COUUUUUUURS ! » Mon père m’attrapa par les pieds et me tira, me faisant sortir d’un coup. Le traumatisme de ma vie. Avec la fois où je m’étais enfermé dans mes propres toilettes, pour faire comme les grands. Sauf que j’arrivais plus à rouvrir après. Du coup j’ai passé une heure coincé sur le trône avec ma mère qui glissait des photos en-dessous de la porte pour me rassurer, en attendant que le serrurier arrive pour me délivrer de mes cauchemars. J'étais vraiment une bite en fait. Heureusement pour moi ça c'est un peu arrangé avec le temps. J'ai dit un peu.

« Tu crois qu’on va où après ? » « Hein, après quoi ? » Houna était une fille magnifique. Je l’adorais. Elle était un soleil qui rayonnait constamment et qui m’était rapidement devenu nécessaire. Elle me trouvait mignon. Elle me le répétait à longueur de journée. « Maë, t’es trop adorable pour être réel putain. » On était attiré, comme des aimants, et on s’était laissés aller sans se prendre la tête. On avait 14 ans, le monde s’éveillait à notre égard, les grandes expériences de la vie nous guettaient à chaque coin de rues. Certaines nous avaient déjà frappés dans la gueule, d’autres attendaient encore sagement dans l’ombre le moment propice pour nous tirer leur balle en plein cœur. On devait être ensemble, c’était comme ça. Je sais pas si c’était de l’amour ou autre choses, au fond c’est quoi réellement l’amour ? Mais on était bien ensemble, alors on en profitait et on ne se privait pas. On était allongé par terre chez moi, le dos contre mon lit, nous partageant la dernière clope de mon paquet. « Ben tu sais, après la vie. Tu crois qu’on devient quoi ? » « Oh… j’en sais rien. On doit bien finir quelque part j'imagine, mais je sais pas où. » « Hm. » Un grand moment de réflexion prépubère. « Ma mère m’a donné des capotes ce matin. » J’éclatai de rire. « Rigole pas, c’est pas drôle ! Elle m’a fait tout le discours sur la reproduction humaine, les risques qu’on encourait, le besoin de se protéger ! » « Ouais, elle t’a refait le cours de Glammer quoi. » Glammer, c’était notre prof de biologie. Celui avec qui j’ai fini par coucher. Une bombe de sexe. « Je te dis pas la gêne… » « J’imagine. Puis je pensais que c’était au mec de ramener les capotes ! » « Ah bon ? » « Ben… ouais. C’est ce que mon père m’a dit en me donnant ça. » Je fis glisser la boîte de six préservatifs que mon père m’avait donné quand je lui avais dit que ma copine viendrait passer le weekend à la maison. À la base, on avait utilisé l’excuse que, à cause du boulot de son père, on voulait laisser du temps à ses parents afin qu’ils puissent se « retrouver » et passer un moment en couple. Mais bon, c’était surtout pour passer une nuit ensemble. On avait déjà dormi ensemble quelque fois. C’était agréable. Je me sentais bien, et elle aussi. On s’est regardés un moment et on a explosé de rire, encore une fois. « Bon bah au moins on est préparés. » « Ouais je crois ! » On s’est un peu calmé. Nos regards ne se quittaient pas. « Ce serait dommage de pas en profiter, non…? » Sa voix était douce, suave, presque tentatrice. « T’es sûre que… t’en as envie ? » Je savais de quoi moi j’avais envie, et je vis toujours sans me préoccuper de ce qui va se passer, mais je ne forcera jamais quelqu’un à quoi que ce soit. Enfin pas dans le domaine du sexe. Et pas quand j’avais quatorze ans. « Ben ouais… maintenant qu’on y est. » Je vous passe les détails mais en trente secondes on s’était retrouvés sur mon lit, elle assise sur mon bassin. C’était parti superbement bien. J’ai vraiment cru que ça y était, j’allais perdre ma virginité. Mais au moment où j’allais enfin lui dire adieu, je me suis arrêté. J’ai bloqué. « Maë… ça va pas ? » « Je suis gay. » C’était sorti tout seul. Je ne sais pas pourquoi, comme ça, d’un coup. J’avais déjà eu des doutes depuis un moment, mais là c’était sûr. Ca ne pouvait pas être autrement. J’étais pédé comme un phoque. Ouais en fait non, c’est nul ça. Depuis quand un phoque c’est gay ? Puis ça fait tout de suite penser à ses grandes tantes qu’on voit à la gay pride, tout ce que j’aime quoi. Erm. Enfin heureusement, après on est resté amis. Elle n’en a jamais eu beaucoup, et je voulais pas la perdre.

« Putain, tu vas arrêter de bouger ouais, salope ! » « Suce ma bite, tu me niques la tronche là ! » « Quand tu veux chéri ! » Ivy et moi avions toujours eu beaucoup d’amour l’un pour l’autre, surtout dans nos paroles. Cette fois elle s’était mis en tête de me décolorer les cheveux en blond doré. J’avais réussi à négocier pour ne pas me retrouver avec les cheveux platine. Mais cette merde de produit me cramait les cheveux comme pas permis, je souffrais. « Bordel mais tu m’as foutu quoi sur la tête là, du blanco ? » « Oh arrête de pleurer pisseuse, tu vas voir tu seras magnifique. » Ca j’en doutais pas, j’étais toujours splendide. Elle a continué comme ça pendant un quart d’heure et une trente minutes après, elle m’a rincé totalement la tête. « Mais bouge pas putain, c’est pas fini ! » « Qu’est-ce que… » « Non ferme ta bouche de suceuse steplait, tu me suceras la bite après pour me dire merci. » Je l’ai laissée faire. Vingt minutes après, elle me sécha les cheveux. Et voilà que je me retrouvais avec une crinière dorée de lion adolescent ornée d’une magnifique mèche mauve pastel. Bon j’avoue c’était pas trop mal. « Oh putain oh putain oh putAAIIIIIIIIINNN ! » « Je sais ouais, je suis une future artiste célèbre. » « Tu sais quoi, Ivy ? Tu devrais t’en tenir au skate. Ou à ta tête. » « Mais va te faire défoncer le fion putain, je suis une déesse ! » « Ouais vas-y, offre moi ta queue bébé ! » Ouais, c’était plus au moins les conversations de bases qu’on avait avec Ivy. Mais on s’aimait comme ça. On faisait toujours les conneries dont nos parents nous avaient mis en garde quand on était gosses. Une fois mes cheveux dressés en l’air, on est sorti de sa salle de bain et on a filé dans la nuit. On est allés se poser sur la rampe au skatepark, à regarder les étoiles. « Tu crois qu’un jour je pourrai te sucer la bite ? » « Ouais, si tu t’en fais greffer une ça peut être envisageable. » « Non désolée princesse, je tiens trop à mes quatre lèvres. » « Ah putain non arrête, je veux pas savoir ! Je t’ai déjà dit que ça m’écœurait ! » « Hahahahaha pauvre petite pucelle ! » Après une heure on s’est tirés. Y avait une fête de junkies dans un cimetière, ça avait l’air cool.