fight for our love, lust, hate, desire.
Tu éteins la radio rageusement. Ils sont même pas fichus de passer de la vraie musique, seulement ces sons commerciaux qui feront danser la population sur la plage comme des loosers. Un sourire carnassier étire tes lèvres tandis que tu croises ton regard dans le miroir. Tu repousses une mèche, attrape tes cheveux et les relèves, laissant tomber dans ta nuque quelques cheveux. Tu les relâches finalement, laissant éclater un rire étrange, avant de t'éclipser vers ta garde-robe. Tu contemples les robes que cette dernière contient. Tu es fière de les posséder. Fière parce que pour te les acheter, t'as dû – pour la plupart – voler montres, bijoux, portes-feuilles, et dépenser tout ça dans des choses destinées à ton plaisir. Avant, c'était pour manger, puis avec le temps – et les conseils d'Andy – t'as appris à faire ça tellement bien que t'en as eu plus qu'il ne le fallait. Tu peux être fière de toi. Enfin, est-ce vraiment une fierté ? T'en sais rien. Tu t'en fiches un peu, aussi. Tu en pioches une. Elle a des tons bleu ciel, ce qui fera ressortir tes yeux gorgés d'eau claire. De nouveau, l'épreuve du miroir. Ton regard est celui le plus dur que tu aies à affronter chaque jour. C'est comme une épreuve. D'affronter sans ciller cette haine que tu as envers toi-même. Et envers le reste du monde. Tu relèves de nouveau tes cheveux et agrafes une pince dessus pour les maintenir là. Un coup de maquillage habilement passé et te voilà fin prête. « Miroir, miroir, dis-moi qui est la plus belle... » railles-tu, seule dans l'appartement désert, avec un rire auto-dérisoire. Tu ouvres la porte et inspires enfin l'air frais comme si ce dernier t'avait manqué. Prenant de grandes bouffées comme une noyée, tu t'engages dans la rue, resserrant autour de toi ton manteau, tes quelques centimètres de talon cliquetant sur le bitume. Tu ne vas pas bien loin ; l'avantage d'habiter dans le centre ville. Tu te déplaces la plupart du temps à pied. De toute façon, tu n'as pas le permis. Par automatisme, tu sors une clope et tires lentement dessus.

Tu la jettes dans le caniveau devant la boîte, tes yeux perçants balayant les alentours. Finalement, tu entres. Le videur te laisse passer sans même te demander ton âge. Ça fait longtemps que tu profites de ça, même si maintenant t'es en droit. La musique agresse tes tympans, mais ne viens-tu pas ici pour t'anesthésier ? Si, encore. Chercher une proie, chercher de quoi se nourrir cette nuit pour satisfaire ce désir de changement quotidien et presque animal. Tu te diriges vers le bar, commandant un premier verre pour te mettre dans le bain, laissant la musique s'infiltrer par tous les pores de ta peau. Tu bats lentement des cils, charmeuse même avec le barman qui t'adresse un sourire rayonnant. Il semble ravi. Super pour lui. Tu te détournes, et finalement, ta peut-être future proie te tombe dessus toute seule. Oui, le type te tombe réellement dessus et ton verre se renverse sur ta robe. « Mais bon sang vous pouvez pas faire attention ! » lui cries-tu dessus sans même l'avoir regardé encore. Il attrape ton bras. « Je peux me faire pardonner en vous offrant un nouveau verre ? » Tu relèves tes prunelles. Il a un charisme impressionnant et tu t'adoucis de suite. Un sourire éclaire même tes traits et tu acceptes d'un hochement de tête. Alors, vous commencez à discuter, de tout et de rien pour vous faire croire que vous n'avez pas la même idée en tête mais tu sais très bien où il veut en venir. Et ça tombe bien, parce que c'est ce même endroit où tu veux aller aussi. Enfin, ça, c'est les prévisions sans savoir qu'une tornade va débouler d'un instant à l'autre pour tout ravager.