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(+eliezer) i'm a hard soul to save.

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Soleïane JJ. Beckenridge
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Soleïane JJ. Beckenridge

locked out of heaven.
๑ Pseudo : MARY-W. +marie.

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MessageSujet: (+eliezer) i'm a hard soul to save. (+eliezer) i'm a hard soul to save. EmptyMar 21 Mai - 14:01


everybody, see, i love him.

soleïane jj. beckenridge & eliezer moriarty
'CAUSE YOU'RE A HARD SOUL TO SAVE. WITH AN OCEAN IN THE WAY, BUT I'LL GET AROUND IT. NOW THERE'S GREEN LIGHT IN MY EYES, AND MY LOVER ON MY MIND. AND I'LL SING FROM THAT PIANO AND CRY, OVER THE LOVE OF YOU. 'CAUSE IT'S A FEELING THAT YOU GET, WHEN THE AFTERNOON IS SET, ON A BRIDGE INTO THE CITY. AND I DON'T WANNA SEE WHAT I'VE SEEN, TO UNDO WHAT HAS BEEN DONE. TURN OFF ALL THE LIGHTS, LET THE MORNING COME.
Encore une longue journée l’attendait. C’est du moins ce que lui annonçait le cri du réveil, résonnant à ses oreilles à peine avait-elle ouvert les yeux. Et Soleïane n’avait pas envie de se lever, quand bien même le climat s’avérait clément avec la ville de Chicago. Dehors, par les rideaux qu’elle n’avait que vaguement fermés en allant se coucher, elle pouvait deviner qu’il faisait beau – qu’il ferait beau aujourd’hui, en tout cas. En mai, c’était une chose tout à fait normale, même si la ville où elle avait élu domicile était un peu trop au nord à son goût. Il ferait beau, il ferait relativement chaud, assez chaud pour qu’elle puisse mettre une petite robe et sourire sans compter ; mais elle n’avait quand même pas envie de se lever. Pas envie de bouger, pas envie d’exister. Et au fond, alors que ses songes se faisaient tous plus négatifs les uns que les autres, la jeune femme ne savait pas de quoi elle aurait bien pu avoir envie ; de pancakes, peut-être, mais Soly était plutôt une catastrophe en cuisine, assez grande en tout cas, pour qu’elle prenne rarement le temps de cuisiner au petit déjeuner. Laver la poêle cramée en catastrophe était bien la dernière chose qu’elle avait envie de faire, quelques heures à peine après s’être levée, traînant encore des pieds – sans compter l’odeur, qui continuerait alors d’inlassablement imprégner son appartement pour toute la journée à venir. Elle ne s’était donc pas levée ce matin, quittant ces couvertures dans une mine contrite, dans l’idée de cuisiner, ou de tenter de rendre cette journée un tant soit peu agréable. On lui avait dit qu’il serait mieux pour elle de passer à autre chose, de sortir, de reprendre son petit job de nourrisse sans intérêt, et de s’occuper l’esprit sans cesse, plutôt que de ressasser. Ressasser quoi ? De n’avoir jamais connu de père ? Au fond, ça, elle avait passé outre avec le temps, ça n’avait jamais eu d’importance pour elle, d’être une pauvre gamine qu’on avait toujours regardée en biais, en se questionnant secrètement sur le déséquilibre que son éducation monoparentale avait créé chez elle. De fêter joyeusement le troisième anniversaire de la mort de sa mère ? Ou de venir tout juste de perdre sa meilleure amie ? A croire que c’était un cercle vicieux, une mélopée d’existence qui se profilait à l’horizon pour elle ; alors qu’elle n’avait encore qu’à peine vingt-quatre ans. Et comment pouvait ainsi être l’avenir pour elle ? Elle préférait ne pas y penser, pestant autant qu’elle le pouvait sur l’instant présent, s’échinant à faire bonne figure à chaque nouvelle minute que lui offrait chaque journée : c’était déjà assez dur, bien souvent. Mais malgré tout, Soleïane s’était déjà engagée à faire bonne figure, contactant la plupart des familles dont elle s’occupait généralement, pour leur faire comprendre qu’elle reprenait du service, et qu’elle viendrait s’occuper de leurs enfants en début de semaine prochaine. Début de semaine prochaine qui était arrivé bien vite, puisqu’en ce lundi matin, la brune ne se sentait qu’à peine de taille à faire face : un rien pourrait sans doute la déstabiliser, lui faire péter un câble ou la pousser à fondre en larmes – et ce soir, sûrement que tous les moyens seront bons pour tenter d’effacer cette lourde journée de ses souvenirs. Elle avait donc sorti une robe à fleurs, claire et gaie, de son placard pour se préparer, arrangeant ses cheveux comme elle l’avait fait bien souvent : la plupart des gens pour qui elle travaillait avaient adopté une mine triste lorsqu’elle leur avait énoncé la raison de son court congé, ils avaient compris au moins, pourquoi elle agissait ainsi ; mais rester dans cet appartement désespérément vide, c’était comme remuer le couteau dans la plaie, inlassablement. Et là où Soleïane ne s’était pas imaginée capable de quitter ces murs encore emplis de bien trop de souvenirs, les réflexes imposées par ses quelques années de travail l’aidèrent à finalement claquer la porte derrière elle une fois toutes ses affaires empochées.

Tôt ou tard, elle devrait trouver quelqu’un d’autre pour partager cet appartement : offrir à l’habitation pour n’importe qui la chambre de sa meilleure amie serait sans doute une étape de plus dans le deuil, étape que Soly fuyait plus que tout le reste. Pourtant, elle ne pourrait pas payer cet appartement seule avec son maigre salaire de nourrisse, et elle n’avait aucunement envie de déménager – même si elle sentait à présent les regards de ses voisins longuement s’attarder sur elle, cette fausse pitié imprimer les actions et attentions de chacun. C’était difficile, mais certainement pas aussi difficile que, d’en plus devoir gérer cet énième deuil, devoir gérer des bouleversements sans précédent dans sa vie quotidienne et matérielle : pour faire simple, seule, sans colocataire, Soleïane était bonne pour devoir quitter le centre-ville de Chicago, vivre dans la banlieue la moins chic possible, et se payer une bonne heure de bus pour rejoindre la plupart des habitations de ses clients. Temps précieux qu’elle ne voulait pas perdre, peut-être par flemme, peut-être par simple confort : de toute manière, elle n’imaginait pas qui que ce soit vivre dans cet appartement, si ce n’est elle. Elle et sa meilleure amie ; mais le bon dieu avait décidé de multiplier les coups de pute dans son existence – et de ces projets infimes, ne restait plus qu’elle. L’atmosphère quelque peu morose de son appartement derrière elle, Soleïane se redressa quelque peu une fois qu’elle franchit le pallier de l’immeuble : droite et fière, elle s’escrima pendant toute sa marche à effacer tous ses problèmes, les laisser loin derrière elle et adopter une attitude professionnelle à souhait. Elle savait d’avance que les enfants qu’elle gardait lui poseraient des questions vis-à-vis de sa non-présence ces derniers temps, et la jeune femme avait déjà construit quelques phrases dans son esprit : ne manquait plus que l’aplomb pour aller avec, le sourire sympathique et tout irait bien. Tout irait bien – avec ou sans la compagnie de sa meilleure amie, sa colocataire, son tout. Son trop. Le monde semblait vide sans elle, et parfois, Soly s’endormait simplement sur le canapé en attendant son arrivée, avant de se souvenir, en se réveillant au milieu de la nuit, qu’elle ne rentrerait pas. Plus jamais. Parce que les circonstances en avaient décidé ainsi, malgré l’impérieux fait qu’elle, elle soit bien incapable de faire face à de telles réalités. Depuis toujours, de toute manière, Soleïane n’était pas le genre de jeune femme apte à s’occuper d’elle-même toute seule, pas franchement indépendante, plutôt maladroite - elle ne savait même pas cuisiner, même pas bien faire le ménage ; de leur duo, elle avait toujours été la joie de vivre, là où son amie s’était toujours occupée de tout ce qui avait trait à la vie réelle, quotidienne et infiniment terre à terre. Les factures, les problèmes avec les voisins, les coups de fil déplaisants à passer, les échanges avec le propriétaire : tout ça, Soly ne s’en était jamais occupée, et maintenant, peu à peu, plus les jours passaient, plus elle se rendait compte qu’elle était seule, infiniment seule pour régler des trucs dont elle ne connaissait même pas le fonctionnement. Et là n’était que la phase purement matérielle du fardeau qu’elle se devait de porter – c’était sans compter ce bourdonnement sourd à ses oreilles, ce sentiment de vide au fond de son cœur, cette impression d’inachevé, culpabilité brûlante. Si brûlante que Soleïane n’avait rien trouvé de mieux à faire que littéralement se couper du monde – se couper des autres ; car eux aussi, un jour, ils finiraient inlassablement par mourir : le destin avait décidé que la jeune Beckenridge serait le genre de personne assez malchanceuse pour voir tous les êtres lui tenant à cœur disparaître peu à peu. Et c’en était trop, déjà trop : paradoxalement, il y avait des êtres dans sa vie qu’elle ne voulait pas perdre, tellement pas qu’elle avait simplement choisi de les chasser, avant qu’ils ne disparaissent. Peut-être était-ce de la fierté, peut-être de la peur. De la stupidité, sans doute. Mais sa bonne conscience s’était éteinte avec sa meilleure amie, et pour les relations humaines, Soleïane n’avait pas non plus toujours été une experte.

Si ce n’est avec les enfants, les jeunes – un monde face auquel elle arrivait plutôt bien à prétendre. Alors que la porte de la grande maison de ses clients s’ouvrait sur elle, Soly avait déjà chassé ses lourds fardeaux pour revêtir le masque de la douce nourrisse à la vie si facile, souriant à toutes dents alors qu’une nouvelle journée commençait. Des quatre enfants de la famille Stein, trois iraient à l’école, tandis qu’elle passerait la journée avec le quatrième – c’était comme ça tous les lundis, comme une habitude gravée jusqu’au plus profond de son être, et ces habitudes-là s’avéraient bien libératrices à son esprit : elle agissait tellement par réflexe qu’elle ne pensait plus à son deuil, ni même à ses regrets. A la surface en tout cas, mais elle ne se donnait pas la peine de gratter plus encore, alors qu’il fallait surveiller qu’aucun des enfants ne marche trop au bord du trottoir, qu’aucun ne soit en retard, qu’aucun ne se perdre, qu’aucun ne se salisse ou ne se fasse mal : avec quatre gamins à gérer, tenir par la main, réprimander s’il le fallait, le temps passait infiniment plus vite, et le naturel revint bien vite au galop pour la jeune femme. Les parents Stein étaient deux êtres qui avaient décidé de mener une vie bien complexe, partagée entre leurs enfants et leurs emplois, bien plus prenants qu’ils ne l’auraient imaginé à une époque, sûrement : au final, contrairement à ce qu’ils pouvaient croire pour alléger leur conscience, ils passaient bien peu de temps avec leurs propres enfants. Soleïane connaissait mieux les petits trucs, les habitudes et les problèmes de chacun que les propres parents de ces enfants, mais elle, elle n’en avait cure. Elle ne les avait jamais jugés, elle ne s’était jamais arrêtée pour analyser comment certaines personnes décidaient de vivre : à vrai dire, c’était toujours mieux que sa façon actuelle de vivre. Elle, pendant toute cette semaine passée, elle avait partagé son temps entre des séances de zappage intensif devant sa télévision, dîners et déjeuners tous moins équilibrés les uns que les autres avec ce qu’il y avait dans le frigo, temps pour pleurer, temps pour simplement ne rien faire. Temps pour désespérer en silence. Temps pour agir bêtement. Définitivement, Soly n’était pas le genre de femme qui pouvait faire des remarques à qui que ce soit sur la vie qu’ils décidaient de mener ; elle, sans des personnes pour encadrer son quotidien, elle vivotait tout simplement, entre parenthèses, entre guillemets, sans sens ni intérêt. Et elle ne voulait pas donner à sa vie un quelconque sens, un intérêt qui lui tiendrait à cœur : car on lui arracherait alors tout ce qui rendrait sa vie si plaisante ; on, le bon dieu, ou la mort, ou le destin, ou la malchance, ou elle ne savait pas quoi, à vrai dire. C’était une longue maladie douloureuse qui lui avait pris sa mère, un bref accident imprévu qui lui avait pris sa meilleure amie. Et demain, ce serait autre chose. Et quelqu’un d’autre. Elle avait déposé les enfants Stein à l’école déjà, que Soleïane emprunta le détour habituel, déviant par le Lincoln Park ; le rituel du lundi, duquel elle ne pouvait pas se défaire, même si elle avait sûrement quelque chose de plus intéressant à faire – ce serait pour plus tard. Restée assise sur un banc à surveiller des enfants n’était sans doute pas ce dont elle avait besoin en ce moment, mais c’était ainsi qu’elle avait pris, il y a quelques temps déjà, la décision de régler comme du papier à musique, son programme de la journée : elle n’en démordrait pas, elle ne voulait pas en démordre, sans quoi, ce serait sûrement le début de la fin. A croire que ce n’était pas déjà le début de la fin, qu’elle n’avait pas déjà fait un pas de trop dans la solitude et le désespoir – la jeune femme ne voulait pas y penser en tout cas, comme si fuir l’évidence retardait l’inévitable. Inévitable ? Ou ce qui s’était déjà passé, à quoi bon ressasser ce sur quoi elle ne pouvait, visiblement, pas revenir ? Pour chasser ces pensées, à peine fut-elle assise sur un des bancs du parc, Soleïane piocha du fond de sa poche son téléphone portable, commençant à pianoter sur celui-ci rapidement : ce n’était qu’un regard distrait qu’elle attardait en ce moment sur son profil sur DOND, sans réellement chercher à en expliquer sa raison. Peut-être parce qu’elle avait poussé sa meilleure amie à s’y inscrire, et qu’elle ne pouvait s’empêcher de construire inlassablement des hypothèses dans sa tête ; ou vouloir fuir tout ce qui pouvait rester d’elle où que ce soit. Dans sa chambre à l’appartement, ou sur ce site, duquel ils n’effaceront sans doute jamais son profil. C’est ainsi qu’elle renvoya bien vite son téléphone dans sa poche, soufflant longuement pour chasser a morosité, la peine qui s’était inscrite sur son visage pour quelques secondes. De loin, elle sourit à Charlie, l’enfant qu’elle surveillait, lui faisant un vague signe de la main – d’ici quelques minutes, le naturel reviendrait vite prendre sa place légitime, et Soly quitterait ce banc pour aller jouer avec l’enfant. Plus tard… Elle n’eut pas la moindre trêve cependant, puisqu’une petite musique reconnaissable entre mille attira l’attention des enfants : un vendeur de glace, sérieusement ? A une heure pareille ?! D’un mouvement rapide, elle jeta un regard à sa montre, se levant sur ses deux jambes dans un réflexe inné – mais déjà Charlie avait disparu avec les autres enfants, courant à toutes jambes à travers le parc : là encore, elle avait le sentiment d’avoir beau répéter des conseils de prudence à ces enfants, ils n’écoutaient définitivement rien. Attrapant vivement ses affaires, elle se lança à la poursuite du gamin. « Charlie, reviens ici ! » Pas le temps de pester, ni de lever les yeux au ciel, Soleïane accéléra l’allure, s’approchant de l’enfant, se devant d’esquiver la plupart des gens qui traversaient le parc au même moment. Et voilà qu’elle allait atteindre le gamin Stein, mais que quelqu’un se mit brusquement à travers son chemin – bousculant légèrement ladite personne (relativement gênante, quand même), Soleïane attrapa d’une poigne sévère le bras du jeune Charlie, se redressant dans un même mouvement. « Désolée, pardon, je… » Elle passait tout juste une main dans ses cheveux, réajustant son sac sur son épaule qu’elle reconnut la personne qu’elle avait indélicatement (et volontairement) poussée, en restant muette. Evidemment. « Eliezer. Hey. » Releva-t-elle, dans un vague politesse, avant de forcer un léger sourire poli sur ses lèvres. Il semblait cependant qu’elle ne lui avait pas fait mal, ni renversé quoique ce soit dessus en le bousculant, mais elle haussa quand même les épaules, faisant un léger signe dans sa direction. « Je suis vraiment désolée. Encore. Mais, disons que les enfants qui n’écoutent pas, c’est jamais facile. » Conclut-elle, dans un prétexte bien nase (comme le reste de ce rp, ndlr), comme si ça pouvait excuser le fait qu’elle bouscule n’importe qui au milieu d’un parc dans la précipitation créée par son incapacité à gérer un seul enfant. Qu’en était-il de quatre, alors ? Généralement, elle était mieux organisée que ça, mais là… c’était compliqué. Plus encore alors qu’elle sentait son cœur battre la chamade au fond de sa poitrine, les mots lui manquer et toute son assurance s’envoler (ou fondre comme neige au soleil, elle ne saurait dire quelle comparaison était la meilleure). Et dire qu’il n’y a pas si longtemps que cela, elle aurait parié qu’il n’était pas le genre d’homme à être amateur de balades au parc.
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Eliezer A. Moriarty
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Eliezer A. Moriarty

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MessageSujet: Re: (+eliezer) i'm a hard soul to save. (+eliezer) i'm a hard soul to save. EmptyLun 27 Mai - 4:37


“ i'm a hard soul to save ”
i've got everything that you want,
like a heart that is oh, so true.
Soleïane and Eliezer
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C'était une journée comme les autres qui venait de commencer alors que le soleil éclairait lentement mais sûrement la chambre d'Eliezer, le tirant d'un sommeil trouvé, difficilement quelques heures plus tôt. Il ne travaillait pas aujourd'hui, c'était bien pour ça qu'il était encore au lit à cette heure matinale où le soleil se décidait enfin à se lever. Habituellement, il serait déjà au travail, en avance comme souvent, ou simplement dans le salon en train d'avaler en silence son petit déjeuné, de préférence loin de sa sœur cadette, parce que c'était plus simple comme ça. Depuis six mois déjà les relations entre les deux derniers enfants Moriarty restant était particulièrement compliquée. Ils se devaient de faire le deuil de leur sœur, sa petite sœur à lui, sa grande sœur à elle. Ils auraient sans doute du traverser cette épreuve en se serrant les coudes, parce que d'habitude, c'est ce qu'ils auraient fait. Ils seraient resté là l'un pour l'autre, envers et contre tout, parce qu'ils s'aimaient d'un amour fraternel qui longtemps avait semblé indestructible. De fil en aiguille pourtant, les choses avaient changées, leur relation s'était dégradée jusqu'à ressembler à ce qu'elle était aujourd'hui. Tout deux étaient constamment murés dans un épais silence et quand ce dernier se brisait – occasionnellement – c'était pour qu'ils se disputent. L'ambiance dans cet appartement était dérangeante, limite stressante alors qu'à une époque, ça avait été un peu comme un havre de paix. La mort d'Evanah avait changé bien des choses, sans doute que ce qu'ils faisaient c'était tout sauf respecter la mémoire de leur sœur. Il le savait, elle le savait, jamais la jeune femme n'aurait souhaité que la famille Moriarty se retrouve ainsi brisée. Jamais elle ne l'aurait imaginé, pas plus qu'il ne l'avait fait avant de se retrouver devant les faits accomplis. Eliezer ne tenait pas Jaime comme coupable de la mort d'Evanah, même si cette dernière avait poussé la défunte à s'inscrire sur ce maudit site qui lui avait coûté la vie. Ce n'était certainement pas pour ça qu'il lui en voulait. Elle n'avait aucun moyen de deviner ce qui allait se passer, elle avait trouvé ça marrant, Evanah aussi et lui, il avait bien souvent parlé dans le vent quand il avait souligné le fait – incontestable – que c'était l'un des sites les plus débiles que la terre ait pu voir naître, et pourtant, des sites débiles il y en avait des tas, en vérité la plupart des sites dits populaires étaient – selon l'avis d'Eliezer – particulièrement débiles. Finalement, même pour un informaticien, il s'accordait à penser que pour se divertir, il était plus sage de prendre un bon bouquin, plutôt que de perdre son temps sur des sites tels que dare or not dare ou autre facebook. Enfin, malheureusement pour lui, ça n'avait jamais été l'avis de ses sœurs, qui elles, avaient préféré le fameux dare or not dare. S'il en voulait à Jaime aujourd'hui ce n'était pas parce qu'elle l'avait poussée à s'inscrire sur ce site, mais bien parce qu'elle avait choisi de travailler pour le site. Il ne savait pas si le salaire en valait la peine, il n'avait jamais eu l'occasion de lui demander, mais le fait été qu'en plus de ruiner son talent pour une organisation qui, de toute évidence, n'en valait pas la peine, elle crachait ouvertement sur la mémoire de leur sœur, plus encore que toutes ses fois où ils se disputaient, pour ce maudit site ou pour n'importe quelle autre raison qui leur passait sous la main. Il détestait ce site, pour des raisons qu'il pensait parfaitement valable et il avait pensé que Jaime partagerait son avis, il s'était trompé de toute évidence puisqu'elle travaillait pour eux aujourd'hui. Il savait que si un jour on lui proposait une promotion chez eux, on pourrait bien le payer des milliards de dollars par mois qu'il refuserait, question de principe. Il n'avait, de toute façon, pas besoin de gagner plusieurs milliards de dollars par mois, financièrement il n'était pas à plaindre du tout et il ne savait pas ce qu'il pourrait bien faire d'une telle fortune. L'argent ne fait pas le bonheur, c'était un principe qui s'appliquait parfaitement bien dans la vie d'Eliezer.

Il détestait vraiment Dare or not dare et pas seulement parce que sa sœur cadette était morte à cause d'un défi débile, pas non plus parce qu'en plus son autre sœur perdait son temps en travaillant pour eux, c'était deux raisons parmi tant d'autres. Une troisième pouvait aisément se résumer grâce à un seul prénom. Soleïane. C'était la folie qui l'avait poussé vers elle, lui qui maudissait suffisamment ce site pour s'inscrire dessus dans le seul but d'observer les paris des autres, essayer de les faire échouer, parce que finalement, il avait appris que ça pouvait sauver des vies. Il l'avait rencontré comme ça la belle Soleïane en la stoppant au beau milieu d'un défi débile. Il l'avait rencontrée grâce à ce site et il l'avait perdue à cause de ce site, elle qui continuait à hanter sa vie et ses songes à longueur de temps, parce que même s'ils s'étaient considérablement embrouillés, il tenait encore à elle. Finalement, s'embrouiller avec les gens, c'était peut-être sa façon à lui de leur prouver qu'il tenait à eux. C'était ce qu'il faisait avec sa sœur, c'était ce qu'il faisait avec Soleïane. Il soupira, encore au fond de son lit. Il fallait qu’il arrive à faire partir la jeune femme de ses pensées, bien que, plus les jours passaient, plus il avait l’impression que c’était impossible. D’autant plus qu’il n’arrêtait pas de passer sur son profil sur ce maudit site. Si elle savait ça, il passerait certainement pour un taré, harceleur et psychopathe comme on en trouvait de plus en plus sur internet aux États-Unis. Heureusement, il n’était pas encore le genre de personne qu’on pouvait mettre dans cette catégorie. Cependant, il ne pu s’empêcher d’attraper son portable pour passer sur le site, sur son profil à elle, parce que le sien n’avait aucun intérêt. Il vérifiait toujours les défis qu’on proposait à la jeune femme. Sans doute qu’il n’interviendrait plus pour l’empêcher de les réaliser, il n’avait pas envie de l’énerver un peu plus, enfin, c’était juste histoire de voir, parce qu’il n’avait définitivement pas envie qu’elle finisse de la même façon que sa sœur cadette. Après avoir fait un tour rapide sur le site il balança son portable un peu plus loin dans son lit. Déjà, elle était vivante, son profil avait été actualisé récemment, c’était déjà ça. Dans un élan de courage enfin trouvé, il quitta le confort de son lit pour s’adonner aux rituels du matin, à savoir douche, café et petit déjeuné. Jaime était apparemment partie au travail et c’était très bien comme ça, même si son job était vraiment pourris, ça lui éviterait d’avoir à l’affronter un matin de plus. Après toute une série de soupires il décida de faire un peu de ménage dans l’appartement, il ne travaillait pas et ça l’aiderait peut-être à penser à autre chose qu’à Soleïane, qu’à Jaime où qu’à Evanah, que cette maudite porte ne cessait de ramener dans ses pensées. Un jour il s’occuperait de sa chambre. Un jour, il prendrait son courage à deux mains et il viderait cette chambre. Pour l’instant, la porte était simplement fermée, encore et toujours comme pour cacher tous les souvenirs qui pouvaient autrefois émaner de la chambre de sa cadette. Ils n’osaient que trop peu rentrer dans cette pièce, c’était trop difficile. Elle n’était morte que depuis six mois, la blessure qu’elle avait laissé dans leurs cœurs était encore béante, elle n’avait pas assez cicatrisée pour qu’ils puissent s’occuper de cette maudite chambre. Il ne savait pas si c’était mieux ainsi, après tout, ça faisait un peu comme s’ils essayaient de la garder intacte, dans l’espoir qu’un jour, Evanah revienne et retourne dans sa chambre, laissée telle qu’elle. C’était parfaitement idiot. Jamais elle ne reviendrait, elle reposait à présent six pieds sous terre dans un cimetière de Chicago. Une réalité dont il avait conscience mais qu’il essayait bien souvent d’oublier. Il n’y avait pourtant rien à faire, ça finissait toujours par revenir.

Son ménage fini, il devait encore trouvé quelque chose à faire pour s’occuper l’esprit. Il détestait les journées de congés. Il devrait songer à les refuser. Se noyer dans son boulot, ça lui permettrait de vraiment penser à autre chose, ça ne pourrait vraiment pas lui faire de mal. Au contraire, il avait presque l’impression que ça pourrait lui sauver la vie. Assis sur le divan, un magasine en main, il ne faisait rien de très constructif et ce n’était même pas la peine d’allumer la télé, il savait d’ores et déjà qu’il n’y aurait rien d’intéressant à regarder. Il n’y avait jamais – ou presque jamais – rien d’intéressant à la télé. Dans un énième soupire depuis qu’il était sorti de son lit, il se leva pour attraper son sac contenant ses affaires, ordinateur et tablette, très importants dans sa vie, puis il quitta l’appartement. Il se faisait définitivement du mal à rester là dedans. Il avait bien souvent pensé à déménager, mais même si sa relation avec sa sœur était au point mort, il n’avait pas l’intention de la laisser tomber, surtout pas dans cet appartement, sans doute trop grand pour une personne vivant seule et surtout, carrément hantée par le fantôme de leur sœur. Il quitta rapidement l’immeuble, laissant sa voiture là où il l’avait laissée la veille, il s’en fichait bien de sa voiture, il voulait se dégourdir les pieds et allait bouquiner quelque part au fond d’un parc. C’était la raison pour laquelle il avait embarqué avec lui sa tablette, objet béni selon lui. Légère, elle contenait pourtant presque le même nombre de bouquin que la bibliothèque qu’il avait dans sa chambre. Cette tablette était définitivement l’une des choses les plus pratiques qu’il possédait. Il arriva rapidement au parc situé non loin de son immeuble et commença à le traverser d’un pas presque motivé quand il se sentit soudainement arrêté dans sa marche. Il lui fallu – malheureusement – peu de temps pour reconnaitre la personne qui s’était presque jeté en travers de sa route, dans le but – apparemment – de rattraper un petit garçon. Soleïane. Celle qu’il essayait de faire sortir de ses pensées jour après jour, mais celle qui y revenait toujours d’une façon ou d’une autre. Ce n’était pas en la croisant à nouveau au beau milieu d’un parc qu’il allait réussir à l’oublier. Ce n’était pas non plus en vérifiant plusieurs fois son profil sur l’autre site débile qu’il y arriverait cela dit. Enfin, c’était quand même une belle idée de merde que celle d’aller bouquiner dans un parc. Il aurait pu aller dans un café tiens. C’était bien aussi les cafés en plus il était sûr de ne pas avoir eu sa dose de caféine quotidienne. Pourquoi le parc vraiment ? Il pinça les lèvres avant de hausser légèrement les épaules. « Y a pas de mal, je pense que je m’en remettrais. » Il ne pensait pas, il en était sûr, de toute évidence, c’était déjà oublié cette bousculade. Il avait une soudaine envie de juste disparaitre et pourtant, il était incapable de faire un pas pour s’en aller, trop occupé à observer la jeune femme, presque comme s’il ne l’avait pas vu depuis des années. S’en rendant compte, il détourna le regard pour regarder le garçon qu’elle tenait par le poignet, un léger sourire sur les lèvres. « Je pense bien oui. Et puis les marchands de glaces, ça ne doit pas beaucoup aider. » Il n’en savait rien, les enfants c’était un domaine qu’il ne maitrisait pas vraiment et ça faisait des années que lui, n’en était plus un – quoi qu’on puisse parfois en douter. Disons que c’était juste histoire de dire quelque chose, parce qu’il savait que c’était le moment de dire quelque chose et que finalement un ‘ça va depuis la dernière fois ?’ semblait quelque peu inutile. Il n’avait pas franchement l’habitude de se retrouver à ne pas savoir quoi dire. La revoir ici, dans le plus grand des hasards, ça le mettait définitivement dans l’embarras.
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