On disait souvent qu’il y avait des journées pendant lesquelles il était plus sage de rester au lit. C’était quelque chose que Jorah connaissait particulièrement bien. Il ne faisait pas un métier de tout repos – si tant est qu’un boulot puisse vraiment être reposant. Il y avait des journées qu’il pouvait passer au bureau à remplir de la paperasse et finalement s’ennuyer un peu, d’autres pendant lesquelles il crapahuter à travers la ville sans s’arrêter. Des fois, il ne savait pas ce qu’il préférait. Ce matin en se levant, Jorah ne saurait dire vers quel type de journée il allait, mais il avait cette sensation ancrée au fond des tripes, que c’était le genre de journée qu’il aurait mieux fait de passer au lit. Il y avait des petits détails qui ne trompaient pas, comme le réveil qui oublie de sonner, plus d’eau chaude dans la salle de bain et la maudite cafetière qui était vide. Tant d’éléments en ce début de journée qui le laissait deviner que cette journée allait définitivement être bien pourrie. Il aurait certainement du retourner se coucher à ce moment là, quand il avait réalisé que le monde avait décidé d’être contre lui aujourd’hui. Pourtant il n’en fit rien. Il était assidu au travail, il tenait à son poste et n’avait pas envie de le prendre à cause des pressentiments qui – finalement trop souvent – lui donnaient envie de rester au lit au lieu d’affronter une nouvelle journée. Il se souvenait bien du jour où il avait trouvé son ex-femme avec un de ses collègues, ça avait été une mauvaise journée et il l’avait senti en se levant, il avait vu que ça allait craindre et arrivé au terme de cette journée, il avait vu sa femme au lit avec un autre homme. Le genre de trucs qui craignait un max. il y avait eu aussi ce jour où son ex-femme l’avait appelé en urgence parce que madame était censée partir en vacances avec son nouveau mec et leur fille mais que le petite avait eu la varicelle, un jour où il aurait du rester au lit plutôt que de se lever pour répondre au téléphone. Une semaine qu’il avait passé avec sa fille – en principe il adorait – qui n’arrêtait pas de râler et qui était intenable à cause des boutons qui la démangeait. Il avait eu cette même sensation au fond des tripes en se levant le matin, quand il avait finalement fini par découvrir que Lilween était mariée et qu’elle s’était bien foutu de sa tronche et qu’au passage il avait fini par coucher avec l’x-fiancée de son frère. Que des journées de merde en somme. Il sentait au plus profond de lui que cette journée allait craindre et pourtant, après avoir laissé échapper un long soupire – comme pour chercher au plus profond de lui-même la motivation – il quitta finalement son appartement, se demandant même s’il finirait par rentrer le soir. Il aurait peut-être du laisser un dernier mot à Leace, un adieu ou un testament, une dernière confession peut-être. Quoi que c’était une mauvaise idée puisque s’il survivait à cette journée et ayant laissé un ‘Au fait, j’ai couché avec ta nana. Bises, ton frangin’ c’était Leace qui risquait de le tuer. Ainsi, son pressentiment aurait été justifié au final. Enfin, il ne laissa rien du tout se contentant de se rendre au travail en ignorant autant que possible cette maudite sensation qu’il avait au fond du bide. Il s’arrêta au café avoisinant le commissariat histoire d’avoir quand même eu un café pour affronter la journée, ça réglait un des problèmes auquel il avait été confronté ce matin au réveil. C’était déjà ça. De toute façon, une journée qui commence sans café, c’est forcément une mauvaise journée alors heureusement qu’il avait quand même réussi à s’en procurer sans quoi, il aurait été particulièrement irritable, carrément insupportable et certainement pas apte à affronter de façon positive cette journée de travail qui, à en juger la paperasse sur son bureau allait être particulièrement chiante, il espérait définitivement qu’on l’enverrait accomplir quelque chose de plus intéressant et plus utile que de s’occuper de toute cette paperasse qui semblait l’ennuyer avant même qu’il n’ait eu l’occasion de mettre le nez dedans.
La journée se passa pourtant plus ou moins dans ses conditions, il ne quitta son bureau que pour des affaires sans intérêt, qui lui permettait au moins de se dégourdir les jambes. Finalement, la journée était assez tranquille à Chicago. C’était mieux ainsi finalement, après tout ce n’était pas parce qu’il s’ennuyait – ou parce qu’il avait décidé en se levant le matin que la journée allait être pourrie – qu’il allait se mettre à espérer qu’un meurtre soit commis. Chicago était une ville possédant un fort taux de criminalité, mieux valait éviter d’espérer que ça s’aggrave. Plus de cinq cent homicides au cours de l’année précédente, ça faisait quand même en moyenne un meurtre par jour, alors les jours calmes étaient définitivement bienvenues au final. Au moins, avec les papiers, il ne risquait pas sa vie, il pourrait rentrer en vie ce soir. Il avait bien fait de ne pas laisser de dernier mot à Leace du coup. Pourtant contre toute attente, alors que sa journée était presque terminée et qu’il s’imaginait déjà, rentrer chez lui, essayer de prendre une douche qui cette fois serait bien chaude et agréable, avant de se vautrer sur le canapé pour regarder la télé, certainement en compagnie de Leace puisque le canapé lui appartenait ces derniers temps, on signala des coups de feu dans un coin mal réputé de la ville. Il aurait du rentrer chez lui et au lieu de ça, il se rendit sur place, un cambriolage qui avait mal tourné apparemment. Là par contre, il aurait préféré qu’on le laisse avec sa paperasse. Ça retardait inéluctablement son retour chez lui. Il avait pourtant bien envie que cette journée se termine, parce qu’elle avait mal commencé mais que demain serait certainement un jour meilleur, du moins, il l’espérait. Enfin, vu comment il avait la poisse en ce moment, il devait quand même éviter de trop espérer, il finirait par être déçu de toute façon. Heureusement – ou pas d’ailleurs – leur apprenti cambrioleur était jeune et pas forcément des plus doués, il avait descendu un homme en laissant plein de preuve derrière lui, il ne fut pas bien difficile à retrouver. Jorah se demandait quand même c’était quoi cette mode de cambrioler les petites épiceries, après tout le contenu de la caisse ne devait pas être énorme, même pas suffisant pour que lui, il puisse payer son loyer avec, enfin, sûrement qu’elles étaient plus faciles à cambrioler que les trucs ayant un peu plus de gueule, il n’empêchait qu’elles étaient souvent équipées de caméra de surveillance que les cambrioleurs avaient trop souvent tendance à oublier. Enfin, tant mieux pour les forces de police. Rapidement, ils avaient remis la main sur leur gars et ils auraient presque pu l’arrêter sans le moindre souci si ce dernier n’avait pas été armé. C’était une journée de merde, il l’avait su au moment où il était sorti de son lit et maintenant qu’il se retrouvait avec une balle nichée dans le bras, il en était définitivement sûr. Ce n’était clairement pas son jour de chance.
Il avait juste voulu rentrer chez lui et voilà qu’il s’était retrouvé au beau milieu des urgences. Il détestait les urgences, comme beaucoup de monde sans doute, cet endroit l’insupportait. Il détestait les hôpitaux en général. Certes, on pouvait aisément se dire que ce n’était pas qu’un lieu où les gens finissaient par crever, après tout, sa fille était née dans cet hôpital et ça avait été le plus beau jour de sa vie. Mais quand même. Il s’était rendu à l’hôpital juste une fois dans sa vie pour connaitre un évènement heureux. Le reste du temps, c’était parce qu’un mec était à moitié mort et qu’il devait retrouver qui avait fait ça, parce que machin qu’il connaissait était malade, ou parce que sa fille c’était cassé quelque chose ou encore parce qu’un de ses collègues avait été blessé. Un de ses collègues ou lui de toute évidence. Forcément, les urgences, c’était le pire endroit dans l’hôpital. C’était toujours blindé et il fallait être à l’article de la mort pour avoir rapidement un médecin. Forcément, l’autre nase tirait suffisamment mal pour que sa vie ne soit pas menacée, ça faisait un mal de chien, ça saignait, mais tout allait bien à part ça. Il devrait sans réjouir, parce que c’était mieux que d’être à deux doigts de passer l’arme à gauche, mais ça voulait aussi dire qu’on l’avait laissé dans son coin en attendant que quelqu’un puisse venir retirer cette balle et recoudre sa plaie. Il était sûr que ça prenait dix minutes grand maximum et apparemment il n’y avait personne qui avait dix minutes à perdre pour lui. Heureusement on lui avait au moins filé de quoi arrêter la douleur, c’était ça. Dans un soupire il attrapa son téléphone histoire de prévenir son frère, galérant quand même à envoyer un texto avec une seule main. ‘M’attends pas ce soir, je suis aux urgences’. Message qui aurait sans doute mérité un ‘mais ça va, t’inquiètes pas’ qu’il zappa de toute évidence. Assez agacé et n’ayant pas le courage d’écrire d’avantage. Il déposa ensuite son portable sur le meuble à côté de lui, en silencieux évidemment puisque les portables étaient censés être interdits dans la pièce. Allongé sur le pseudo lit où on l’avait laissé, il laissa échapper un soupire, avant de regarder autour de lui, puisque le monde s’agitant autour de lui semblait être plus passionnant que le plafond de la pièce, qui était juste blanc. Il voulait vraiment sortir de là, il devait être là depuis à peine une dizaine de minutes qu’il en avait déjà marre. Son collègue l’avait laissé tomber en plus. Génial. La loyauté de nos jours, il était bien placé pour savoir qu’elle ne valait plus grand-chose, parce que sa femme l’avait trompé, parce que la copine de son frère s’était barrée pour un pari débile et parce que lui il s’était fait avoir par une nana à cause d’un pari débile. Forcément, compter sur les autres, ce n’était pas la meilleure chose à faire. Sans doute qu’il fallait qu’il arrête de râler contre tout et n’importe quoi, en son fort intérieur, parce que finalement ça n’avait pas d’intérêt et il fallait bien avouer que ça ne changeait rien à la situation. Si ce n’est que ça l’énervait considérablement. Il tourna la tête vers son portable alors que l’écran venait de s’allumer, mais, légèrement ralenti il n’eu pas le temps de l’attraper avant que l’appel en cours ne s’achève. Il regarda quand même qui venait de l’appeler. Leace, forcément. Il aurait du rappeler. C’était ce qu’il avait l’intention de faire, oubliant légèrement qu’il s’était fait tiré dans le bras droit, qu’il était droitier et que son bras était trop douloureux pour qu’il puisse tenir son portable plus que quinze seconde avant de le lâcher. Il termina par terre bien entendu et alors qu’il se redressa dans le but de se lever pour ramasser l’objet, il remarqua une silhouette à quelques pas de là. Lilween. Qu’est-ce qu’elle foutait dans cet hôpital à cette heure là. C’étaut sans doute le hasard parce qu’elle n’était certainement pas la personne à appeler en cas d’urgence dans son dossier médical. Il ne savait même pas qui était cette personne, peut-être sa mère ou son ex-femme, parce qu’il n’avait jamais fait changer ça, du coup il y avait plus de chance que ce soit sa mère, puisque s’il n’avait pas pensé à changer au moment de son divorce, il n’avait pas du non plus y penser quand il s’était marié. Enfin ça va, il n’était pas mourant et il était majeur et vacciné, l’hôpital n’avait pas besoin d’appeler qui que ce soir. Cette interrogation soudaine ne répondait pas à la précédente, qu’est-ce que Lilween pouvait bien faire ici. Il l’a fixa sans doute trop longtemps plus qu’il ne l’aurait du. Il fini par ignorer son portable encore sur le sol pour se rallonger, comme si ça pourrait éviter qu’elle ne le remarque, mais il était déjà trop tard, elle venait vers elle. Il pouvait vraiment le dire maintenant, c’était une sacrée journée de merde et à en juger l’horloge qui indiquait neuf heures et quelques, demain n’arriverait que dans quelques heures.
Lilween J. Eaton
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Sujet: Re: ❝ one night is not enough ❞ (ft.lilween) Mer 29 Mai - 13:31
you knew my name and lords knows it will never sound the same again.
❥ you’ve taken from me everything i deserve, how i needed you