« Bonjour, je suis Maria Gaudi, je vais vous suivre toute la journée pour montrer à nos lecteurs la journée type d’une joueuse professionnelle de hockey. » Le sourire de la brune, Anouk à envie de l’effacer vite fait bien fait en enfonçant sa tête contre le mur, de préférence. Mais c’est tout à fait plus poliment qu’elle s’y prend. Ou presque. « Non mais vous vous foutez de moi ? Vous avez vu l’heure bon dieu ? Il est six heures et quart ! Six, heures, quinze ! Revenez dans deux heures. » C’est sur le visage un peu plus pale de la journaliste qu’Anouk claque la porte et retourne se coucher. Pourquoi avait-il fallu qu’elle perde ce stupide pari et que ce soit elle qui se tape la journaliste ? Le monde est cruel. Enfin, pierre papier ciseau l’est. Lorsque la journaliste revient, Anouk sent bien qu’elle est déjà un peu moins enthousiaste. C’est seulement la voix de son coach résonnant dans son crâne qui empêche Anouk d’enfoncer le clou. Sois gentille, sois gentille qu’elle se répète comme un mantra. « Désolé pour tout à l’heure, je ne suis pas vraiment du matin. » Elle n’est pas vraiment de six heures du matin en tout cas. Mais qui l’est ? Maria secoue la tête et ajoute que ce n’est rien mais lui tend tout de même un café et un croissant en guise d’excuse. Ce qui marche parfaitement puisqu’Anouk lui offre un grand sourire et la remercie avant d’engloutir le tout en un temps record.

Dans la voiture, la conduite d’Anouk déjà particulièrement approximative se voit encore plus dangereuse par les notes que prend Maria à côté d’elle. Sans vraiment lui vouloir, Anouk s’est retrouvée à lui raconter toute sa vie, limite de a à z et la voir griffonner sur son cahier lui tord légèrement les entrailles. Elle aimerait autant ne pas lire sa vie dans un magasine, la vivre est déjà bien assez. « Attention. » Anouk pile violemment et regarde, le cœur battant, passer un adolescent nu comme un ver traverser la rue en courant. Il n’y a pas de doutes, c’est probablement encore un de ces défis qui font fureur. Inutile de dire que ce mec est complètement timbré, parfaitement givré et irrémédiablement stupide. « Et ce site, vous êtes pour ou contre ? » Maria, encore. Cette femme n’est donc jamais à court de question ? « Pour. Mais quand je vois ça, ça me donne envie de voter non. » Anouk pense à son cousin qui a perdu sa femme à cause de ce site, à tous les fous qui prennent cela tellement au sérieux qu’ils sont prêts à risquer leurs vies. Elle veut bien manger une cuillère de moutarde mais courir nue entre les voitures dans un grand carrefour ? Impossible. Pour elle, ce sont juste les suicidaires passifs qui ont enfin trouvé une raison de passer à l’acte. « Oui… » Enfin, le silence se fait et toutes les deux plongées dans leurs pensées, elles arrivent à la patinoire pour l’entrainement.

« C’était exceptionnel. Vous allez bien ? » Encore une fois, Anouk pense que la tête de Maria ferait une jolie décoration emplâtrée contre le mur. Bien sur qu’elle va bien, ce n’est qu’une chute, un bleu de plus. Cela fait longtemps qu’Anouk a cessé de les compter. Pourtant, elle boite légèrement lorsqu’elles quittent toutes deux l’enceinte de la patinoire pour rejoindre les autres dans un bar branché de la ville. Pour quelques heures, Anouk se dit qu’elle va pouvoir souffler un peu et laisser Maria interrogé ses équipières. Ce qu’elle n’avait pas escompté, c’est que Maria la suivrait encore sur le chemin du retour et la raccompagne devant sa porte à une heure du matin. Elle était en train de déverrouiller son appart lorsqu’elle est apparut derrière elle. Son reflexe premier a été de coincer ses clés dans son poing pour frapper l’intrus avant de se rendre compte que c’était Maria. Son deuxième réflexe a donc été de s’assurer que ses clés étaient bien en place puisque c’était Maria. « Il est plus de minuit, Cendrillon s’est transformé en citrouille là. » Elle n’est pas d’humeur Anouk, elle aimerait simplement s’affaler sur son lit, regarder les infos et dormir. « Je ne suis pas là pour le boulot. » Et sans qu’elle ne le voie venir, Maria s’approche et l’embrasse, laissant Anouk sans voix. Exploit particulièrement important lorsque l’on connait la jeune femme. Et finalement, c’est avec une activité beaucoup moins reposante qu’elle a terminé sa journée. Et voila ce qu’est une journée en compagnie d’Anouk Boergas, qu’elle pense juste avant de sombrer.