L'âge de comprendre doit avoisiner les neuf ou les dix ans étant donné que c'est à cet âge que la mère de Samaël entreprit de lui expliquer la fin tragique d'un père cardiaque, décédé avant que son enfant tant attendu soit mis au monde. Une nouvelle qui eu l'effet d'une bombe sur le jeune garçon qui se replia sur lui-même durant quelques années où la communication avec sa mère n'était que constituée de difficultés. Arrêtant l'école après la Terminale et un premier échec au Bac, le Warrens se fit engager dans un bar côté de Chicago, cet emploi lui avait permis de prendre son envol de l'appart' de sa mère et il vit maintenant dans un studio qu'il partage souvent avec une squatteuse répondant au nom de Mackenzy-Lùla Stanford, étudiante brillante, dôté d'un charme fou. Samaël jongle entre sa squatteuse préférée et diverses conquêtes qu'il prend, qu'il jette, au grès de son humeur. Un style de vie qui lui convient, un quotidien qui manquait cependant de piment. Du moins, c'était le cas avant DOND.


nouveau message, reçu aujourd'hui à 11:51. « Samaël, c'est maman. Je pars pour deux mois à New-York pour le business, je t'ai laissé de l'argent sur la table à la maison, pense à mes plantes et prend soin de toi, ily. » Il ne savait pas vraiment ce qui était le plus outrant. Que sa mère le prévienne à la dernière minute de son absence une énième fois ou le fait qu'elle connaisse l'abréviation ily. Bref. Il leva les yeux au ciel et entra dans le bar où il prenait son service dans quelques minutes. « encore en retard Warrens, je pourrais te virer t'sais » « vous pouvez. mais vous perdriez les trois quarts de votre clientèle féminine qui ne vient que pour moi » « cesse de dire des conneries, tu pourras plus passer la porte d'entrée si ta belle gueule enfle autant, va bosser. » Un rictus se dessinait sur ses lèvres. Toujours aussi prétentieux ? Ouais, une sorte de marque de fabrique. Une fois derrière le comptoir, il servait deux/trois clients accoudés au bar et s'accorda une pause. La pause durait dix minutes. Il avait donc dix minutes pour consulter FB, Twitter, envoyer un message à Mack', téléphoner à sa mère pour lui dire qu'il avait bien eu son message et l'incendier de prévenir à la dernière minute et enfin, le plus important, se connecter sur DOND pour savoir si on lui avait ou non, envoyer de nouveaux défis à relever.


« vous êtes sournois monsieur Warrens » « et vous, une déesse mademoiselle Stanford ». Accoudés à un comptoir de bar, s'envoyant des piques par intermittence, ces deux-là n'en finissaient plus de se tourner autour, et ça durait depuis des années. Samaël n'avait d'yeux que pour Mackenzy-Lùla, il était persuadé qu'elle lui était destinée, sans jamais avoir eu le cran et l'audace de l'avouer. « je te hais » « menteuse » « comment tu peux savoir si je mens » « je le sais, c'est tout. tu ne pourrais pas te passer de moi » « c'est bien ça le problème Warrens » Pourquoi fallait-il qu'il soit constamment en train de la défier ? Oh attendez. « Dare or not dare », la voilà la réponse. Depuis que Samaël avait découvert l'existence de ce site, par Mackenzy-Lùla d'ailleurs, il n'avait pas de cesse de mener à bien absolument tout les défis qu'on pouvait lui proposer. Etrangement, ceux-ci mettaient souvent à l'épreuve sa relation avec Mackenzy-Lùla. « cap ou pas cap d'arrêter de lui parler pendant une semaine ? » « cap ou pas cap de lui poser un lapin au prochain rendez-vous que vous fixerez ? » « cap ou pas cap de draguer une autre fille sous ses yeux ? ». La réponse était simple : il était cap. Capable de tout, au risque de faire souffrir sa belle Mackenzy, pourtant, il tombe petit à petit amoureux, mais ne peut s'empêcher de mener à bien ses défis, tel un accro au crack ou à la dope, il ne peut décrocher de ce site qui rend sa vie plus palpitante. Peu importe ce qu'il fait, son égo est assez démesuré pour penser que sa belle reviendra toujours vers lui, peu importe ses conneries. Il ne se doute pas une seule seconde qu'elle puisse en avoir marre et décider de ne plus le revoir, il est persuadé qu'elle est aussi accro à lui qu'il ne l'est à ce site, et il a surement raison.