La musique résonne de longs gémissements traversant les murs de cette demeure si grande, si triste. Désespoir que la pluie porte en son sein, cette jeune fille ses cheveux noirs longues ailes de corbeaux marche de son pas rapide sonnant des carillons de souffrance, fière et droite. Elle regarde le paysage de ses yeux bleus, deux grands océans les vagues puissantes écrasant les plus ardus, elle observe ces grands arbres leurs branches déployés, elle sourit alors esquisse de tentation. Son corps élancé elle est prête à courir comme l’étalon le long d’une plage de sable blanc caressant doucement ses pieds. Fuir encore ce lieu morbide de tristesse resplendissant, éblouissant le long des couloirs impersonnel, pas de parent, pas de sécurité le long de son chemin. Seule parmi les loups carnassiers de souffrance, elle ignore jeune fleure détruite, née perdue dans un horizon lointain. Toujours droite et fière, elle n'aura rien vécu cette pousse, ce pot de fleur, ce bourgeon encore jeune. Quelques bêtises commises dans des dédales sombres, quelques délits mineurs faits d'une insouciance grandissante et cette adrénaline découverte sur une page web ouverte, découverte dans un sursaut d'excitation mêlée de frayeur. Que de cassures ! Elle court alors que la musique symphonie vermeille court entre les stries du destin funèbre. Elle ne possède rien qu'un journal déchiré, usé par les aiguilles d'horloge se pourchassant sans cesse. Le stylo glisse sur la page satiné, blancheur immaculée. Vivre peut-être, mais vivre dans la souffrance, la peine accumulée durant des années de labeur à chercher ceux qui lui ont offert la vie dans un drap de coton râpeux, à voguer entre les vagues puissance des Dieux, à verser ces joyaux de désespoir sur le béton, sur les dalles des rues malfamées. Amoureuse plusieurs fois, trahies plusieurs fois, elle se relève ses genoux cognant sur la terre fertile. Elle donnait son cœur cadeau majestueux aux hommes barbares illusions délusoires de bonheur, elle donnait sa confiance douce lys innocente, sage et rêvant du soleil chaleureux. Elle ne songe plus de couleurs printanières, elle ne songe plus de merveilleuses robes blanches, famille épanouie... Elle ne songe plus de la vie utopique longuement imaginée assise sur un banc d'osier dans un parc verdoyant. Elle croque les moments, elle vole l'excitation des délits, elle rit, pleure, hurle ! Cahiers posés sur des bureaux miteux, les orphelins partaient quelques fois chanter et roucouler dans l'herbe fraiche de la campagne finement coupée. Des verres remplis de jus d'ananas, des éclats de rire et des jeux de mains d'enfant pureté inaccessible. Elle se surprenait à aimer ces instants partagés de candeur heureuse, elle s'étonnait de sentir là, en son cœur meurtri par la perte de parents un peu de joie. Le travail également, lunette sur son nez délicat et la rage de vaincre ces camarades trop hautains, étudiant dès le lever de l'aurore et la fin du jour. Résultat propice à des études secondaires alors, en quête d'une rédemption, d'une gloire presque acquise ; Magdalena prend ce qui l'intéresse. Etude d'art, expression personnelle de sa rage intérieur, elle sourit enfin à la vie. Sourire ironique bien entendu à cette incarnation redoutable arme de malheur sur cette planète. Des enfants par millier meurent de faim, abandonnés de famille, seuls. Magdalena n'a certes rien vécu si ce n'est cette injustice divine de voir ces silhouettes parcourir main dans la main le bonheur d'une famille réuni. Seule sur son chemin, l'espoir l'a fait vivre..