Il vient souvent par ici, c'est l'un des quartiers où il se ballade le plus. Pas que ses tendances sexuelles soient similaires à celles des grecques, ça dépend du nombre de verre qu'il a bu, mais il trouve l'ambiance ici particulièrement bonne, et les bars sont toujours bien remplis. Il y en a un en particulier qu'il aime bien et où il va souvent. D'ailleurs ce soir il a décidé de s'y installer. Il a envoyé un message à Drizzle pour lui dire qu'il y serait, sans l'inviter, mais elle comprend que ça implique qu'il aimerait qu'elle vienne et il ne sait pas si elle daignera lui accorder sa présence, si ce n'est pas le cas il se passera d'elle. Il pourrait sans doute trouver une autre jolie fille avec qui passer la soirée. Voir la nuit.
Orion entre dans le bar, il est aux alentours de 22h, il a fini de travailler pour aujourd'hui et il a eu le temps de rentrer chez lui pour se doucher et diner avant de venir. Il regarde autour, des fois qu'elle serait déjà là, mais il ne l'aperçoit pas. Il n'y a pas beaucoup de filles ici ce soir. Il va au comptoir et commande une pinte de bière avant d'aller se trouver une table dans le fond, c'est toujours ici qu'il se met. Il a déjà emmené Drizzle ici, quand ils étaient au lycée. Mais à ce temps là ils ne pouvaient pas consommer d'alcool car ils étaient mineurs alors il lui offrait un verre de jus de fruit ou de coca selon ce qu'elle voulait. Maintenant tout est différent. Surtout elle. Et lui.
Il boit sa bière et il réfléchit. Combien de temps devrait-il l'attendre avant de laisser tomber? Une heure ? Deux ? La connaissant, elle peut débarquer à n'importe quel moment. Elle peut aussi ne tout simplement pas venir. Il ne sait pas pourquoi il lui a envoyé ce message, il sait que si elle vient, son coeur va se serrer au moment où il la verra, il sait que le son de sa voix va faire remuer tout ce qu'il a en lui, lui donner la nausée, tout ça.. Et pourtant au fond de lui il ne peut s'empêcher d'avoir envie de la voir. Il veut la surveiller, il veut garder une certaine emprise sur elle. Il sait que ce sera difficile, mais au fond il se dit que s'ils se voient toujours, si elle est toujours là, c'est sûrement que tout n'est peut être pas entièrement fini. Il aimerait qu'elle arrête tout ça, qu'elle lui dise qu'elle en a marre d'avoir mal et de lui faire du mal et que ça suffit, qu'ils stoppent, qu'ils redeviennent comme avant. Il sait qu'elle sera trop fier pour le faire un jour mais il ne peut s'empêcher de penser qu'un jour, si elle l'aime vraiment, elle le fera. Parce qu'il lui a déjà dit qu'il l'aimait et qu'il s'est pris l'humiliation la plus monumentale possible, et qu'il ne retentera jamais, sauf si elle.. Sauf si Drizzle lui répond un jour.
Et il est dans ce bar, il écoute distraitement la conversation à la table d'à côté tout en buvant sa bière, deux types parlent d'économie, de la bourse, de la crise, et il lâche vite parce qu'il n'a jamais rien compris à tout ça. Il aurait bien aimé pourtant, dommage qu'il ait arrêté ses études comme ça.. Mais ça ne l'intéresse pas tant que ça l'économie, il sait que les temps sont durs pour tout le monde. Et il termine son verre, alors il se lève, il va en chercher une autre et il retrouve sa place. Orion Reinhardt attend. Il attend patiemment, silencieux, le regard posé sur la porte d'entrée du bar.

Tous ses muscles se tendent brutalement lorsqu'il entend le son de sa voix derrière lui, elle est là, penchée sur lui et son souffle le glace un instant, la surprise... Il n'écoute pas vraiment ce qu'elle lui dit, elle le contourne, s'asseoit en face de lui et tout se bouscule dans sa tête. Elle est là. Alors d'un coup c'est tout le contraire qui se passe, et il chauffe, il bouillonne. De fierté, de satisfaction.. Toutes ces choses là, parce qu'elle est là, qu'elle est venue, et qu'en plus. Elle s'est apprêtée et qu'elle est belle. Pour lui. Orion la suit des yeux alors qu'elle attrape délicatement sa pinte pour en boire une gorgée et il retient tout sourire, toute démonstration alors qu'elle pétille d'une bonne humeur à moitié hypocrite, à moitié fausse.. Mais presque tellement surjouée qu'elle semble cachée au fond, une réelle satisfaction d'être là. Il la connait et elle ne serait pas là si elle n'en avait pas envie. Elle a beau être têtue, elle est trop fougueuse, trop passionnée, pour ne pas écouter ses désirs et réfléchir avec sa tête. Elle y arrive parfois, c'est dans ces moments qu'il la déteste, parce qu'au début c'était bien son côté émotif qui lui avait plus, même si elle ne montrait rien. Ça débordait toujours. Et voila longtemps qu'ils ne sont plus dans la mesure et qu'ils sont passés du côté des excès. D'abord l'excès d'amour, puis de haine... « Je savais que tu viendrais. » annonce-t-il fièrement, ne laissant paraître aucun doute, aucune faille sur son visage pour ne pas lui faire deviner que deux minutes plus tôt, il se demandait encore si elle aurait le cran de venir. «Tu te souviens quand on venait ici... Le barman nous proposait toujours des diabolos avec des sirops bizarres. » lui rappelle-t-il en balayant le bar des yeux. Orion se souvient bien de cette époque. Il peut encore se voir avec elle au comptoir, entrain de goûter des sirops étranges mélangés à de la limonade. Il pose les yeux sur elle et lui adresse un sourire. Il est anormalement calme, mais puisqu'elle a commencé sur le ton de la légèreté, autant continuer. « Comment tu vas ? » lui demande-t-il alors. C'est une question qu'il lui a rarement posé, comme s'il avait toujours su la réponse, mais il veut voir ce qu'elle va lui dire et si elle va lui mentir.

Je crois que je ne comprendrais jamais ce qui a pu se passer. Tout était bien entre nous et puis il y a eu un truc qui a fait que tout s'est brisé, comme ça.. En quelques secondes j'avais littéralement perdu le contrôle de notre relation, de Drizzle... De moi même. J'essaye parfois de lui trouver des excuses ou de me dire que si on est toujours là après trois ans c'est qu'il y a peut être toujours une chance que ça change, c'est comme si dans tout ce mal être, je ne peux m'empêcher d'avoir ne serait-ce qu'un mince petit espoir qui ferait peut être un jour la différence. Pourtant à chaque fois que j'y pense, j'entends cette voix dans ma tête, celle de Drizzle, qui me dit distinctement " Je te déteste " et je me demande alors si j'ai pu arrêter de l'aimer et à quel moment exactement... Ai-je commencé à la détester moi aussi ? Je crois que je lui en voudrais toujours pour ça, parce que j'ai l'impression qu'elle a tout gâché et que contrairement à quelqu'un qui tiendrait ne serait-ce qu'un petit peu à moi, elle n'a jamais cherché à s'excuser ou à arranger les choses, elle a toujours cherché à me détruire un peu plus. Pourquoi ? Lui ai-je réellement fait tant de mal ? Est-ce que je mérite tout ça ? Vraiment ? Alors que tout ce que je voulais c'était qu'elle soit heureuse ?
Mes souvenirs se perdent un instant alors que je fixe le bar et que je lui demande comment elle va. Elle m'ignore et me retourne une question à laquelle je ne sais comment répondre. J'aurais du prévoir pourtant.. Je tourne les yeux vers elle et croise son regard bleuté, je le soutiens un instant avant de porter ma bière à mes lèvres pour en boire une longue gorgée, pour gagner du temps. Je crois que c'est le moment de lui montrer que ce n'est pas elle qui a le dessus et je crois que ça lui ferait du bien d'avoir réellement mal. Alors je repose mon verre et je lui souris. « Je crois que j'aime une fille. » je lui annonce. Ça n'a absolument aucun sens mais j'ai l'air convaincant, je lui sors ça avec aplomb, comme si réellement j'avais rencontré une nana dont j'étais tombé fou amoureux. Je ne sais pas pourquoi j'ai fait ça. Parce qu'au fond ce n'est pas pour lui dire ça que j'ai voulu qu'elle vienne. Mais jusqu'à aujourd'hui... Elle ne m'avait atteint qu'en couchant avec d'autres types, rien de sérieux.. Des coucheries, ça me rendait jaloux oui, fou de rage, mais j'avais toujours l'exclusivité sur ses sentiments. J'ose croire en tout cas. Et puisqu'elle avait osé me dire qu'elle me détestait. Puisqu'elle n'avait jamais daigné me dire qu'elle m'aimait. Elle allait regretter.

J'aimerais bien la voir devenir folle de rage, m'insulter, me poser des questions.. Je veux voir si ça lui fait quelque chose, si elle ressent quoi que ce soit. Au fond je suis convaincu que oui, parce que je la connais et que si elle m'avait annoncé qu'elle aimait un autre type j'aurais probablement balancé la table à l'autre bout du bar, mais elle ne laisse rien paraître, elle est calme et j'admire presque cette contenance et cette désinvolture avec laquelle elle me répond. « Je suis contente pour toi, au moins tu pourras avoir un beau mariage, un labrador et une maison avec une clôture en bois blanc. » Je la regarde un instant et je termine ma bière avant de commander deux verres, je sais qu'elle aura bientôt terminé le sien alors autant anticiper. Deux whisky coca. Je la regarde et bizarrement, je peux pas m'empêcher de me mettre à rire. J'aurais bien aimé rester sérieux pour qu'elle y croit, mais la voir comme ça, stoïque, ça m'amuse vraiment alors je ris. Je pense qu'elle va comprendre que je disais des conneries et que c'était juste pour la faire chier, mais je ne suis pas un menteur, je n'aurais pas pu m'enfoncer plus longtemps dans un mensonge et lui raconter que j'avais rencontré une fille, que je l'aimais, etc.. Ce n'est pas moi. « Détends-toi Drizz. Tu tires une de ces têtes. » Je lui attrape la main et je la tire un peu pour qu'elle se penche, et je me penche vers elle aussi, je lui souris et je murmure « T'en as pas marre de faire semblant ? » Je lui lance un regard équivoque, genre " n'essaye pas de me dire que tu fais pas semblant parce que je te connais " et j'ajoute « Moi un peu. » Je me redresse sur ma chaise et boit la moitié de mon verre. Le coca frais, le whisky, ça fait du bien, je crois que j'en ai besoin en sa présence, pour tenir le coup, parce que même si là elle a compris que j'ai dit n'importe quoi avant, ça va pas l'empêcher de m'en mettre pleins la tronche si ça lui prend soudainement. Mais j'ai envie de profiter de ce moment finalement, parce qu'on est là, juste tout les deux avec les souvenirs qui planent dans cet endroit, ce bar où on venait si souvent et que c'est peut être ça la réponse au final. Peut être qu'on a juste à repenser à avant... Mais peut être que les choses lui conviennent mieux maintenant, je ne sais pas. En tout cas pour le coup, je suis sincère avec elle, ça m'emmerde vraiment de devoir faire semblant, faire semblant que ça va, que je m'en fous, faire comme si on était passé à autre chose... Tout ça, ça fait déjà longtemps qu'on est dans ce cercle vicieux et je me demande si un jour ça va s'arrêter. Je pense que oui, un jour. Parce que l'un de nous en aura marre, que l'un de nous abandonnera.. Soit elle, soit moi... Et qu'on laissera tout ça tomber parce que ça vaut peut être plus le coup de se battre ?

« Tu crois qu'on est capables d'être ça ? » elle me demande en me montrant des yeux un couple à une table plus loin. Je les regarde un moment. Ils ont l'air plutôt heureux, amoureux.. Je nous revois dans ce même endroit quelques années plus tôt et finalement, nous n'étions pas si différents, peut être un peu moins niais, et encore.. Et peut être qu'elle a raison. Peut être que l'amour n'est pas fait pour durer et peut être qu'on est condamnés maintenant, à se faire du mal et à incarner ce que l'autre déteste, ce dégoût des sentiments et de l'amour, du passé... Je tourne les yeux vers Drizzle lorsqu'elle s'approche de moi. Elle s'est levée et me demande de l'emmener danser. Je ne réfléchis pas très longtemps et je me lève, je passe ma main dans son dos, dans un mouvement tout à fait naturel, et je la tire au milieu du bar où quelques filles sont déjà entrain de danser. Je lui prends la main pour la faire tourner sur elle même avant de l'attirer près de moi. C'est bizarre cette sensation.. Je n'ai pas réellement envie de danser, je voudrais juste la prendre contre moi et rester là pendant des heures. J'avais l'habitude de dire qu'elle avait la taille parfaite, lorsque je passais mon bras autour de ses épaules, nous nous emboîtions parfaitement, comme deux pièces de puzzle ( prendre ça dans ta face Puzzle ! ) et le temps a beau passer, ça ne change pas. Je me penche alors vers elle après avoir passé ma main dans le bas de son dos pour qu'elle reste à proximité, « J'te trouve très belle ce soir » je souffle à son oreille doucement, comme s'il s'agissait d'un secret qu'elle ne devait révéler à personne. C'est un peu le cas, ça doit faire bien longtemps que je n'ai pas daigné la complimenter sur quoi que ce soit, à part peut être ironiquement.. J'ai du la féliciter une fois.. De s'être tapé mon frère ou son coloc.. Mais ce soir j'ai envie de lui dire, parce qu'après tout elle a daigné venir, qu'elle est là.. Et que ce moment ne durera peut être pas. Je ne sais pas réellement ce qu'il faudrait faire pour que les choses s'arrangent, je ne sais même pas si c'est de mon ressors mais je sais que ça soit ça casse, soit ça passe puisqu'on a pas 14 000 solutions. Soit on essaye de vivre l'un sans l'autre et tout est terminé, soit on doit réussir à se supporter pour que les choses reprennent comme avant... J'ai bien vu qu'elle n'a pas trop envie d'en parler puisqu'elle a fuit, elle m'a dit " en attendant de décider " ... C'est qu'elle n'a pas envie de parler de ça. Ça me fait chier. Peut être qu'elle ne veut juste pas m'annoncer l'effroyable vérité.
Je décide de rester silencieux, de danser là avec elle, de la regarder... je prends ses mains dans les miennes pour la guider, c'est peut être le seul moment où elle est ne serait-ce qu'un tout petit peu docile. Amen.

Elle est là, je la sens si proche mais pourtant si loin, c'est comme si nous étions là, dans cet endroit, mais à des années lumières de ce qui se passe réellement, comme si le temps s'est arrêté quelques secondes pour nous laisser profiter de ce moment et que jamais plus... ça n'arriverait à nouveau. Je me sens bien et mal à la fois. Il me faut plus que deux bières et un whisky coca pour me faire de l'effet et j'ai incroyablement envie de retourner au bar pour commander quelques shooters qu'on boirait les uns après les autres pour être complètement ivre et pouvoir agir comme on le voudrait sans avoir rien à se reprocher. Comme si l'alcool nous permet d'être nous même. Comme si on s'aimait de nouveau. Mais bizarrement je suis bien là aussi. Elle a son visage dans mon cou et je sens son souffle chaud contre ma peau. Elle agrippe mon t-shirt et je lui caresse doucement le dos avec mes doigts alors que mon autre bras vient passer autour de ses épaules et je la serre contre moi un moment. On ne danse plus vraiment. Pendant quelques secondes on est là, figés l'un contre l'autre. Puis elle relève la tête et je relâche mon étreinte alors qu'elle me demande si je me souviens de quand je lui ai appris à danser. Je souris et descend mes mains le long de ses bras pour lui prendre les mains et la faire tourner à nouveau et recommencer à danser. « Oui je m'en souviens, t'étais pas très douée d'ailleurs.. » je ris légèrement et continue à la faire danser. C'est vrai qu'elle est belle ce soir. Ses cheveux blonds virevoltent dans l'air, et oui, si autrefois nous n'étions pas très doués pour danser, nous nous sommes beaucoup améliorer depuis. Nos mouvements sont fluides, comme si on avait fait ça pendant des années. On danse au milieu du bar et il y a quelques autres personnes autour de nous. Principalement des filles qui s'amusent. Et puis le couple à la table près de la notre s'est levé pour venir danser aussi, ils sont pas loin de nous et ils dansent, mais ils n'ont pas autant la classe que nous. Je les regarde un instant avant de reporter toute mon attention sur la belle blonde entre mes mains et je l'arrête brusquement en la saisissant par la taille. « Téquila paff ?» c'est une invitation et je doute qu'elle la décline alors sans attendre je la lâche et je dirige vers le bar pour commander quatre shooters de téquila paff, deux pour elle, deux pour moi.

J'arrive au comptoir et je commande nos verres. Elle ne tarde pas à me rejoindre et elle s'installe sur un des tabouret. Je fais de même. On prend notre premier verre, on trinque à cette soirée, parce qu'on a probablement rien d'autre à trinquer et que c'est pas la peine de se lancer dans des trucs bizarres. Nos verres s'entrechoquent, nous buvons et les reposons sur les comptoirs avant de saisir les deuxièmes qui n'attendent que nous. La téquila me brûle délicieusement la gorge, c'est un goût familier, c'était d'ailleurs souvent celui des lèvres de Drizzle, et ce soir encore ses baisers auraient le goût de la téquila. Parce que c'est sûrement comme ça que ça va finir. On boit le deuxième shooter de téquila, je repose le verre minuscule sur le comptoir et je tourne les yeux vers Drizzle, qui est juste là, à côté de moi. « C'est toujours ce que tu préfères ? » je lui demande en désignant nos verres de téquila, vides à présent. Peut être que ça a changé depuis, mais j'en doute. Il n'y a rien qu'elle pourrait aimer plus que la téquila. « C'est aphrodisiaque tu sais ? La téquila. » je lui adresse un sourire équivoque, pleins de sous entendu oui, c'est un peu stupide. J'ai l'impression d'avoir 16 ans et de la draguer. Mais c'est drôle, parce qu'elle sait sûrement que ce n'est qu'un jeu, que ce n'est pas sérieux. « On retourne danser ? » je lui demande en me levant. Je la tire par la taille pour qu'elle me suive. On a plus rien à faire au comptoir, on y retournera plus tard pour s'imbiber un peu plus, mais là maintenant, tout de suite, on en a plus trop besoin.. J'attends qu'elle se lève et je me penche pour lui murmurer à l'oreille « Le type est dégueu un peu... » je dis en parlant du couple et plus particulièrement du gars. Parce qu'ils avaient l'air mignons à la taille mais que là entrain de danser et bien visibles, la seule gueule du mec était particulièrement bien visible. Et ce n'était pas spécialement notre genre de critiquer les autres, parce qu'on a généralement mieux à faire mais que c'est marrant parfois et qu'il est du propre de l'humain de se moquer. Et là, sans trop me contrôler, je me penche à nouveau vers elle pour lui donner un baiser près de l'oreille. C'est toujours comme ça que ça commence.

On retourne danser. Enfin. Je m'approche d'abord, pour déposer un baiser près de son oreille et je la regarde, j'attends une réaction, et évidemment, c'est le moment qu'elle choisit pour m'aguicher. Forcément. Elle a bien compris et elle ne va pas se laisser faire aussi facilement. Je la connais. Elle aime se faire désirer. Même si la finalité sera la même, même si au bout de compte, elle ne résistera sûrement pas, à moins que quelque chose ne dérape. Mais j'aime ça. On s'avance un peu au milieu des gens et Drizzle danse. Elle s'approche et joue avec moi, avec mes nerfs surtout, parce qu'elle sait que j'ai envie d'elle maintenant et elle s'amuse. Elle se colle tout contre moi puis elle disparait, elle recule subitement, elle s'échappe... Elle ne me laisse même pas le temps de faire quoi que ce soit, et puis quelques secondes passent et à nouveau, elle est là, nos yeux se croisent et nos lèvres se frôlent avec insignifiance, si vite, que déjà, elle s'est dérobée. J'apprécie le spectacle, même si je commence à m'impatienter, j'aime la voir comme ça. C'est comme si elle essayait de me séduire à nouveau. Je reste impuissant quelques secondes devant ce spectacle, la téquila l'a apparemment survolté d'un coup.. Enfin. Je la vois qui ferme les yeux et j'en profite pour venir derrière elle, là où elle ne s'y attend pas, et je l'attrape par la taille pour la bloquer, là, contre moi. Assez joué maintenant. Le nez dans sa chevelure blonde, j'approche mon visage de sa nuque sur laquelle je souffle doucement, un sourire sur les lèvres. Je n'ai pas envie qu'elle m'échappe tout de suite, pas maintenant, pas encore. Je dégage sa nuque délicatement en repoussant ses cheveux sur le côté alors que mon autre main la tient toujours par la taille avec une certaine conviction. « La téquila te fait tourner la tête? » je lui demande doucement à l'oreille. « J'ai envie de toi, là maintenant.. »

Elle se tourne vers moi et me souffle les deux mots bénis de Dieu. Ceux qu'un type attend d'entendre lorsqu'il est avec une fille « Chez toi? » je soutiens son regard un instant et je hoche la tête. Une chance que je sois venu en voiture. Je m'écarte d'elle et me fraie un passage jusqu'à la sortie, j'attrape sa main au passage pour ne pas la perdre et je la relâche une fois dehors. La voiture est garée à quelques mètres, je sors mes clés, déverrouille les portes, et je monte à l'avant avant de démarrer la voiture. Direction mon appartement. Une chance aussi que mon frère déserte les lieux depuis quelques temps, ce n'est pas plus mal. Je crois qu'il s'est trouvé une vraie copine chez qui il passe son temps. J'ai l'appartement pour moi tout seul. Parfait. On arrive rapidement, ce n'est pas si loin. Un appartement modeste mais agréable du centre. Je me gare devant et on monte. On a un peu discuté dans la voiture, mais pas trop.. C'est bizarre, cette espèce de tension sexuelle, et pourtant je la connais Drizzle, elle n'est pas une de ces filles banales que je peux ramener chez moi de temps en temps le soir.. Les histoires sans lendemain, mais ce soir, c'est étrange, on a bu, un peu, pas trop, mais ça suffit.. Et j'ai l'impression de la rencontrer à nouveau. Comme si inconsciemment, sans oser se le dire, on se donnait une nouvelle chance de réessayer, au moins l'espace d'un soir.. Que ça se passe bien.
Quand on arrive devant la porte de l'appartement je lève les yeux vers elle pour la regarder un moment, puis j'ouvre et nous entrons. Je referme derrière elle. Les volets de la pièce principale ne sont pas descendus et la pièce est étrangement lumineuse, traversée par un rayon blanc, l'éclat de la lune, qui pénètre par la fenêtre et s'écrase contre le beau parquet, sur plusieurs mètres. Quand j'ai fini de contempler le salon, je reporte mon attention vers Drizzle et je n'attends pas plus longtemps pour venir l'embrasser, l'attirant de mes deux mains contre moi avant de la soulever pour la porter dans la chambre.

Tout se bouscule instantanément, dés le moment où nous nous embrassons. Je la soulève délicatement et elle s'agrippe à moi, passant ses jambes autour de ma taille. Ce n'est pas une inconnue, même si quelques secondes avant j'ai eu cette impression là, ce n'est plus le cas maintenant parce que c'est bien elle que je sens et que je reconnais. Tout chez elle m'est familier et il s'agit en fait de chaudes retrouvailles comme si nous ne nous étions pas vus pendant des semaines. Je la porte jusque dans la chambre où je la dépose sur le lit, et je prend place au dessus d'elle, là, elle rompt notre baiser et on se regarde pendant quelques secondes. C'est bizarre, j'ai le souffle coupé, et mon coeur s'emballe, il bat à mille à l'heure et j'ai l'impression qu'il va céder, qu'il va s'arrêter comme ça, d'une seconde à l'autre parce que c'est trop fort que si il ne s'arrête pas, il va probablement éclaté. C'est presque douloureux de l'avoir ici, en se disant que demain matin elle repartira et qu'en fait ce soir ce n'est qu'une parenthèse.. un moment presque sans importance, qu'on oubliera ou que fera semblant d'avoir oublié pour pouvoir recommencer à se haïr et à se pourrir la vie. Elle m'attire contre elle pour un nouveau baiser et mes mains commencent leur petit voyage, passant sous le haut de Drizzle pour venir caresser son ventre, elles savent exactement où aller parce que ce corps, je le connais par coeur, et je brûle d'impatience à l'idée de lui enlever ses vêtements alors sans trop attendre je lui soulève son haut, rompant quelques secondes notre étreinte langoureuse pour la contempler. J'ai envie de lui dire que je l'aime, que je l'ai toujours aimé et que je l'aimerais probablement toujours mais quelque chose me dit que ce serait le pire moment pour le faire parce qu'elle pourrait me rire au nez et s'en aller, ou qu'elle pourrait me dire " merci " ou bien m'ignorer... Et je ne suis pas prêt à revivre cet échec cuisant une nouvelle fois. C'est à nouveau un de ces moments suspendu dans le temps. Je retire mon t-shirt et je reviens près d'elle pour déposer dans son cou de multiples baisers et mes mains à nouveau se baladent le long de son corps, et elle sait que je ne vais pas tarder à lui retirer le reste de ses vêtements parce que je n'ai jamais été très friand des longs préliminaires, que j'ai toujours préféré aller directement à l'essentiel. Et qu'en plus comme je sais qu'elle le sait, que ce n'est pas une fille quelconque, qu'on se connait, alors je n'ai pas besoin de me forcer pour les faire durer. C'est aussi le moment que je choisis pour retirer ma montre, qui commence à m'emmerder, là accrocher à mon poignet, et je la dépose habilement sur la table de chevet, à l'aveugle, avant reporter toute mon attention sur Drizzle et son déshabillage.

Le temps s'est arrêté le temps de notre ébat passionné, il fait nuit noir à l'extérieur à présent, il doit être aux alentours d'1h30 - 2h du matin et je n'ai pas envie que ça s'arrête, que le jour se lève et que tout reprenne son cours. Je travaille demain après-midi mais je n'ai aucune envie d'y aller, je préfère rester là avec elle, aussi longtemps que possible et si je le pouvais, je la garderais bien ici, loin de tout, enfermée dans cette chambre. La mienne. La notre l'espace d'une nuit. Je reprends mon souffle et mes esprits, je fixe le plafond dans le noir, et je sens Drizzle tout près de moi. Sa main passe dans mes cheveux et je tourne le visage vers elle alors qu'elle me complimente sur ma performance. « Décidément.. tu faiblis pas de ce côté-là, hein. » je ris, incapable d'agir avec un semblant d'humilité et elle m'embrasse sur la joue. Je passe alors mon bras autour d'elle, la soulevant doucement pour qu'elle vienne sur moi et je passe ma main sur sa joue, l'autre descendant tranquillement le long de son dos jusqu'à la courbe de ses fesses. Toujours aussi agréables à toucher je dois dire. « T'iras t'excuser pour le tapage nocturne au près de mes voisins.. » je lui dis, avec une pointe de fierté, mais non sans légèreté et humour et je glisse ma main dans ses longs cheveux blonds, j'entortille mes doigts dedans en faisant attention à ne pas y rester coincé et je tourne la tête vers la table de chevet pour regarder l'heure sur ma montre dans la pénombre. Oui, il est bien 2h du matin. Je soupire doucement et l'écarte un peu pour me redresser. J'enfile mon boxer et cherche dans les poches de mon jean délaissé au bord du lit, un paquet de cigarette. Probablement la meilleure chose après le sexe. La clope. Je ne fume pas beaucoup, plutôt des joints que de simples cigarettes, mais il y a des moments où on ne peut pas passer à côté. Je lui tends le paquet pour qu'elle se serve et je m'installe à nouveau sur le lit, clope en bouche, briquet entre les doigts et je cale mon dos contre le mur avec un oreiller. J'allume la cigarette et tend le briquet allumé vers Drizzle pour en faire de même avec la sienne. « Tes deux clémentines ont bien mûri semble-t-il.. » je lui fais alors remarquer -enfin, elle le savait sûrement déjà- en louchant sur sa poitrine pendant quelques secondes. Je lui adresse un sourire, taquin et amusé, avant de tirer sur la cigarette. « Tu veux que j'te dise c'que j'aime bien chez toi? Enfin.. la partie de ton corps que j'aime vraiment bien, plus que les autres ? Et c'est pas tes seins, même s'ils sont plutôt cools. » Je la regarde, comme si j'allais lui annoncer une nouvelle incroyable et j'attends un peu pour faire durer le suspense. « Je crois que je kiffe bien ton ventre. »

On fume, l'ambiance est plutôt décontractée, bon enfant, c'est comme si on avait à nouveau seize ans et qu'on pouvait tout se dire. Je n'ai aucun complèxe à lui parler de sa poitrine, à appeler ses seins des seins, parce que depuis le temps qu'on se connait, on est plus vraiment pudique, on peut parler librement de notre corps. C'est pareille quand on couche ensemble, on a pas peur de se parler éventuellement ou de se demander des choses, quoi que souvent ça ne soit pas très utile, parce que justement, on sait ce que l'autre aime et là où il est sensible. Elle me connait aussi bien que je la connais, et sa main qui descend le long de mon ventre jusqu'à mon boxer, elle sait que ça me fait de l'effet, que ça me chatouille bizarrement et elle me taquine. Bref je lui dis que je kiffe son ventre et elle s'installe à nouveau contre moi. Je laisse tomber la cendre de ma cigarette sur un petit cendrier qui est posé sur la table de chevet et ma main libre vient passer sur sa joue. Elle me demande ce que son ventre à de spécial. Pourquoi je l'aime plus que ses lèvres. Je hausse les épaules et je réfléchis un instant. Je n'ai pas penser à ses lèvres sur le coup. Mais je sais pas, son ventre, je l'aime bien, il est jolie et sa peau est douce. Son nombril est parfait, il sort pas horriblement comme chez certaines personnes, il est discret, et puis, oui.. Son ventre est beau. « Je sais pas, parce que t'as la peau douce et qu'il est tout plat, tout lisse.. C'est comme ces deux fossettes que t'as au bas du dos.. » je lui explique et je joins mes paroles aux gestes, je passes doucement ma main dans le bain de son dos, et mes doigts viennent caresser les deux petits creux, comme des fossettes oui. Et ça bordel, je serais prêt à me taper n'importe quelle fille qui en a. C'est grave sexy. « J'aime bien tes lèvres mais seulement quand tu me sssss... » je ris avant de finir ma phrase, parce qu'elle a pas besoin que je finisse pour comprendre et comme je suis persuadé que ça va sûrement la révolter je me dépêche de l'emprisonner dans mes bras pour pas qu'elle ne s'en aille et je la couvre de baisers, partout. Sur son visage, son cou... et je viens lui mordre doucement la joue. Et je peux pas m'empêcher de rire en même temps. Le type stupide trop fier de sa connerie oué. « C'toi la plus belle Drizzle. » je lui lance alors sur un ton enfantin pour essayer de rattraper le coup.

Comme prévu, elle se débat, sans trop de conviction cela dit. On s'amuse. Elle me menace de ne plus JAMAIS me satisfaire si je ne suis pas sage et je lève les yeux au ciel, peu convaincu. Finalement je la complimente, je lui dis qu'elle est la plus belle et elle ne semble pas me croire, elle me frappe l'épaule et je ris à nouveau. Drizzle se penche vers moi et vient me mordiller les lèvres, j'en profite pour passer mes mains sur ses cuisses et elle dit « L'alcool te fait vraiment dire des conneries. » légère. Drizzle se redresse pour tirer sur sa cigarette, apparemment ça l'amuse et je reste un moment silencieux, la contemplant simplement, son corps se mouvant lentement dans la pénombre, seulement éclairé par quelques éclats de lune. Je ne vais pas insister, même si je pourrais et que ça m'agace qu'elle soit modeste comme ça, enfin, je crois que ça m'agacerait encore plus si elle me disait " oui je sais, on me le dit souvent ! " mais elle pourrait aussi se contenter de me remercier. Ou de me dire que je suis le mec le plus parfait du monde pour rester près d'elle alors qu'elle va sûrement me jeter comme un rat mort dés demain. Ou peut être que je le ferais avant elle.
Elle s'approche alors que je viens de tirer sur ma cigarette, nous partageons la fumée, je caresse doucement son dos. C'est tendre et à la fois un peu bizarre, je suis bien mais je ne peux m'empêcher de sentir une certaine tension. C'est cette épée de Damoclès qui est juste au dessus de notre tête. Celle qui va nous tomber dessus quand le jour se sera levé et qu'on devra se séparer. Drizzle se met soudainement à rire et j'arque les sourcils, un peu surpris mais toutefois amusé par sa réaction si subite. J'esquisse un léger sourire. Elle n'a pas tellement changé de ça en fait, et ça me conforte dans l'idée que tout n'est peut être pas perdu. Elle est toujours aussi imprévisible. Ces derniers temps, cette imprévisibilité n'a pas vraiment été à mon avantage, mais ce soir je la retrouve. Drizzle. La vraie. Celle que j'ai connu et que j'ai aimé. Je soupire de contentement et écrase ma cigarette dans le cendrier avant de m'allonger confortablement dans le lit. Je l'attire alors contre moi, juste comme ça, pour un câlin, parce que ça fait du bien.. Que ça fait longtemps qu'on a pas passé un moment comme ça, et que ça va sûrement pas durer donc autant en profiter.. A nouveau, j'ai envie de lui dire que je l'aime. C'est presque de la torture. Mais je suis bien là quand même, avec elle. Je reste silencieux un moment, profitant purement et simplement de ce moment qui nous appartient, loin de tous, de mon frère, de son con de coloc... « J'veux pas que tu repartes... » et c'est trop tard. Je lui ai soufflé ça doucement à l'oreille, mais peut être que ça passera comme une lettre à la poste. Ou peut être qu'elle va s'écarter et me souhaiter une bonne nuit.