de me laisser encore crucifier le cœur

drizzle and simon

fiche par ©century sex

je sors mon briquet, mon précieux briquet, un objet qui ne me quittait jamais. Partir sans lui, c'est comme partir sans téléphone portable, on se sent nu, comme piégé. On a envie de faire demi-tour, d'affronter tout pour le récupérer. Pour l'instant, je n'ai pas connu cette horrible sensation de manque, ce vide qui nous panique. Aujourd'hui, je profite d'un joint que je viens de rouler. Une minute avant, je sortais l'herbe et le filtre pour en confectionner un. C'est une répétition de gestes qui me collent à la peau. je les connais par coeur, depuis le temps que j'en fais. combien de temps à présent ? quatre ans ? je grimace. beurk, ça fait toujours mal au coeur de grandir aussi vite. je donnerai tout pour ne plus vieillir, mais ça n'existe que dans les contes de fées. ici, sur terre, c'est tout le contraire, c'est la merde. à quoi bon s'arracher au travail quand on sait qu'on finira par souffrir et par en baver ? life's a bitch, c'est culte et ça sonne si vrai. je tire sur le joint et la fumée s'engouffre dans ma bouche, coule dans ma gorge et vient se réfugier dans les branchies de mes poumons. des étoiles dansent devant mes yeux. mes pupilles se dilatent. j'expire. euphorie paradisiaque. je fixe la cigarette d'un regard vide. putain, c'est bon cette merde. pendant que je savoure mon train train quotidien, je m'arrête devant la porte peinte des gauthiers. je pourrais la reconnaitre dans le noir, à trois milles lieux d'ici tellement je l'ai franchi. les gauthiers m'ont toujours accueilli dans leur maison. certes, c'était pas ma baraque, mais on s'y sent en sécurité. et puis, c'est vachement plus familiale et accueillant. je souris à l'idée d'entrée dans ce cocon de bonheur, je m'avance, mais quelqu'un me pousse. je fais volte face, les sourcils foncés avec une moue de mépris. « non mais... » je regarde le sourire narquois qui me fait face. mes traits s'adoucissent. je jette mon joint par terre et fais comme si rien ne s'était passé. « salut drizzle. » la soeurette de mon andy chéri. c'est qu'elle a bien grandi depuis qu'on se connait. enfin ça ne m'avait pas embêté pour la draguer. c'était déjà une belle fille à l'époque. maintenant, c'était ce que j'appelerai une bombe. non j'suis pas macho, j'suis même assez romantique, mais il faut appeler les gens par ce qu'ils sont. et dans ce cas, drizzle ne me laissait pas indifférent. comme au bon vieux temps quand on se cherchait, elle et moi, à l'insu d'andy. sauf qu'aujourd'hui, j'étais sous le charme d'une toute autre fille, une qui me faisait vraiment de l'effet, que j'admirais non pas pour ses belles formes, mais pour son caractère et le lien qu'on avait. je détourne donc mes yeux de drizzle et contemple la piaule. « andy est ici ? » en même temps, je me roule un joint et je cherche mon précieux briquet... putain, où est-ce qu'il peut bien se cacher ?

je fronce des sourcils tout en la regardant, non pas que je la soupçonne de quoique ce soit. je n'avais encore aucune idée de se qu'elle a manigancé. pour l'instant, je cherche tout simplement le foutu feu qui allumerait le précieux joint, comme un con alors que drizzle le cache dans le creux de sa paume. je ne m'y attarde cependant plus lorsqu'elle me répond par la négative. andy n'est pas là, merde! on devait discuter d'un moyen afin d'entrer dans une baraque de mon voisinage. il était quand même pas sérieux de me foutre un lapin ? putain... bon, je m'étais dis que ça remplirait ma journée, mais apparemment c'était trop demander au bon dieu. c'est que je m'emmerdais chez moi à cliquer sur asos et commander des fringues. pendant deux jours, j'avais pas arrêté. ma carte était passée dans l'rouge, du coup fallait que j'attende le chèque en or de mon paternel pour retourner à l'assaut. je me frotte la nuque, puis les cheveux, et j'affiche publiquement mon air emmerdé, comme si andy serait capable de le voir. bon, changement de programme : total défonce et blablatage avec drizzle vu qu'elle aussi vient voir son frérot absent. j'allais devoir me coltiner ses yeux malicieux, sa belle gueule d'ange et ses cheveux dorées. je soupire de bonheur ou d'énervement je ne sais pas et cherche à nouveau mon briquet. pfff, c'est pas vrai, où est-ce que j'ai pu le foutre ? mon esprit tordu me répond "dans ton cul!" mais je l'ignore. « C'est ça que tu cherches, peut-être ? » je lève vivement la tête. dridri s'est rapprochée et elle tient mon briquet entre ses doigts. ils ont bien changé ces jours où son air innocent était encore intacte. je ne lui reproche rien, c'est même plus excitant. attend... est-ce que je viens de dire "excitant" ? no comment. je lui renvoie son sourire narquois et tends ma main pour attraper mon précieux (ouai comme gollum et l'anneau). ça aurait été trop facile. mes doigts broient de l'air. « Je te le rends seulement si tu acceptes de me faire partager. » je laisse échapper un un ricanement. elle veut jouer à se jeu, très bien. « je partage pas mes mégot avec des p'tites donzelles. t'es pas un peu trop jeune pour ça ? » de la pure méchanceté. j'ai commencé à fumer à mes dix-huit ans, alors je ne suis pas en mesure de donner des leçons. j'accentue mon sourire, forcé. tout ça se passe dans un cercle intime, limité par nos deux corps. on est si proches, on murmure et bizarrement ça fait du bien. « t'as pas un autre marché à me proposer ? » comment ça c'est limite pervers, mais non... c'est juste pour délirer, jouer avec le feu, séduire pour l'amusement général. je mets mon mégot éteint à la bouche et regarde drizzle avec un sourire et un regard perçant. si nirvana passait par là, sûr que j'lui donnerai une taffe, mais la blonde est absente.