WHEN DARKNESS FALLS AND SURROUNDS YOU. WHEN YOU FALL DOWN. WHEN YOU'RE SCARED AND YOU'RE LOST. BE BRAVE, I'M COMING TO HOLD YOU NOW. WHEN ALL YOUR STRENGTH HAS GONE AND YOU FEEL WRONG, LIKE YOUR LIFE HAS SLIPPED AWAY, FOLLOW ME. WHEN YOUR FIRE'S DIED OUT, NO ONE'S THERE, THEY HAVE LEFT YOU FOR DEAD. FOLLOW ME, I WILL KEEP YOU SAFE.
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« T’es où bordel ?! J’suis pas un baby-sitter, ça te ferait mal aux doigts de décrocher ce téléphone ? Rappelle-moi, ou mieux, rentre ! » Nerveux, agacé, c’est sans vergogne qu’il envoya son téléphone glisser entre les coussins du canapé, sans même prêter la moindre attention à la disparition soudaine de l’objet. Elle ne rappellerait pas. Et ça le fatiguait d’avance. Difficile d’imaginer qu’il puisse être un chaperon pour qui que ce soit, lui qui n’était en rien l’exemple que toute personne saine d’esprit choisirait de suivre. A croire qu’il ne côtoyait que des gens plus fous que lui. A commencer par ses amis. Par Ellyane. Par tous les gens qui gravitaient autour de lui, d’une manière ou d’une autre. C’était comme une espèce de malédiction, qui flottait dans l’air l’environnant, et contre laquelle il ne se décidait que trop peu souvent à lutter. L’inhabitude à se retrouver désarmé de la sorte le poussa à faire les cent pas dans le petit salon, esquivant les potentiels dangers dans un réflexe plus que dans une réelle attention particulière. Le monde autour, pour quelques secondes durant, ne sembla exister qu’en fond de page d’une piètre blague qui le dépassait. C’était peut-être bien un juste retour des choses et, une vague colère traversant son esprit, crispant sa mâchoire en un spasme douloureux, Devon décida d’abandonner toute tentative pour ce soir. Sans doute que s’il l’avait voulu, il n’aurait pas hésité à traverser toute la ville dans l’espoir stupide de retrouver la jeune femme ce soir, mais la blonde qui lui servait de colocataire – ou plutôt d’intrus squattant son appartement – ne devait pas être décidée à se montrer. Et mieux valait qu’il ignore dans quelle situation elle se trouvait à l’instant précis, elle n’avait après tout – comme elle le lui avait déjà fait remarquer – aucun compte à lui rendre. Un soupir franchit les lèvres du jeune homme, alors que dans son cerveau, tous les éléments se liaient irrémédiablement. Il avait comme le sentiment de se retrouver quelques mois en arrière, à devoir fliquer une demoiselle pour l’empêcher de commettre l’irréparable, ou pour s’éviter d’avoir la moindre culpabilité supplémentaire à porter sur ses épaules. La mort de Valeryan n’aidait sûrement en rien, le tout n’étant qu’une torture supplémentaire, faite d’images s’imposant à son esprit, frondant chaque barrière qu’il tentait de mettre entre lui, et ces souvenirs. Tourner en rond dans cet appartement, comme un lion en cage, ce n’avait sûrement pas été son programme annoncé de la soirée, mais la simple présence de Paige avait amené son lot d’imprévus. Ça l’avait changé. Bien trop, bien plus qu’il ne l’aurait voulu, plus qu’il ne pourrait l’être dans toute une vie et plus encore. Ce n’était pas prévu, certainement pas au programme de son existence, ou des misérables plans d’avenir qu’il avait pu se constituer dans un coin de son esprit.
Chasser Paige de son esprit, ainsi que les potentielles rixes par lesquelles elle passerait ce soir, s’avérait être un challenge plus complexe qu’il ne l’aurait imaginé, sans qu’il ne puisse expliquer pourquoi. Sûrement parce qu’il ressentait une colère immuable, palpable, glaciale au point de refroidir l’atmosphère de tout l’appartement, à l’égard de celle-ci, alors qu’elle ne semblait s’être pointée dans sa vie que pour y foutre plus d’emmerdes encore. Et dire qu’il l’avait prévenue. Et dire qu’il n’avait pas eu l’indécence d’esprit de lui faire comprendre ses erreurs par un « je te l’avais dit » qui aurait tout eu de la réplique cinglante, affreusement bien placée. Pauvre gamine qu’elle était, à croire qu’elle essayait de faire sa femme indépendante à présent, sa grande demoiselle dont la vie, pourtant, n’avait ni queue ni tête. Un flot d’images lui rappela rageusement Ellyane, comment il l’avait suivie, ou entraînée avec lui, comment ils s’étaient détruits, chacun de leur côté, ou l’un avec l’autre. Comment il l’avait sortie de sa vie, se maudissant pour ça pendant longtemps, puis oubliant parfois, se souvenant douloureusement d’elle d’autres fois. Elle n’avait pas daigné lui passer le moindre coup de fil, et lui non plus, ne s’était pas donné la peine de faire quoique ce soit pour revenir vers elle. Vers leur enfer à eux deux, qui leur était allé si bien, qui faisait tâche dans un monde pareil. L’univers filait à trop grande vitesse pour permettre le deuil à qui que ce soit. Ou pour permettre quelque déboire amoureux que ce soit. Ce n’était pas une surprise de voir Paige se démêler avec tant de mal dans une histoire d’amour quelle qu’elle soit, elle avait toujours eu beaucoup trop de manies, beaucoup trop de petits trucs typiques des filles clichées pour que le couple de leur jeunesse tienne un tant soit peu la route. Et pourtant, il pourrait presque croire qu’elle changeait, le temps aidant, les difficultés érodant avec hargne la joie de vivre qui l’avait habitée quelques temps. A la voir dépitée de la sorte, tout se remettait en question, inlassablement, inconsciemment, dans l’esprit de Devon. Vis-à-vis de leur histoire, pourtant enterrée depuis bien longtemps, tandis qu’elle s’était mariée et que lui… il était passé à autre chose. Peut-être que les choses auraient pu être différentes, moins compliquées, moins tristes, pour ce qui était de leur fin. Si seulement. Il était incapable de faire preuve d’un tant soit peu de soin pour ces histoires-là, preuve en était le silence qui régnait entre Ely et lui, ainsi que l’inexistence totale de contact entre eux, malgré le poids du deuil commun qu’ils devaient porter. D’un geste, il chassa et Paige et Ellyane de sa tête, envoyant ces demoiselles dans un coin de son inconscient, se trouvant pour seule compagne digne d’intérêt, une bonne bière, restante parmi celles que Paige consommait avec imprudence, soit disant pour chasser une de ses mauvaises passes. Elle en avait tellement, que d’ici peu, elle finirait ivre morte, ou alcoolique, ce qui ne serait bon ni pour elle, ni pour le polichinelle qu’elle avait dans le tiroir. Trop d’emmerdes, trop d’encombres pour un mec comme lui, tant et si bien que ces idées, il s’attachait surtout à les éloigner le plus possible de son esprit : heureusement, elle n’avait pas encore de gros ventre supposé lui rappeler l’urgence de la situation dans laquelle elle se trouvait, et la précarité de leur vie en colocation qui n’aurait jamais dû en être une. C’était bien trop exiger de lui, et sans doute que la blondinette le savait, tout autant qu'Ellyane et lui l’avaient appris au dépend de ce qu’ils avaient pu partager. Trop tard, maintenant. A croire qu’il devenait trop responsable, ça ne lui allait franchement pas à l’allure.
Soufflant vaguement, Devon observa les alentours, ignorant les affaires de la blonde, qui traînaient un peu partout, renversant celles qui encombraient le canapé, pour les laisser sur le sol, et prendre place face à la télévision, qu’il alluma pour offrir un peu de distraction à sa soirée. Qui s’annonçait longue, puisque pour sûr, il ne bougerait pas de ce canapé avant qu’une fameuse blonde se soit décidée à franchir le pas de cette porte. Précisément. Puisque après tout elle jugeait bon de squatter son chez lui sans vergogne, il pouvait au moins adopter l’attitude de chaperon pour quelques minutes. Commença alors la longue et impatiente valse du zappage télévisé, durant laquelle il tomba sur de nombreux programmes tous plus inintéressants les uns que les autres – majoritairement des émissions de téléréalité, à croire que la culture actuelle n’était pas capable de faire mieux. Il aurait presque pu râler et soupirer de désarroi, mais quelques coups à sa porte l’interrompirent. Vaguement, il inspecta l’alentour, peu motivé à l’idée de se lever pour ouvrir à qui que ce soit sûrement à Paige, peut-être à un voisin venant lui réclamer des œufs – qu’il n’avait pas. Abandonnant sa bière et la télécommande, il prit malgré tout son courage à deux mains, traînant des pieds jusqu’à la porte. Réplique cinglante au bord des lèvres, il ouvrit celle-ci, pour tomber sur une silhouette bien différente de celle qu’il avait attendue. Son rictus railleur, cachant un vague agacement, s’évanouit aussitôt, pour laisser apparaître une circonspection facilement à dénoter, ainsi qu’une vague de surprise non négligeable. Elle ?! Brune, chétive, avec sûrement quelques verres dans le nez, ou du moins, des traces de maquillage qui pouvaient laisser penser qu’elle avait pleuré. Ou passé une mauvaise soirée. Dans la semi-lumière du couloir, il examina un instant Ellyane, comme s’il ne l’avait pas vu depuis trop longtemps. Comme s’il prenait un soin précis à la graver à nouveau dans son esprit. « Qu’est-ce que tu fais là ? » Un accueil pour le moins peu chaleureux, mais après tout, elle l’avait cherché et son ton n’avait de toute manière rien d’animosité, juste un air de question qui lui brûlait les lèvres tant la surprise le prenait. Avec les derniers événements qu’ils avaient partagé ensemble, la façon dont ils s’étaient séparés, il ne s’attendait sûrement pas à la retrouver là, de la sorte. « Le bar, c’est de l’autre côté de la rue, pas ici. » Elle lui ramenait subitement Paige à l’esprit, au combien il était fatigué de la surveiller, de bouleverser toute sa vie pour elle, alors qu’il n’était pas le gentil type auquel tout le monde devait accourir. Elle lui rappelait eux, lui, elle, Valeryan, cette douleur palpable, une vague de culpabilité déferlant sur son aplomb. Il crispa la mâchoire. Un soupir relâcha ses épaules. « Est-ce que ça va ? » Il en était presque devenu bienveillant, comme il l’avait si souvent été avec elle. Presque bêtement, ou juste comme une dette brûlante qu’il devait à son ami, à celui qui était mort sans qu’il ne fasse quoique ce soit – bien qu’il n’avait pas vraiment la possibilité d’agir. C’était comme ça, quelque part en Ellyane, demeurait une part de Valeryan, des souvenirs communs, quelque chose qu’ils partageaient. Qu’ils avaient partagé. Dont ils avaient abusé, jusqu’à se bousiller l’un l’autre. Qu’importe, elle était de retour maintenant.
Dernière édition par Devon Everhardt le Mar 21 Mai - 15:18, édité 1 fois
Ellyane-Seel A. Lennon
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Sujet: Re: (+ellyane) i'm coming to hold you now. Mar 21 Mai - 15:09
I'm gonna pick up the pieces and build a lego house. When things go wrong we can knock it down. My three words have two meanings, there's one thing on my mind: it's all for you. And it's dark in a cold December, but I've got ya to keep me warm. And if you're broke I'll mend ya and keep you sheltered from the storm that's raging on. I'm out of touch, I'm out of love, I'll pick you up when you're getting down and of all these things I've done I think I love you better now...
Morte. Elle était morte intérieurement. Elle ne ressentait plus rien qu'un grand vide émotionnel. Son cœur battait, mais ne s'émouvait pas ; sa tête fonctionnait, mais ne s'animait pas. Une morte-vivante, une pauvre créature. Grise, morne, qui faisait peine à voir. Une aberration. Et pourtant... « Ça me fait tellement plaisir de te retrouver ma chérie. Ces derniers mois, tu sembles à nouveau t'épanouir. » Un sourire factice tout à fait charmant vint s'accrocher aux lèvres d'Ellyane, tandis que sa mère lui brossait les cheveux. Rituel installé depuis fort longtemps entre elles-deux. Moments que la jeune fille chérissait étant petite. Moments qui l'horripilaient à présent. Tout en sa mère l'insupportait : depuis sa toute nouvelle coupe de cheveux de riche à cet anneau qu'elle portait si fièrement. Comme un gage effaçant tout leur passé avant cette famille, ce nouveau départ. Comme pour oublier... Non, elle ne pouvait y penser. Pas maintenant, pas tout de suite. Pour le moment, l'important était de jouer le jeu. De réussir la comédie du bonheur. « C'est grâce à cette nouvelle chance que nous avons maman. Et puis, il voudrait que je sois heureuse, n'est ce pas ?... » La grimace de sa mère, alors qu'elle évoquait ouvertement le souvenir de Valeryan réjouit Elly, tandis qu'elle tâchait de garder un visage innocent. L'image même de l'enfant naïve. Enfant qu'elle était encore, il y avait deux ans à peine. Deux ans, qu'est ce que c'était ? Rien du tout. L'espace d'un clignement d’œil, d'un battement d'aile sur toute une vie. Et pourtant, aux yeux de la jeune-femme, cela semblait une éternité. Une éternité en enfer. Un éternité sans lui. Son frère, son héros, son tout. Il fallait qu'elle arrête, qu'elle le chasse. Tout du moins, tant qu'elle n'était pas seule. Mais la tâche n'était pas facile. Valeryan continuait de s'imposer à son esprit, comme une obsession. Un manque. Ayant de plus en plus de mal à se contrôler, Ellyane avait l'irrésistible envie de casser quelque chose, n'importe quoi. Faire passer sa frustration, d'une manière ou d'un autre. « Je suis fatiguée, je vais retourner à l'appartement. » Un autre sourire, une autre pirouette. Une esquive continuelle, afin de garder sa petite mascarade en place. Afin de ne pas se griller. Après tout, il fallait qu'elle soit plus fine, plus maligne. Il fallait qu'ils lui fassent confiance si elle voulait un jour pouvoir leur faire mal. Leur faire mal comme elle avait mal. Qu'ils paient tous ! « Bien-sûr chérie, rentre bien. »
Une fois de retour dans son petit studio, Ellyane put relâcher son visage, laisser apparaître son abattement. Cette lassitude qui ne la quittait plus depuis deux ans, ainsi que cette hargne envers le monde. Puissante, tenace et dévastatrice. La terre entière était son ennemie. Comme pour canaliser cette rage, la demoiselle attrapa une figurine qu'elle brisa en deux, s'écorchant les doigts au passage. Exutoire bien dérisoire en comparaison de toute la rancœur qui l'habitait. Mais elle n'avait trouvé rien de mieux. Le sang coulait le long de ses doigts, à présent- bien que cela ne l'alarma pas outre mesure. A la limite, le rouge vermeille du liquide glissant le long de sa peau satinée la fascinait. D'une fascination malsaine, perverse. La douleur. La seule chose qui la raccrochait un temps soit peu à cette vie- cette chienne de vie qu'elle haïssait par dessus tout. Oh, bien sûr, se mutiler ne faisait pas partie de ses passe-temps favoris. Mais, quand il lui arrivait, par accident, de se blesser dans un accès de rage, Elly ne faisait jamais grand chose pour se soigner. Auto-destructrice jusqu'au bout des ongles, elle pouvait être une vraie teigne. Enfin, depuis quelques mois, elle s'était calmée, canalisant sa frustration, se freinant dans ses actions ; faisant croire à n'importe qui qu'elle avait changé. Qu'elle s'était assagie et avait décidé de se reprendre en main. La bonne blague ! Le seul à ne pas être dupe était Matthéo. Peut-être à cause de cette fois où ce gosse pourri gâté l'avait surprise dans la salle de bain- un jour où elle était revenue à la demeure familiale, à crier corps et âme, alors qu'elle se pensait seule dans l'immense manoir qui servait de maison à sa mère à présent ? D'un autre côté, elle n'avait rien à faire de l'opinion de Matt. A qui ce rêveur pourrait-il bien parler de ce qu'il avait vu ? Qui pourrait croire que la charmante et intelligente Ellyane-Seel ferait une chose pareille ? Un truc aussi fou ? Personne, assurément. Soupirant, la jeune fille revint péniblement à la réalité et alla rincer et panser sa main meurtrie. Il s'agissait de ne pas laisser trop de traces évidentes non plus. Des fois qu'ils deviendraient quand même suspicieux. On était jamais trop prudents, après tout. Une fois sa main soignée, la demoiselle revint vers son lit sur lequel elle s'allongea lourdement. Ses yeux se perdirent dans le vague de son plafond tandis qu'une déferlante de chagrin la submergeait. Aussi intense qu'au premier jour. Les personnes qui affirmaient que ça passait avec le temps, que ça devenait supportable, étaient tous des imbéciles profonds. Rien ne passait. Rien n'était oublié. Tout lui revenait en mémoire, dés qu'elle s'arrêtait un instant, dés qu'elle se posait un temps soit peu. C'était comme une torture sans fin. Torture qu'elle s'infligeait en quelque sorte à elle même. Car, avouons-le, elle n'avait pas envie d'oublier, de passer à autre chose. Elle aurait l'impression de trahir son frère, ce faisant. Se recroquevillant en position fœtal, Ellyane enroula ses bras tout autour d'elle, en attendant que la vague de douleur ne passe. Comme pour éviter de se briser, de s'éparpiller en milliers de petits morceaux de chagrin à l'état pur. Le souffle coupé, elle s’imaginât que c'était les bras de son frère qui l'enserraient. Comme quand ils étaient petits et qu'il chassait ses cauchemars d'une simple étreinte. Elle l'entendait encore. « Chut, ça va passer petite Elly. Ça va passer » Seulement, ça ne passait pas. Ça ne passerait jamais. Il n'était plus là. Plus là pour sécher ses larmes, pour chasser ses démons. En réalité c'était lui, maintenant, son démon. Le fantôme de ses nuits agitées. Pourtant, elle n'était pas seule. Enfin, elle ne l'avait pas été pendant tout un temps. Devon. Le seul vraiment capable de la réconforter, comme Valeryan le faisait. Le seul qui la comprenait vraiment. Celui avec qui elle avait commencé sa longue chute vers les enfers. Ils s'étaient brûlés les ailes l'un l'autre, parfaitement conscients de ce qu'ils faisaient. Leur relation avait été aussi brève qu'intense et aussi bénéfique que destructrice. Ils s'étaient usés, en l'espace d'un an et quelques mois. Le jeune homme avait réussi à combler en partie le trou béant que'Ellyane avait l'impression constante d'avoir dans la poitrine. Ce trou sans fond qui l'empêchait souvent de respirer. Empreinte indélébile laissée par la perte d'un être cher. Une personne qu'ils avaient touts deux aimés, chacun à sa façon. Et puis leur semblant d'histoire s'était achevée. Aussi vite qu'elle avait commencé et de la même manière : sur une tension palpable. Elle n'avait pas cherché à le recontacter. Il ne voulait plus la voir, tant pis. Elle apprendrait à vivre avec sa peine, sans lui. Du moins, c'était ce qu'elle s'était dit sur le moment. Que ce serait facile, qu'elle n'avait pas besoin de lui. Seulement, certaines habitudes étaient difficiles à perdre, surtout les mauvaises. Or Elly se prenait souvent à regretter leurs soirées à deux. Leurs conneries. La chaleur du corps de son compagnon d'infortune. La perte et la peine qui semblaient les lier l'un à l'autre. Ce soir, plus que tout autre soir en six mois, l'absence de contact se faisait insupportable. Un vrai supplice, s'additionnant à la torture constante de son âme... Une larme, puis deux et ensuite un torrent commença à s'écouler des yeux de la jeune femme. Trop de peine pour une seule personne. Trop de douleur pour ce pauvre petit corps chétif, ces frêles épaules. Se redressant, la jeune-femme attrapa une bouteille dissimulée sous son lit et s'envoya une bonne rasade de vodka. L'oubli par l'alcool, glisser ensuite dans l'inconscience. Que ce serait bon...
Mais au lieu de cela, elle se retrouva devant l'appartement de Devon, sans trop savoir comment elle avait fini par atterrir là. Comme dans un rêve. Un peu comme un appel à l'aide, désespéré. Pathétique. D'autant plus qu'il n'était pas le genre de type à avoir un complexe du héros. Et pourtant, dieu savait qu'il s'était déjà montré patient, presque bienveillant. Sans trop savoir ce qu'elle faisait, Ellyane finit- après un temps d'hésitation infini- par frapper doucement à la porte de son... Son quoi ? Ami ? Le terme convenait-il ? Coupant à court ses interrogations bizarres internes, Devon apparu à la porte. « Qu’est-ce que tu fais là ? » Honnêtement ? Elle n'en avait aucune idée. Elle avait simplement pensé à lui, et voilà qu'elle était sur son palier, avec son air de chien battu- pathétique, à n'en pas douter. « Le bar, c’est de l’autre côté de la rue, pas ici. » Piquée au vif par cette remarque, la demoiselle fit la moue- bien qu'au vu de son état actuel, elle devait admettre qu'elle l'avait cherché, même si ça lui faisait mal de le faire. « Merci, mais je pense ne pas avoir perdu tout discernement non plus. » Elle n'avait mis aucune malice dans cette réponse, juste une sincérité troublante. Détachée de tout, comme à son habitude maintenant.« Est-ce que ça va ? » Elle soupira. La question de sa vie... « Honnêtement ? Je ne connais même plus le sens du terme « aller bien ». » Un rictus déforma fugacement son visage. Elle allait exaspérer son interlocuteur. Preuve en était qu'elle n'était pas vraiment désirée ici, elle le savait bien. Mais, d'un autre côté, elle n'avait personne d'autre vers qui se tourner. « Pauvre petite Elly, tu dois te dire. Elle ne passera jamais à autre chose... » Voilà qu'elle utilisait une auto-dérision mal-placée à présent. Génial ! Se reprenant légèrement, elle tenta de se redonner bonne figure. Un léger sourire, presque sincère, s'installa sur ses lèvres. « Tu m'invites à entrer ? » Elle courrait vers leur perte en demandant à passer du temps ensemble. Elle en était parfaitement consciente ; mais ne pouvait s'en empêcher. La présence du jeune homme était comme une drogue pour elle. Un anesthésiant au monde cruel qui l'entourait.