« Qu’est-ce qu’on a ? » « Femme d’une cinquantaine d’année, inconsciente et qui ne réagit plus aux sollicitations de son fils » Ni de flammes ni de chaleur étouffante à affronter, Tylian en était presque déçu, devant se résoudre à ce qui ressemblait a une simple intervention aux yeux de toute l’équipe. La sirène du camion se faisait entendre sur plusieurs mètres, imposant ainsi a tout autre véhicule de s’écarter afin d’atteindre le plus rapidement possible les lieux de l’accident. Comme à chaque fois, la concentration et l’inquiétude se lisaient sur le visage de ces collègues, tandis que la sérénité –ou l’indifférence- empruntait chaque trait du sien. « On dirait que l’on arrive trop tard » « Quoi ? Comment ça ? » Tous eurent le même réflexe, se penchant légèrement en direction de l’une des fenêtres du véhicule pour se faire sa propre idée de la situation. La police était présente sur les lieux, tout comme un groupe d’individus dont la curiosité avoisinait le voyeurisme. Visiblement, ce qui devait être une simple intervention évoluait en quelque chose de beaucoup plus sérieux.

Sacs et affaires de premiers secours sous le bras, Tylian suivit l’un de ces collègues qui s’en était allé à la rencontre de la police, ne pouvant quitter les lieux sans un mot. « Nous avons été appelé par un jeune homme dont la mère aurait perdu connaissance. Un certain….Nathan O’donnel. Ils vivent dans cet immeuble » « Ah… L’ennui est que cet individu s’est enfermé avec sa mère dans son appartement. Il refuse tout dialogue si ce n’est avec sa conseillère d’insertion et de probation. Elle a perdu connaissance vous dites ?! » « C’est ce qu’il prétend et au vu des éléments qu’il a fourni, nous devons intervenir rapidement.» De quoi susciter l’intérêt de notre jeune homme, toujours à l’affut de nouvelles aventures. Intrigué, son regard parcouru les alentours, observant quelques agents de police qui n’avaient de cesse de s’agiter à droite et a gauche, mais aussi autour d’une demoiselle qui lui tournait le dos et dont la chevelure et la silhouette, annonçait un certain charisme. Que pouvait-il bien se passer dans cet appartement, dans la tête de cet homme pour qui il n’y avait qu’une seule issue de secours : la prison si l’on en croyait l’agent qui le décrivait comme étant un récidiviste. « Allons parler avec sa conseillère, peut-être qu’en apprenant votre présence il se fera plus raisonnable » Dociles, ils suivirent le policier en direction de la mystérieuse jeune femme, toujours au téléphone avec le repris de justice. Du moins, il l’imaginait. . « Mademoiselle Lawford ? » « Lawford ? » « Quoi tu la connais ? » Non…il ne pouvait s’agir de la même femme, il se refusait d’y croire. Pas après tant d’efforts pour ne plus penser à elle…Et pourtant, lorsqu’il découvrit son visage, son cœur pris une vive accélération, à présent en proie a de nombreux souvenirs. Comment était-ce possible ? Lui qui avait tant combattu ces sentiments, veillé a ce que beau visage ne sème plus le trouble dans son esprit, dans cette vie qu’il ne parvenait plus à gérer depuis plusieurs années maintenant. « Tylian ?! Et oh ! » « Quoi ? Hein, euh, oui ça va » « Vous êtes sûr ? Parce que vous avez mauvaise mine » « Et bien j’irai me faire une petite beauté pendant l’heure du déjeuné. En attendant nous avons femme inconsciente à faire sortir de cet appartement et vous un homme à appréhender » C’était plus fort que lui, reconnaitre ces faiblesses lui était tout bonnement impossible, si bien qu’il lui arrivait régulièrement d’être sur la défensive, voir complément désagréable avec son entourage. Un comportement qui ne fut d’ailleurs, pas une surprise pour son collègue, habitué et qui connaissait suffisamment notre jeune homme pour ne pas trop s’en inquiéter. A tord ou a raison ! « Skye…est-ce que tu peux t’arranger pour que je rentre dans l’appartement, seul et pour stabiliser l'état de sa mère ? » Skye…un prénom qu’il n’était pas prêt d’oublier, tout comme la femme qui le portait. Ce n’était pourtant pas faute d’avoir essayé ! L’appeler ainsi lui procurait une étrange sensation, entre apaisement, bonheur mais aussi appréhension. Il n’avait pas été juste envers elle, l’avait fait souffrir, autant qu’il souffrait à l’époque si ce n’est encore aujourd’hui…Il le regrettait, mais restait persuadé que tout ceci n’était pas plus mal pour elle, pour se construire une vie dans laquelle elle trouverait enfin le bonheur. « C'est hors de question ! Écoute mon gars c’est encore mon intervention et il n’est pas question qu’un gamin décide de ce qui est à faire ou non, compris ?» « Vous avez une meilleure solution ? Skye..je veux dire Mademoiselle Lawford me dira tout ce qu’il faudra savoir à son sujet. » Un fin sourire sur les lèvres, Tylian se voulait confiant, apaisé dans l’espoir que l’agent de police frôlant la quarantaine lui offre une confiance sans failles…

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La stupéfaction pouvait se lire sur son visage, tout comme la rancune qu’elle nourrissait à son encontre et qui n’était en rien une surprise pour lui. Comment pouvait-il en être autrement ? Pourquoi se jetterait-elle à son cou alors qu’il avait su la blesser dans un moment où, au contraire ; le soutien et le réconfort de ses bras aurait été le bon comportement à adopter. Non…il ne pouvait lui en vouloir, ressentant lui-même de la culpabilité bien qu’il ne saurait comment l’exprimer. Tout était si…compliqué, à commencer par la situation dans laquelle tous se trouvaient. « Je ne comprends pas ce que ça veut dire. » « Il a appelé les pompiers, inquiet de l'état de sa mère, elle est apparemment inconsciente, il vous l'a dit ? » Et voila que l’homme demandait des comptes à la jeune femme, comme ci cela avait une réelle importance dans de telles circonstances. L’urgence n’était-il pas de trouver une solution et non de remettre en cause les compétences de ces collaborateurs ? Décidément cet homme lui était complètement antipathique, brassant de l’air à tout va sans être lui-même dans la capacité de faire ce pourquoi il était venu. « S'il est inquiet pour sa mère, c'est bon signe, on pourrait le convaincre de la laisser partir et vous pourrez alors l’appréhender pour lui poser des questions. » Un discours plein de bon sens et qui ressemblait bien à la jeune femme, jamais à cours de courage et d’espoir envers et pour son prochain. Allez savoir comment, elle parvenait à voir le meilleur en chacun, à croire qu’il était toujours possible de changer et cela, après bien des erreurs. Une qualité qu’il appréciait fortement, bien que notre jeune homme fut dans l’incapacité de recevoir son aide par le passé et par des temps difficiles. « Ou pour le renvoyer en prison. » C’est ce que l’on appelait mettre les pieds dans le plat, sachant pertinemment que ce genre de discours déplairait à celle qui fut autrefois sa belle sœur, ou presque. Il ne pu d’ailleurs, s’empêcher de grimacer, inquiétant par la même occasion son collègue qui n’y comprenait plus grand-chose au point de lui chuchoter un petit « Quoi ? Qu’est-ce qui y’a ? » Une question qui ne tarda pas à trouver sa réponse en la personne d’une Skye au caractère toujours bien trempé. « C'est à cause de ce comportement qu'il ne veut parler qu'à moi ou qu'il a appelé les pompiers, laissez-moi y aller avec Monsieur Lawrens, je suis sûre de pouvoir le calmer le temps qu'il évacue la mère. » « Pardon ?! » De quoi lui faire regretter ces dernières pensées, y voyant là un discours pour le moins déplaisant et dépourvu de tout bon sens. Et si cet homme était dangereux ? Après tout, ne retenait-il pas sa mère en otage et cela, malgré sa perte de connaissance ? Pour en reprendre les mimiques verbales de l’agent de police, il en était HORS DE QUESTION. « S'il est armé ... » Et bien tout espoir n’était pas perdu ! L’homme daignait enfin reprendre ces esprits et tenir un discours digne de l’insigne qu’il portait avec tant de fierté. « Il ne voudra pas coopérer si vous êtes dans le coin, vous aurez des agents prêts à intervenir mais rien ne laisse à penser qu'il soit armé ! » Mais c’était sans compter sur la détermination de Skye, jamais à court de bons arguments et qui se révélait bien souvent sans failles. L’agent fut d’ailleurs bien incapable de lui tenir tête plus longtemps, se résignant à accéder à sa requête en allant prévenir le restant des forces de l’ordre.

[color=indigo] « Bon bah c’est super, tout s’arrange Ah Ah!! »[ /color] La bonne humeur retrouvée de son collègue n’était en rien compatible avec celle de Tylian, à présent contrarié de la tournure des évènements. Pas même la petite tappe dans le creux de son épaule parvint à lui arracher un sourire, décrochant simplement un regard qui suffit à le rappeler à l’ordre. « Ahem, je vais prévenir les gars et le central que ça va prendre un peu plus de temps que prévu » A présent seul, son regard vint à la rencontre de la jeune femme, plus décidée que jamais à le suivre dans cet immeuble. « On y va ensemble ou tu n'y vas pas. » L’envie de débattre sur sa sécurité était plus que présente, mais Tylian connaissait suffisamment la demoiselle pour savoir quel serait son discours sur son côté surprotecteur après tant d’années et d’épreuves. (cf gif ^^) Oui…il se savait en position de faiblesse, ne pouvant exiger un comportement raisonnable quand lui-même fut incapable de répondre à ses attentes. Croisant les bras, il ne lui restait plus qu’à se résoudre à cette seule option, sachant pertinemment qu’il n’obtiendrait ni le dernier mot, ni la sécurité de la vieille femme en s’engageant dans une confrontation sans fin. « Les dames d’abord »
L’agent de police ne tarda pas à revenir vers eux, tout comme le collègue de Tylian, finalement guère rassuré de laisser l’un de ces hommes s’en aller seul sur cette intervention, ou du moins…sans l’un d’entre eux. Quelques minutes plus tard et après la mise au point d’un signal ‘d’alarme’ en cas de danger, tout deux firent leur entrée dans l’immeuble, grimpant une à une les marches de l’escalier dans un silence quasi religieux. A chaque étage son souvenir, revoyant la demoiselle se présenter à lui comme la petite amie de son frère. Belle à en couper votre souffle, ne sachant plus trop s’il devait se réjouir pour son jumeau ou l’envier d’avoir obtenu les grâces d’une fille comme on en voyait peu de nos jours. Vinrent ensuite une forte complicité doublée d’une gêne lorsque leurs regards et leurs mains furent amenés à se croiser maladroitement au dessus d’une assiette d’apéritifs. La douceur de sa peau, son regard, son sourire, tant de charme qui lui était impossible de nier, d’oublier. Comment donc briser la glace, profiter de ce petit tête-à-tête dans une cage d’escalier pour en apprendre davantage sur la personne qu’elle était devenue après tant d’années ? Etait-ce vraiment raisonnable ? Non…il ne devait en aucun cas céder à ces désirs, succomber à la tentation de renouer avec un passé tout aussi douloureux pour elle que pour lui.
Quatrième et dernier étage, Tylian venant se positionner devant la porte de l’occupant au comportement plus que douteux. Pris d’hésitation, son regard vint se figer un court instant sur la porte pour finalement retrouver celui de la jeune femme. Etait-elle vraiment certaine de vouloir franchir le seuil de la porte ? Assurément elle ne ferait pas demi-tour, si bien qu’il ne prit même pas la peine de lui poser la question, connaissant que trop bien sa réponse et le ton qu’elle aurait employé à cet effet. Son frère devait se retourner dans sa tombe, lui aurait botté les fesses pour avoir laissé son grand amour se mettre en danger de la sorte. Bon sang ! Peut-être aurait-il mieux fait de lui tenir tête, de lui expliquer que contrairement à la vieille femme, elle avait toute sa vie devant elle ? Peine perdue ! Dans un léger soupir, Tylian cogna délicatement contre la porte, lâchant un « Surtout ne t’éloignes pas de moi » à demi mot et avant de faire face à la porte fermée à double tour.
Lorsque l’homme daigna enfin ouvrir sa porte, une main de fer vint s’abattre sur l’uniforme de notre jeune homme, l’amenant avec force à l’intérieur de l’appartement afin de le plaquer contre un mur. « Dépêchez-vous d’entrer ! Dépêchez-vous je vous dis ! » Le ton qu’il employait avec Skye laissait amplement entrevoir la peur d’être arrêté, d’être dupé par n’importe quel stratagème monté de toutes pièces par les forces de l’ordre. « Super…encore un qui a trop abusé des films policiers… » « Qu’est-que tu as dis toi hein ? HEIN ? Tu te crois drôle ? » Et voila qu’il se faisait menaçant, le cognant une nouvelle fois contre le mur tel une vieille marionnette dépourvu de toute vie. Un comportement violent qui bien évidemment n’était pas au goût de notre jeune homme, mais qui cependant, ne parvenait pas à le mettre hors de lui. Du moins pour le moment, son but premier étant de détourner son attention afin qu’il ne réserve pas le même sort à sa conseillère. « Du calme Cowboy, sinon comment veux-tu que j’aide ta mère ? D’ailleurs j’aurai bien besoin d’un peu d’espace pour ça. Que dirais-tu de me lâcher et de mener à elle ? » Méfiant, le colosse pris le temps de la réflexion, lâchant Tylian après s’être assuré que la porte était à nouveau verrouillée. Une fois fait, ils n’eurent plus qu’à suivre le guide, s’enfonçant un peu plus dans l’appartement et l’incertitude…
« Elle est là. Tu vas l’aider hein ? T’as intérêt de l’aider tu m’entends ?! » Si ces paroles prenaient des airs de menaces, Lawrens n’y prêta pas une grande attention, adressant simplement un regard à Skye pour s’assurer que cette dernière se trouvait non de loin de lui. Car bien évidemment, il ne serait plus question de coopérer si la demoiselle se trouvait en danger, bien au contraire…Attrapant son sac de premiers secours, il ne lui restait plus qu’à faire le travail pour lequel il était payé depuis plusieurs années maintenant, vérifiant les constantes de la mère tandis que celles du fils, devaient très certainement atteindre des sommets…

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