viendras-tu ? - drizzle

Mais toi, tu n'veux pas le croire. Tu préfères lui dire qu'il est fou, qu'il se trompe, tu préfères te dire qu'il le pense pas vraiment. Savoir que c'est vrai pour lui, ça te ferait du mal et ça lui en ferait encore plus à lui, parce que t'aurais rien à lui répondre. Quoique. Si tu cherches vraiment, y a une réponse qui attend là depuis des années. Mais tu la gardes prisonnière au fond de toi comme un bijou empoisonné qui lentement te contamine. Il ne semble pas te trouver trop trop folle quand tu te mets à rire. Tu finis par te calmer et le regarde simplement. Non, tu ne le regardes pas vraiment. En fait, tu le dévores des yeux. Tu écrases aussi ta clope par la même occasion.
Il s'allonge, tu te laisses faire, étrangement docile dans ces moments-là. Tu poses ta joue contre la sienne et fermes doucement les yeux, mais ne vous méprenez pas, tu veux pas dormir. Non, tu essaies toujours de faire durer au maximum, quitte à t'endormir lorsque tes paupières sont trop lourdes pour être maintenues ouvertes par toi-même. « J'veux pas que tu repartes... » Tu frissonnes. T'es prise par les sentiments et tu détestes ça, parce que tu n'sais pas gérer, ça. Toi quand ça arrive généralement, tu sors un truc au deuxième degré et ça passe. Mais là, t'as peur qu'il le prenne mal ou t'en sais rien. Mais tu veux lui répondre quoi ? Que toi aussi ? Que toi non ? T'en sais rien.. Alors, t'optes pour une connerie. « On peut toujours garder les volets fermés demain, on fera durer la nuit pendant deux jours. » fais-tu d'un petit ton enfantin, naïf, inconscient... puérilement tendre. Ouais, c'est tendre, doux, affectueux, bref il te fout dans un état qui ne te ressemble pas. Qui ne te ressemble plus. Tu te penches doucement, venant chercher ses lèvres dans un baiser plein de tendresse. Ça change de la fièvre de tout à l'heure. Finalement, sans un mot, tu te décales juste pour te mettre à côté de lui et non plus sur lui, ta main toujours posée sur son torse comme si tu gardais un territoire privé. Tu enroules tes jambes aux siennes et viens te blottir droit dans ses bras. « Tu sais, je.., t'hésites, mais l'alcool a toujours raison de toi et tu finis toujours par dire des choses que tu devrais pas, j'ai jamais voulu te faire du mal. Tu mérites.. tellement mieux.. » Ta voix s'est essoufflée vers la fin et malgré l'alcool qui te pousse à avouer ça, tu es sincère. Tu le penses vraiment. Comment ne pourrait-il pas mériter mieux que toi, hein ?

C'est trop tard oui, on est là, l'un contre l'air, je sens son souffle dans mon cou et je caresse doucement son dos. C'est trop tard. Je lui ai dit que je ne voulais pas qu'elle parte, c'est la vérité mais ça me fait chier de lui avoir dit parce que je sais pertinemment que ça ne va rien changer... En effet, ça ne change rien, car elle me répond « On peut toujours garder les volets fermés demain, on fera durer la nuit pendant deux jours. », ses paroles me pincent le coeur et je défais lentement mon étreinte. ECa tombe bien parce qu'elle s'écarte elle aussi, après m'avoir donné un baiser, sans blague, et elle vient se poser à mes côtés, elle reste près de moi cela dit et je la sens enrouler ses jambes autour des miennes, sa main toujours sur mon torse. Je passe mon bras autour d'elle, alors que je passe ma main libre sur mon front et dans mes cheveux... Sa réaction, c'était prévisible, et j'ai limite envie de vomir parce que vraiment.. ça me retourne le bide de la sentir là près de moi alors qu'elle est incapable de me dire quoi que ce soit que j'aurais réellement envie d'entendre. C'est peut être pas de sa faute. Peut être que j'en attends trop d'elle, que je me fais des films, peut être que depuis le début elle se fout de ma gueule et que je suis là comme un con.. aveugle.. Je reste silencieux parce que là maintenant tout de suite, j'ai vraiment rien à lui dire et que je risque de vomir les 3 bières et toute la téquila que j'ai ingurgité si j'ouvre la bouche. Je fixe le plafond et Drizzle reprend ensuite la parole, lentement... « Tu sais, je.. j'ai jamais voulu te faire du mal. Tu mérites.. tellement mieux.. » ah voila, la grande discussion que j'attends depuis si longtemps. Je me demande si elle est encore saoule et si c'est l'alcool qui lui fait dire ça ou si réellement, ça vient du coeur et qu'elle le pense.. Je tourne doucement la tête vers elle pour essayer de la regarder mais elle est à peine visible dans la pénombre. Je ne sais pas trop quoi lui répondre, je le sais déjà, que je mérite mieux et ça ne change rien, je reste désespérément accroché à l'espoir que ça puisse changer un jour. Non vraiment, je ne sais pas quoi lui répondre, parce que quoi je dise... quoi que je fasse, la situation ne changera pas, rien ne va changer. Surtout pas elle. Et puis je ne suis même pas sûr d'avoir envie que ça change. Après tout, elle m'a fait tellement de mal, elle est allée si loin... Je ne sais pas si je pourrais lui pardonner un jour. « Tu mens... » oui parce que j'ai la prétention de la connaître un minimum. Et j'ajoute « C'est exactement ce que tu cherchais.. Tu voulais me faire du mal parce que tu voulais que je m'éloigne. C'est ce que tu fais. » je soupire doucement et je me tourne, je reprends place au dessus d'elle en appuyant mes coudes contre le matelas, et j'essaye de croiser son regard dans le noir. Je passe ma main sur sa joue. « Tu sais que t'as le droit d'être heureuse toi aussi? Comme tout le monde. » Mes mains passent sur ses cuisses et j'ai chaud. J'ai même super chaud d'un coup et c'est bizarre, j'ai l'impression que c'est encore cette foutue tension entre nous et c'est à mon tour de venir l'embrasser, doucement, d'abord sur les lèvres, et puis je descends pour déposer des baisers dans son cou. C'est vraiment étrange, parce que oui, 2 minutes avant j'avais presque envie de vomir, mais là, je me suis irrémédiablement attiré par elle. Comme si ses paroles voulaient marquer une certaine fin que je refuse d'accepter.

Tu sais que t'aurais jamais dû dire ça, t'aurais jamais dû te dévoiler ainsi. Mais il mérite de le savoir, non ? Il mérite de comprendre que c'est pas avec un plaisir sadique que tu lui fais ainsi du mal et que tu t'en fais par la même occasion. Si c'était le cas, c'est pas ici qu'il faudrait que tu sois mais dans un asile. « Tu mens... » T'arrives même pas à répliquer, à le contredire. Tu n'sais pas pourquoi il dit ça, mais tu devines qu'il y a des arguments sous roche. Alors tu attends, sagement pour une fois. Histoire de pas lui compliquer trop la tâche, déjà qu'il a l'équivalent du diable dans le corps d'une poupée à gérer. Alias toi. « C'est exactement ce que tu cherchais.. Tu voulais me faire du mal parce que tu voulais que je m'éloigne. C'est ce que tu fais. » Il a raison. Ça, c'est vrai. Tu détournes le regard, tu fuies le sien, t'as pas l'audace de l'affronter. Tristement presque, tu avoues alors à demi-voix : « Mais visiblement, ça ne marche pas.. » C'est même pas un reproche. T'as une voix de résignée, comme si c'était la fatalité qui en avait décidé ainsi. Il se met soudain au-dessus de toi. Son regard se fige dans le sien à la manière d'un poignard et tu ne cherches plus à le fuir ; juste à t'y noyer. « Tu sais que t'as le droit d'être heureuse toi aussi? Comme tout le monde. » Ses mains sur tes cuisses t'arrachent une nouvelle bouffée de chaleur. T'arrives même pas à te concentrer sur ce qu'il vient de dire; il t'embrasse de nouveau. C'est tellement doux que ça fait mal, là au fond de toi. Mais tu t'en délectes. Tu ne peux réprimer un long soupir quand il vient embrasser ton cou et tes mains se glissent sur le haut de son dos, puis descendent à ton tour jusqu'à ses fesses que tu utilises pour le garder tout contre toi. De nouveau, t'as chaud. De nouveau, t'as envie de lui. Y a un truc physique, chimique, psychique, tu sais pas mais tu contrôles plus rien quand il est là. Surtout quand il t'embrasse comme ça. L'air innocent, une de tes mains passe entre vos deux corps. Tu caresses doucement l'objet de tes attentes et te redresses légèrement pour murmurer à son oreille que tu mordilles sensuellement. « Tu me rendras complètement folle, Orion. » Et sur ce coup-là, t'es une sale menteuse. Ben ouais. Ça fait belle lurette qu'il t'a déjà rendue complètement folle de lui.

« Mais visiblement, ça ne marche pas.. » dit Drizzle avant que je ne vienne au dessus d'elle et c'est peu de le dire. Ca ne marche pas. Je ne sais pas ce qu'il faudrait qu'elle me fasse pour que sa technique de dissuasion fonctionne réellement. Peut être une réelle trahison, quelque chose que je considèrerais vraiment comme un manque de discernement et de respect. Parce que coucher à droite et à gauche... Oui, ça me rend dingue et ça m'énerve qu'elle le fasse mais puisqu'on est plus ensemble, je ne peux pas réellement le lui reprocher et je sais qu'elle fait ça uniquement dans le but de m'emmerder. Je fais pareille aussi, donc forcément.
Je n'ai pas spécialement envie de m'attarder sur le sujet parce que je n'ai pas envie de me prendre la tête avec elle, je n'ai pas envie de parler de ça maintenant et il y aura sûrement une autre occasion, plus propice à la discussion. J'ai à nouveau envie d'elle, c'est plus fort que moi. Mes mains se baladent le long de ses cuisses et je la sens lentement succomber sous mes baisers alors qu'elle caresse mon dos, puis je sens sa main qui descend, elle passe sur mon boxer et il semble que nous allons remettre ça, qu'elle en a présent autant envie que moi. Une chose est sûre, c'est qu'on est décidé à profiter de cet instant ensemble et je suis bien content, forcément, parce que ça m'aurait embêté si elle m'avait dit qu'elle préfèrerait dormir maintenant et ce n'est pas seulement une question de sexe, même si là maintenant tout de suite, oui, c'est de ça qu'il s'agit... Et peut être qu'après ça nous allons nous endormir, ou peut être que nous continuerons à discuter et à parler du temps perdu. « Tu me rendras complètement folle, Orion. » elle souffle, et quand je l'embrasse je peux encore sentir le goût de la cigarette sur ses lèvres. Je souris parce qu'au fond je pense comme elle. Qu'on finira sûrement fous si ce n'est pas déjà le cas. Et ma main se faufile habilement entre ses cuisses puis sous sa culotte, le seul vêtement qu'elle porte à ce moment là, et sans trop attendre je lui retire à nouveau. Et c'est reparti.

Je commence à ressentir une légère fatigue. C'est probablement à cause de l'endorphine. Ce truc qui donne envie de dormir après le sexe. Je n'ai pas envie mais je suis là allongé près d'elle et je m'en sens partir tout doucement. Mais avec un peu de chance elle ne s'en ira pas demain matin tout de suite après son réveil comme elle fait sûrement avec les autres. Qui sait?

Tu ne veux pas parler non plus. Pas question. Pas besoin de parler, vous tournez en rond de toute façon. Tu veux juste profiter de lui, de toi, de ce "vous" qui ne veut pas exister et qui ne veut pas disparaître pourtant. Ses mains glissent sur toi, tu te cambres, tu veux te fondre dans son étreinte pour oublier qui il est, qui tu es. Pour oublier le mal que tu lui fais, encore et encore. Et pourtant il est toujours là. Là contre toi, une fois la nuit tombée et le masque révélé au grand public. Il sait qui tu es. Ça te tue parfois. Il connait tout de toi. Tes failles, tes blessures, tes faiblesses. L'histoire de Louis, la perte qui saigne encore là dans ton corps, tout. Et ça te fait froid dans le dos, parce qu'après Andy, c'est sans doute celui qui te connait le mieux. Tu oublies ça pour le moment et te concentres sur cette nouvelle étreinte, sur ce nouveau plaisir, plus fort encore peut-être que le précédent parce qu'il est sa suite. Tu fermes les yeux et soupires un nuage de bonheur, semble-t-il.

Tu commences à fatiguer, toi aussi. T'as pas envie de dormir parce que t'as trop peur de te réveiller. Blottie contre lui comme c'est pas permis, l'enlaçant, tu l'observes s'endormir. Tu penses à tout ça. À ce vous dont tu ne veux pas entendre parler. Il t'aime, il te l'a toujours dit, et il t'aime encore sinon il ne serait pas là, accroché à tes phalanges. Et toi ? Bien sûr que tu l'aimes. Tu brûlerais vive pour lui s'il le fallait. Mais l'accepter, c'est une autre histoire. Tu embrasses son torse parfait et fermes les yeux. Cette nuit, tu rêves de ces enfants que vous n'aurez peut-être jamais.

Quand tu ouvres les yeux, il fait encore sombre. Pour cause, les volets sont fermés et conservent l'ambiance naïve et secrète de la nuit. Cette nuit qui vous enferme dans vos espoirs déjà déchus avant même d'avoir été réalisés. Tu bouges un peu, tu t'éveilles, mais tu ne veux pas voir ce soleil. Ce soleil qui vous cramera les ailes. Tu l'embrasses tendrement. Oui, c'est une certaine forme de tendresse, surtout chez toi. Puis tu reposes ta tête sur son torse, l'observant de ces grands yeux bleus qui sont les siens. Tu t'es levée une fois cette nuit, pour aller aux toilettes peut-être, tes pensées étaient encore confuses d'ivresses. Sa montre n'est plus sur la table, mais ça, c'est déjà à peine si tu t'en souviens. Une pulsion, une impulsion; une maladie, oui.

Je lève le menton pour regarder vers la fenêtre, les volets sont fermés et je suis incapable d'estimer l'heure qu'il est quand je me réveille et j'espère qu'il n'est pas trop tard, parce que je travaille cet après-midi. J'embrasse Drizzle sur le front et me redresse durement pour me lever et marcher jusqu'à la salle de bain. J'ai du mal à émerger et il est préférable de ne pas me parler pendant les premières minutes suivant mon réveil. Ça a tendance à me mettre de mauvaise humeur du coup je m'enferme dans la salle de bain pour prendre une douche, rapide, cinq minutes pas plus, puis je ressors et j'enfile simplement un caleçon avant de retrouver Drizzle dans la chambre et je lui propose un café avant d'ouvrir les volets et de voir qu'il fait jour dehors. Un beau soleil. Je cherche alors mon portable pour regarder l'heure et il est 10h30, ce qui nous laisse encore un peu de temps, alors je l'invite à venir dans le salon pour prendre un petit-déjeuner et nous nous installons tranquillement. J'ai l'impression d'être encore tout penaud, comme si c'était la première fois que je me réveillais à côté d'elle et que j'avais envie de lui faire plaisir, qu'elle soit bien... On déjeune sur le canapé et je viens parfois passer mes bras autour d'elle pour la serrer contre moi, comme ça, quand elle ne s'y attend pas, juste parce que j'en ai envie, et quand il est presque midi, je me bouge jusqu'à la chambre pour enfiler des fringues. Et je cherche ma montre. C'est une Hermes, elle m'a couté une blinde mais c'est le cadeau que je me suis offert pour me féliciter de mon premier salaire de vendeur il y a de ça quelques mois et vraiment... Je l'aime. J'me sens comme une fille avec des nouvelles chaussures quand je la porte. Sauf que c'est une montre, qu'elle est canon et qu'elle n'est plus là où je l'ai posé hier soir, je m'en rappelle parfaitement, elle était sur la table de chevet et là, elle n'y est plus. J'accorde le bénéfice du doute à Drizzle et je commence tout doucement à m'énerver alors que je regarde sous le lit et dans le tiroir de la table de chevet. Je vérifie dans le pantalon que je portais la veille, des fois que je deviendrais taré, puis dans ma veste.. Puis un peu partout dans la chambre et ensuite dans la salle de bain. Et oui, tout doucement, ça commence vraiment à m'énerver, ça monte doucement et j'évite soigneusement le salon pour ne pas croiser le regard de Drizzle pendant ma recherche, parce que si c'est elle, elle doit vraiment bien me prendre pour un con, et plus je cherche, plus je me dis que c'est elle. Pas que j'ai envie d'y croire... Parce que ça m'arrangerait que ce soit pas elle. Alors pour en avoir le coeur net je décide de fouiller dans son sac. Et je la trouve dans une petite poche.

Et mon sang ne fait qu'un tour. Je l'ai à peine retrouvé que je débarque dans le salon, la montre en main. Et je la fais glisser violemment sur la table basse avant de la regarder. « Au pire la prochaine fois si tu veux quelque chose, tu demandes ? Si tu la voulais, j'aurais pu te la filer.. » je lui reproche en espérant qu'elle va se sentir BIEN stupide. Mais je sais que quoi qu'elle me réponde, ça va me rendre dingue. Et je ne lui laisse pas vraiment le temps de dire quelque chose. « T'as un gros soucis Drizzle, sérieux.. Va te faire soigner ? T'oses me dire que t'as jamais voulu me faire de mal et t'essayes de me voler? Je sais ce que tu cherches, tu veux juste foutre la merde, encore, pour me donner une bonne raison de plus vouloir te voir. T'es une putain d'égoïste. » J'ai envie de l'insulter. Et elle me dégoûte vraiment. « T'sais.. J'étais à la limite de te dire qu'on pourrait réessayer d'être ensemble, que ça pourrait marcher si on essayait chacun de notre côté de faire ce qu'il faut mais tu t'en fous tellement... Pauvre fille. »

Toi aussi t'as l'impression que vous venez de vous rencontrer. Que tu te demandes comment il est au matin, que tu veux savoir s'il est gentleman, s'il te propose le petit déjeuner, s'il est capable de te combler. Comme si tu t'accordais un nouveau départ. Tu parles. Tu l'as déjà gâché, ce putain de départ, Drizzle. Tu gâches toujours une histoire avant même de l'avoir commencée de toute façon. Alors à quoi bon ? Il ouvre les volets. Le soleil t'éblouit, le soleil te fait comprendre qu'il n'est plus minuit, qu'il fait jour, qu'il va venir un moment où tout va déraper. Parce que ça doit se passer comme ça, c'est presque écrit. Vous déjeunez sur le canapé, il règne cette ambiance bon enfant que tu ne connais habituellement que le soir. Ça te fait drôle. Mais t'aimes bien ça. Il t'entoure parfois de ses bras et tu te laisses aller dans ses étreintes. T'aurais envie de l'embrasser, de lui murmurer des "mon amour" à l'oreille, de faire comme tout le monde. Mais t'es pas comme tout le monde. Il doit sérieusement y avoir une connexion qui a sauté quand t'étais gosse. Deux neurones qui ne sont plus reliés. N'importe quoi, mais il a dû se passer un truc pour te faire disjoncter ainsi.

Puis il se met à chercher. Tu te souviens, oui. Tu n'voulais pas le faire. Mais cette putain de montre t'obsédait avec un semblant de folie. Oui, de folie. Tu es malade Drizzle. Il revient dans le salon avec la preuve de son vol et tu l'écoutes – ou peut-être fais-tu semblant – sans réagir d'abord. Cette nuit, ça a été plus fort que toi. Une offrande. Elle était là, si belle, éclairée par le clair-obscur d'un rayon de lune. Comment résister ? On ne t'a pas appris à suivre de règles. On t'a appris à les enfreindre. Très calme, tu hoches la tête. Tu es d'accord avec lui : t'es qu'une putain d'égoïste, c'est inscrit sur ton front, tu vis pour toi et pour personne d'autre. Dans ton mécanisme d'autodestruction, tu entraînes pourtant d'autres personnes et ça, ce n'est pas volontaire. T'aimerais qu'on te laisse te foutre en l'air toute seule. Mais non, bien sûr, trop simple. À ses dernières phrases, tu te lèves impulsivement. Tu t'approches de lui, repoussant sa main qui tient sa montre. Le butin ne t'intéresse plus. C'est le challenge qui te motive, encore et toujours. Tu te plantes face à lui, jetant l'encre de tes yeux dans les siens. « Tu sais quoi Orion ? Ça ne marchera jamais entre nous. Et tu sais pourquoi ? Parce que t'as jamais été capable d'accepter ça, d'accepter que c'était vital pour moi. Que j'y pouvais rien. » Tu siffles, en colère, mais brûlant d'une colère calme et froide. Pourtant tu te rapproches. Tu frôles ses lèvres. Qu'il te les morde s'il veut vraiment te repousser, s'il pense vraiment tout ce qu'il dit. « Tu as raison, oui. Je suis malade. Fais-moi enfermer alors ! Emmène-moi chez un psy si tu le veux ! Ça ne changera rien, tu comprends ? Je peux.. j'arrive pas à arrêter ça.. » La dernière phrase. Une voix tremblotante, une voix sincère, un problème mis à nu. Tu déglutis, il faut que tu te reprennes, que tu effaces cette faiblesse. Tu remets ton masque. Comme une simple comédienne, comme la meilleure des maquilleuses. Tu te recules alors. « Moi aussi j'y ai cru à ce nouveau départ. Mais visiblement, j'ai pas changé et toi non plus. Faut p't'être se rendre à l'évidence. » À l'évidence de quoi ? Que vous ne pouvez pas vivre ensemble mais pas l'un sans l'autre non plus ? Tu ne le montres pas, mais tu t'en veux oui. Parce que tu dis vrai ; la soirée a été parfaite, ce matin aussi.. oui tu y as cru. Alors tu t'en veux d'avoir tout gâché. Mais ta fierté démesurée ne te laisseras sûrement pas l'avouer, du moins pas là maintenant. Tu le toises, tu le défis. Qu'il te foute dehors s'il veut vraiment te rayer de sa vie. Ça te donnera une raison de plus de continuer ta machinerie implacable qu'est celle de l'agonie à petit feu.

Drizzle se lève, elle est en colère visiblement. Je la regarde, nos yeux se croisent et se fixent avec un mépris sans limite et plus elle parle, plus j'ai envie de la faire taire ou de la secouer pour qu'elle se réveille, parce que tout ce qu'elle dit ça me brise le coeur et c'est que des conneries. Des conneries qu'elle ressasse depuis un moment déjà et que je ne veux pas avouer. Le problème c'est que ça n'a pas de fin et que ça ne finira sûrement jamais... Elle me reproche de ne pas l'accepter et j'ai presque envie de lui rire au nez tellement je trouve ça ridicule, parce qu'elle, elle ne comprend pas que ce n'est pas sa foutue cleptomanie qui me rend dingue non, même si oui, ça m'énerve qu'elle puisse se mettre en danger, mais là maintenant tout de suite, c'est le fait qu'elle ose le faire avec moi, qu'elle n'a absolument aucun scrupule à me voler et à ne rien me dire alors que si vraiment, la tentation était si forte, si elle y mettait du sien et qu'elle ne voulait pas me faire du mal comme elle le prétend, elle le dirait. Et elle se referme comme une huitre, elle me balance qu'on a rien à faire ensemble et que ça ne marchera jamais, qu'il faut se rendre à l'évidence. En fait à l'écouter, c'est elle la victime et je suis juste le pauvre type qui ne veut pas l'accepter "comme elle est". Ça me fait bien rire, croyez moi. Je lis parfaitement dans son regard et je sais ce qu'elle attend : le conflit. Mais pas cette fois.
Je soupire, un peu dépassé par tout ça, parce que vraiment, je suis perdu, et je suis plus quoi faire avec elle. Je lui en veux mais lorsqu'elle est là j'ai vraiment l'impression que ça pourrait marcher et que c'est possible. « Pas à moi Drizzle, tes conneries comme quoi je veux pas l'accepter... Tu peux les servir à qui tu veux, mais pas à moi. Je te demande juste de pas me faire des coups dans le dos et d'être honnête. Si tu veux te foutre en l'air et piquer des trucs, vas y, je m'en fous. J'peux faire avec. Mais toi aussi, tu dois faire un effort. Tu crois que c'est difficile que pour toi ? Tu crois que ça m'amuse de savoir que tu peux te faire prendre à n'importe quel moment entrain de voler un truc ? Alors arrête de jouer les victimes. Peut être que oui, c'est plus fort que toi, mais t'es pas la seule dans l'histoire. Ouvre les yeux un peu. Putain. » Et après tout ça, je soupire à nouveau. Mon ton n'était pas énervé non, c'était plutôt calme, j'avais envie qu'elle m'écoute et qu'elle comprenne. J'avais le secret espoir que mes paroles puissent la réveiller, au moins un peu... Je passe ma main sur ma nuque avant de me pencher pour l'embrasser sur le front et je reste tout près d'elle pour lui murmurer à l'oreille, l'attirant doucement contre moi « Quoi que tu fasses je serais toujours là. Va falloir que tu l'acceptes. Parce que c'est vital, je peux rien y faire. » je reprends ses mots et ça m'amuse presque, j'ai envie de détendre l'atmosphère, que tout se passe mieux entre nous alors je viens lui donner de nouveaux baisers, sur la joue, puis près de l'oreille et un peu dans le cou.

Au fond... t'es vraiment un paradoxe. Si tu lui balances tout ça, c'est parce que tu rêves qu'il te dise non, qu'il ne soit pas d'accord, qu'il te prouve qu'il se bat déjà depuis longtemps pour t'avoir. T'as peur qu'il te dise que t'as raison. Tu n'veux pas avoir raison. Tu flippes qu'il te croie, parce que tout ça, c'est complètement faux. Pauvre petit Pinocchio. (...) Tu écoutes tout ce qu'il dit en bouillonnant. Oui tu bouillonnes parce qu'il a raison et que face à lui, t'arrives pas à le lui dire. Il est calme et c'est encore plus dur, tu ne peux pas t'énerver face à lui s'il est comme ça, ça ne marchera pas. Tu n'y arriveras pas, parce qu'il t'attendrit, parce que tu es faible encore et toujours face à lui. À la fin de son monologue, tu détournes le regard. La tête te tourne, t'as envie de vomir parce qu'il a raison et que tu te détestes. Parce que tu te rends compte que t'es vraiment une enflure. Que tu n'mérites ni lui ni Puzzle, ni l'amour d'Andy ou la sympathie de Simon. Que tu ne mérites rien. Rien sinon que de retourner cavaler dans les rues comme le beau rat des champs que tu es, perdu dans une ville trop grande pour toi. Tu respires fort. En fait, à deux doigts tu pourrais fondre en sanglots, là devant lui. Le supplier de te pardonner, lui promettre que tu vas changer, lui avouer que tu l'aimes..

« Quoi que tu fasses je serais toujours là. Va falloir que tu l'acceptes. Parce que c'est vital, je peux rien y faire. » T'arrives pas à sourire. T'as envie de te jeter d'un pont, c'est tout. Tu fuis son regard lâchement, tu ne veux pas voir ce qu'il contient parce que tu ne mérites rien de tout ça. Tu serres les dents. Il t'embrasse sur la joue, près de l'oreille, dans le cou.. et tu défailles. Tu te rapproches immédiatement de lui, le coeur gros, le regard hésitant, tu cherches ses yeux sans savoir quoi lui dire. Finalement, tu te serres contre lui et contre son torse, laisse échapper une larme aussi petite que rare, priant pour qu'il ne la sente pas. « Je suis désolée. » C'est tout ce que tu sais dire, tout ce que tu peux dire là tout de suite, et dieu sait comme c'est une phrase que tu ne dis habituellement jamais. Peut-être que ça ne lui suffira pas, mais tu peux pas faire mieux. Pas tout de suite. Tu relèves la tête et en passant ta main dans sa nuque, attire son visage vers le tien pour l'embrasser. Ça t'arrive rarement le jour de faire ça. Mais là, ça t'était vital. Tu détaches tes lèvres des siennes, gardant ton corps finement collé contre le sien. « Je... je peux rester ? » Pour la journée, pour la nuit prochaine, pour la vie peut-être; dieu sait de quoi tu parles exactement. Tu te mords la lèvre. Ta voix, calme, basse, hésitante, laisse trahir ton trouble, ta remise en question, ta faiblesse malgré ton obstination à jouer à la caïd. La logique et la raison de tout être humain normal voudrait qu'il te mette à la porte – avec une claque en prime. Mais entre vous, y a rarement eu de logique ou de raison en fait. C'était plutôt... de l'évidence.

C'est plus calme d'un coup, j'ai l'impression de la sentir perdre le contrôle et je la connais, c'est pour ça qu'il est important que je sois là maintenant. Les moments où elle laisse sa fierté insupportable de côté son rare, lui faire entendre raison est clairement l'une des tâches les plus difficile qu'il m'ait été donné et même si je pense que ce n'est que de de courte durée, qu'elle finira par divaguer encore, et bien il est important qu'elle sache que là, maintenant, je suis là pour elle, près d'elle, pour qu'elle sois heureuse, au moins quelques heures, profiter un peu, le temps que ça durera. Et peut-être que ça lui plaira, qu'elle y reprendra goût comme elle y avait pris goût à une certaine époque. Ca avait bien marché pendant un an. J'essaye de la détendre, je lui donne des baisers et elle s'approche, elle vient tout contre moi. J'aime sentir sa présence, sa chaleur.. Je passe mes bras autour d'elle pour l'étreindre longuement. Drizzle s'excuse. C'est étonnant venant de sa part mais c'est agréable de voir qu'elle a entendu ce que j'ai pu lui dire. Elle relève la tête, m'embrasse, et je ne la rejette pas, je prolonge ce baiser un instant, jusqu'à ce qu'elle y mette fin pour me demander d'une voix un peu hésitante si elle peut rester. J'esquisse un sourire et passe mes mains sur ses cuisses pour la soulever. « Autant que tu voudras. » je tourne sur moi-même en me demandant où je pourrais aller la poser et j'opte finalement pour la cuisine où je dépose Drizzle sur la table avant de l'embrasser rapidement, avec une certaine tendresse. Je m'écarte et me tourne vers la cafetière pour la mettre en route car j'ai très envie d'un café. Je dois aller travailler tout à l'heure et j'hésite pendant un instant à appeler pour leur dire que je ne viendrais pas, je n'ai pas envie que Drizzle s'en aille, j'ai envie de rester là avec elle, au moins aujourd'hui.. Je crains que si elle parte elle ne revienne peut être plus. Je ne sais pas si elle serait prête à rester ici pour m'attendre le temps que je revienne... J'hésite un instant, silencieux, et je sors une tasse d'un des placards pour la remplir de café et je me tourne vers Drizzle. « Je dois travailler cet après-midi, trois heures... Mais je peux les appeler si tu veux que je reste ici.. avec toi.. » je la regarde et boit une gorgée de café noir. Je suis plutôt satisfait que le ton ait baissé, même si j'hallucine toujours en me disant qu'elle a essayé de me voler ma montre, au pire la prochaine fois qu'elle succombera à la tentation je n'aurais qu'à lui demander de me rendre l'objet en question. Si quelque chose venait à manquer je saurais où le retrouver et peut être qu'à force, en se rendant compte que je n'y fais plus trop attention, elle arrêtera. Au moins de me piquer mes trucs à moi.

Le calme avant la tempête. Ou peut-être cette fois n'y aura-t-il pas de tempête en vue. Ton orage intérieur semble passé et tu t'excuses même. Les mots t'écorchent la bouche, parce que les excuses, c'est pas ton truc, t'y es pas habituée, tu n'sais pas vraiment comment les faire. Mais apparemment ça suffit. Il prolonge ton baiser et tu te dis que c'est ce que tu veux. Être là près de lui, avoir quelqu'un qui veille sur toi, rentrer le soir et se blottir dans ses bras.. mais tu sais que tu gâcheras tout, encore une fois. Il te soulève et tu te laisses faire, passant tes deux bras autour de sa nuque. Tu peines à croire qu'il y a cinq minutes en arrière, vous vous hurliez presque dessus. « Autant que tu voudras. » Tu hoches doucement la tête, c'est comme un remerciement, comme pour lui dire que tu lui es reconnaissante. Assise sur le plan de travail de la cuisine là où il t'a déposée, tu ne bronches pas, l'observant se faire un café silencieusement. Tu te demandes ce que t'as fait pour tomber sur lui, il y a déjà des années de ça. Tu te demandes pourquoi c'est toi, la petite fille silencieuse, exilée des autres, mutée dans un silence et une discrétion exagérés.. qu'il est venu voir ce jour-là. Tu ne sais pas. Mais c'était toi et pas une autre. « Je dois travailler cet après-midi, trois heures... Mais je peux les appeler si tu veux que je reste ici.. avec toi.. » Tu pèses le pour et le contre. T'as l'impression d'être droguée pour être si calme, d'avoir pris tes cachets pour t'apaiser et t'assommer un peu coup le crâne, mais non. Tu n'as rien pris sinon le "remède Orion". « Non, vas-y. » murmures-tu en hochant la tête, sûre de toi. Tu relèves tes yeux bleus pour croiser les siens et esquisses même un petit sourire. « Je t'attendrais... ici. » De toute façon, il n'a rien à craindre. Tu ne risques pas de voler quoi que ce soit. Ce que tu cherches avec ta cleptomanie, c'est l'adrénaline. S'il n'y a personne, c'est décidément trop facile pour t'apporter un semblant de satisfaction. Tu ne voleras rien. « Trois heures c'est pas si long. Je sortirais juste acheter de quoi manger ce soir, d'accord ? » T'as l'impression que vous êtes redevenus un couple. Tu aimerais pouvoir prendre soin de lui comme il prend soin de toi. Mais tout ce que t'es capable, c'est de planter le couteau un peu plus profond. Rien d'autre. Tu t'approches doucement, descendant du plan de travail pour venir l'embrasser au coin des lèvres avec un petit sourire presque naturel. Oui, presque. Qui peut savoir jusqu'où va ton masque, hein Mlle Gauthier ? Qui peut savoir à quel moment fera de nouveau surface cette image de toi que tu offres à tout le monde et qui a, là, cédé la place à l'innocente Drizzle enfouie tout au fond ?

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» let's get it done. (w/ drizzle)
» drizzle/bo ◮ de remettre ma tête dans la gueule du serpent.

viendras-tu ? - drizzle

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