1995 (5 ans) • Turin
Il se fut un temps où je vivais avec toute ma famille -et quand je vous parle de la famille, ce ne sont pas mes parents et mes frères mais plutôt, mes grands-parents, mes tantes et oncles, leurs enfants et parfois même leurs petits-enfants- dans une grande demeure située au centre de Turin, en Italie pour les incultes. Nous nous entendions tous à merveille du moins, c'était ma vision des choses, toujours optimiste. Parfois, j'avais énormément de mal à me faire à tout ce monde parfois, même en me sentant entourée de la sorte, j'avais l'impression d'être seule. Uneuh souris verteuuh qui courait dans l'herbeuuh... Assise à la table de jardin, j'arrachais les pétales de ma fleur tout en chantonnant une nouvelle chanson française que je venais tout juste d'apprendre à l'école. Mon frère releva plusieurs fois la tête en ma direction et, je me contentais de lui adresser un sourire faux avant de continuer ma mélodie. Il finit par lâcher son magazine et fronçant les sourcils, il me demandait une nouvelle fois : Mais tu vas te taire oui ! Je lui souriais de plus belle, attendais qu'il reprenne sa lecture et me mis à crier à tue-tête -tellement fort que même les voisins les plus éloignés venaient à connaître mes talents de chanteuse-. UNEUUH SOURIS VERTEUUUH (...) Je m'étais levée, prête à m'enfuir telle une souris devant un chat et, j'avais eu entièrement raison puisque mon frère se mit à ma poursuite. Entrant et sortant de la maison, on pouvait entendre nos petits pas dans tous les recoins de la demeure du moins, jusqu'à ce que ma mère nous arrête en prononçant tout un tas de jurons italiens dont je ne comprenais pas forcément le sens. Oh ! Qu'est ce qu'il se passe ici ? Nous baissions tous deux la tête car malgré nos sales caractères, c'était la seule femme qui avait droit à notre plus grand respect. Valentin ne resta que très peu de temps silencieux et pourtant d'habitude, c'était moi la petite peste de la famille, moi qui ramenait ma gueule la première ! Non, ce n'était pas du jeu. Elle arrête pas de chanter, j'arrive pas à apprendre... Il eut à peine le temps de finir sa phrase que je rétorquais déjà à ses propos. Menteur, tu regardais une magazine pour les grands ! Un sourire triomphant collé au visage, j'observais mon grand frère du coin de l'oeil alors que notre mère nous prit chacun par le bras. J'étais peut-être déjà maligne à cette époque mais, jamais je n'avais vécu les foudres de ma mère. Elle était bien trop puissante.

2000 (10 ans) • Turin
Aujourd'hui, c'était l'anniversaire de la grande tante à la tante de la tante de ma mère... Ou quelque chose du genre. Vous l'avez compris, malgré le fait que mon père ne vive avec nous, je possède une famille trèèèès nombreuse et parfois, même moi je m'y perds. Je descendais les marches des escaliers d'un pas peu certain et, dévisageais toutes ces personnes se tenant dans mon palas. Plus de la moitié d'entre eux m'étaient inconnus et je connaissais sérieusement à flipper -oui parce que parfois, quand il y a vraiment beaucoup, beaucoup de monde, je fais des crises de panique-. Mattéo m'attendait en bas des escaliers et lorsque sa bouille apparut dans mon champ de vision, je me précipitais à sa rencontre et lui demandais rapidement : Tu peux me faire un briefing ? Mon coeur battait à tout rompre et je devais prendre le temps de respirer correctement pour ne pas m'évanouir. J'adressais des sourires polis à tous les paires d'yeux que pouvait croiser mon regard, comptant instinctivement dans ma tête -1, 2, 3...-. Elle, c'est tante Alessandra et le mec qui est habillé comme un pingouin à côté, c'est Adriel, son nouveau petit-ami. La vieille du fond, c'est sa grand-mère. Elle s'appelle Maria si je ne me trompe pas. Le gros qui arrête pas de manger, c'est son petit-fils, Antonio... Et tu vois celle qui approche là ? C'est Tiana, elle a un léger problème au cerveau alors... Salut ! Les noms défilèrent, j'essayais de tous me les mettre en tête mais, quelques uns m'échappaient encore. Je me tournais en direction de Mattéo mais malheureusement, ce dernier avait déjà disparu et je me retrouvais confrontée à cette vieille dame qui me donnait dans frissons dans le dos. Mais Ma... Je me redressais, souriais faussement, croisais les bras dans mon dos -ainsi que les doigts pour ne pas qu'elle me mange- et attendais qu'elle prenne la parole la première. Oh, qu'est-ce qui est mignonne cette enfant ! Tu ressembles à ta mère quand elle avait ton âge. Dis moi, tu as quel âge ma petite chérie ? Elle me caressait le visage, me pinçait les joues, des gestes qui auraient pu être affectifs si j'en avais eu envie et si je la connaissais. Prise de panique, je me mit à débiter tout ce qui me passait par la tête : A ce qui paraît, vous êtes un peu folle dans votre tête. Je suis assez grande pour avoir l'intelligente de me barrer avant qu'il en est encore temps ! Prenant mes jambes à mon cou, je me mis à courir en direction du jardin comme si j'étais poursuivis par un fantôme, un vampire ou je ne sis quelle autre créature fantastique. Finalement, j'y trouvais mes cousins et cousines, mes frères et tous les jeunes de mon âge. Là, j'étais dans mon élément ! Les vieilles personnes m'ont toujours donner froid dans le dos -leur visage fripé, leurs mains tremblantes et leurs sourires sans vie...Beurk !-.

2002 (12 ans) • Chicago
On est à Chicago ! On est à Chicago ! Aaaah, je vais jamais m'en remettre ! Je courais en rond, les bras dressaient vers le ciel, le regard tournait vers les nuages. Ma voix était portée par la douce brise et ma tête commençait à agir de la même façon que le vent en vue de ce que je lui faisais subir. M'arrêtant, je me précipitais vers Théo et l'accrochais à son dos. J'avais l'air d'une gamine de trois ans qui venait d'avoir la poupée barbie dont elle avait toujours rêvé ! Bah tu vas le devoir parce que désormais, c'est chez nous ! Nous avions tous les trois mûris -comme les mûres- et aujourd'hui, au lieu de me jeter à coups de chaussures, j'avais droit de rester perchée là-haut pour admirer la vue d'ensemble.Je n'arrivais pas à y croire, Chicago. Ce n'était pas une ville, c'était LA ville dans laquelle j'avais toujours voulu résider sans en savoir la raison principale. J'étais on ne peut plus heureuse et je crois que même maman était de cet avis. En effet, son sourire rayonnait comme jamais et aidé de Matt, elle portait tous les bagages que nous avions pu emmener jusqu'ici. Eh Val, t'imagines toutes les femmes que tu pourrais te taper ici ? Grrr c'est trop excitant ! Lorsqu'on grandit avec deux mecs à la maison, il est très difficile de ne pas adopter leur comportement, leur caractère mais aussi leur manière de formuler une phrase. Toute fière de moi, je descendis du dos de Matteo pour aider notre pauvre mère qu était en train de se taper tout le sale boulot. La ferme Saschou, déballes tes affaires au lieu de déballer tes salades ! Mais qu'est-ce qu'il me racontait ? Du haut de mes douze ans, je ne comprenais vraiment rien mais, je fus rassurer lorsque tout le monde le fixa d'un air interrogateur. Je lui balançais mon sac en plein visage, histoire de le faire revenir à la réalité parce qu'il avait l'air à des kilomètres d'ici. Je pense que Valentin a été le plus touché par notre départ de Turin. Ma mère avait beaucoup pleurer car, quitter ses frères et soeurs n'était pas une tâche facile et Valentin, quant à lui, je crois que c'est le fait d'avoir abandonné sa "petite-amie" qui l'a ému à ce point. Moi qui n'est jamais connu l'amour, encore aujourd'hui je n'arrive à comprendre ce qu'il ressent. Pour moi, quand on a une relation, il faut vraiment qu'il y ait un quelque chose pour que les sentiments soient mis en jeu... J'ai jamais réussi à trouver ce truc particulier chez un homme. Bref, il n'arrivait à se faire à ce nouveau départ, cette nouvelle vie. C'était vraiment petit ça, je m'attendais mieux venant de ta part ! Maman leva les yeux au ciel, je me mis à ricaner et mes deux frères à se charier sur tout et n'importe quoi. Ah, la famille !

2006 (16 ans) • Chicago
J'arquais un sourcil, je roulais les yeux, je croisais les jambes, je m'enfonçais dans ma chaise, je m'étalais sur la table, je soupirais, je recommençais... Une vraie pile électrique, je ne tenais pas en place, j'étouffais dans cette petite salle. Les personnes défilaient, sortaient rapidement à croire que je leur faisais peur, que j'étais chiante ou encore que je leur donnais mal à la tête. Du grand n'importe quoi là-dedans ! Bon, vous pouvez me relâcher maintenant ? Je m'étalais de nouveau sur la grande table qui me séparer de l'inspecteur, lui offrant l'un de mes plus beaux sourires, celui qui faisait craquer la plupart des gens sur cette terre. Comme je vous l'ai déjà dis, votre mère doit... Merde, pourquoi ça ne marche pas avec lui ? J'avais vraiment la poisse ! Je ne pouvais l'écouter parler plus longtemps, c'était inutile et il me donnait mal à la tête. D'ailleurs, on en parle de sa tête ? Il ne vaut mieux pas... Ma mère est infirmière, elle travaille nuit et jour, vous croyez vraiment qu'elle a que ça à faire que de venir me chercher ici ? En plus, j'ai rien fait ! J'adoptais une mine boudeuse, croisant les bras contre ma poitrine après avoir agiter les bras dans tous les sens. J'inspirais profondément, soupirais de plus belle... Il finit par se lever, marcher en ma direction et de suite, j'affichais un énorme sourire hypocrite tout en me redressant. C'est bon, je l'avais dans la poche cette fois-ci. Vol de voiture, conduite en état d'ivresse, kidnapping et agression. Je n'appellerais pas ça... Rien ! Il se foutait de ma gueule ? Comment une jeune femme de ma taille et de mon âge aurait pu faire une telle chose ? Non non, je l'avais gagné honnêtement cette voiture, après avoir encastré celle que mon père m'avait offert... Ensuite, je n'avais pas bu, j'avais fumé deux-trois joints et encore. De toute façon, je me débrouillais très bien au volant, même dans cet état. Je conduisais merveilleusement bien, qu'est-ce qu'il insinuait ? Pour ce qui est du kidnapping, ce n'est pas de ma faute si ma meilleure amie avait oublié ce qui venait de se passer. Je lui avais sauvé la vie, cet homme était un gros pervers qui ne pensait qu'à la sauter, je l'avais sauvé en la forçant à monter dans la voiture, je savais qu'elle me remercierait un jour ou l'autre ! Et pour ma défense, cette vieille dame n'avait qu'à pas traverser alors que le feu était rouge, je l'avais vu cette petite maligne, agitant sa canne dans tous les sens, je savais très bien qu'elle avait fait exprès de se jeter au sol... Je ne l'avais même pas effleuré ! Quelle garce la mamie ! J'ai mon permis m'sieur, je sais courir enfin, conduire, même quand j'suis pas sobre. Et puis j'l'ai pas renversé cette dame, elle s'est j'tée sur ma voiture sans que... Rooh et puis, laissez tomber. Je peux avoir un avocat peut-être ? Bah ouais, à quoi bon se battre ? Face à ses gros bras et ses yeux imposant, je savais pertinemment que je n'avais aucune chance. Je préférais me taire et trouver quelqu'un pour me défendre convenablement même si je détestais avoir l'air d'une assistée !

2010 (20 ans) • Chicago
Bon finalement, tout juste majeure, je réussis à échapper à la prison ouuff. Par contre, sous liberté surveillée... Et merde ! Et puis bien entendu, une forte amende. Une amende que je dus payer de ma poche grrr. Pour celui, je travaillais de temps à autre au garage de mon frère. Il me payait une petite misère mais, c'était toujours mieux que rien et puis, à côté, je mangeais un petit peu de substances illicites... Oh ce petit détail, ma famille n'a pas besoin d'être mise au courant. Je travaille en temps que chanteuse dans un bar et, lorsqu'ils n'ont pas besoin de moi, je me transforme en vendeuse bien spéciale et de temps à autre en mécanicienne super sexy -ouais je suis sexy oh !-. Du coup, je ramène de l'argent venant de par ici et par là. Mes frères sont parfois étonnés mais, ils ne posent pas trop de questions sur le sujet. Ils ont conscience que, d'où qu'il vient, on a vraiment besoin de ce fric depuis que notre mère a cessé de travailler. Celle-ci étant gravement malade, elle passe ses journées au lit ou encore à l'hôpital. Nous faisons du mieux que nous pouvions pour qu'elle vive entre très longtemps car, elle a surement autant besoin de nous que nous avions besoin d'elle. L'amour d'une mère est irremplaçable... J'voudrais de quoi tenir une semaine... J'étais en train de fouiller dans mon sac à la recherche de petites pilules bleues. Je savais qui était mes clients mais, je savais également ce qu'ils avaient l'habitude de commander. D'accord alors, vu tes jolis yeux rouge, j'pense que... ça.. ça devrait faire l'affaire ! Je jetais un coup d'oeil à ses jolis yeux dilatés. Je vendais ces merdes, je m'y connaissais mais, ce n'était pas pour cette raison que j'en consommais au contraire, cela est très très rare, uniquement en soirée lorsque je m'ennuie. Merci t'assures. Par contre, j'voulais savoir comme... Je n'avais toujours pas lâché le pochon et, je n'étais pas prête à le faire ! Mon regard s'assombrit et je n'avais envie que d'une seule et unique chose, lui arracher les yeux car ce n'était pas la première fois. Je le coupais en plein élan, continuant son petit discours. Non ! Tais-toi, si c'est pour me dire que tu me payes plus tard, tu me rends ma came tout de suite parce que ça va vraiment pas le faire. Tu sais, je suis peut-être pas un mec mais, j'ai été première à mon cours de boxe, je sais me défendre et j'ai vraiment pas envie que les choses se passent mal entre nous. Tu vois ce que je veux dire ? Moi menaçante ? Non, non, pas du tout ! Un petit peu en fait... Beaucoup même. Roh, ce n'était que des mots et bien que j'étais capable de le faire, je le lui ferais aucun mal, c'était un très bon client et puis, il était tout mignon... Oh ça va, calme toi... Tiens, le v'là ton fric. Je savais qu'il l'avait ! Je m'emparais des billets, lâchant le paquet de pilules et lui adressais un petit sourire en coin avant de quitter la petite rue. Qu'est-ce qu'il ne fallait pas faire pour arriver à ses fins, obtenir ce que l'on souhaite réellement.

2013 (23 ans) • Chicago
C'est dans la poche ! Je lançais les clés de la voiture à mon frère, celle que je venais tout juste de gagner en courant sur 500m. Comme quoi, j'avais beau être une petite fille naïve dans ma tête, j'étais déjà adulte lorsqu'ils s'agissaient de business. Je ne rigolais pas avec l'argent, ma mère avait énormément besoin de tout cela avec son cancer en phase quasi terminale. Contrairement à mes frères, je gardais espoir, je pensais réellement être capable de guérir la seule femme que j'aimais en rapportant de l'argent régulièrement. Je ne souhaitais pas la laisser partir car, j'avais beau être une personne indépendante, j'avais besoin de ma maman... Mathéo s'amusait avec les clés que je venais de lui donner, je montais à l'arrière de cette dernière sans dire un mot.Tu te rappelles quand t'étais gosse ? Tu voulais devenir pilote. Se rappeler du bon vieux temps, lorsque nous habitions encore à Turin, lorsque maman allait bien et qu'elle était heureuse. Elle n'a jamais réussir à se faire à cette vie que nous lui avions quasiment imposé pour poursuivre nos études. Oui, elle était bien au côté de sa famille, de toute sa famille. Ou alors, je serais la princesse de la terre entière et vous devrez faire tout ce que je voudrais parce que sinon, je vous changerai en crapauds baveux ! Valentin s'amusait à prendre cette petite voix aiguë que je détestais entendre et qui, contrairement à ce qu'il pensait, ne ressemblait pas du tout à celle que j'avais lorsque j'étais encore gamine. Cette remarque me fit sortir de mes pensées et, je m'approchais des sièges avant tout en les regardant un par un. Oh ça va, laissez-moi tranquille. J'ai grandi ! J'ai grandi. J'ai grandi et j'ai enfin compris quel était le but de la vie... Nous faire tous crever l'un par un, de préférable dans la douleur. Certaines personnes se raccrochaient à l'argent, d'autres à la famille. Ces deux choses comptaient énormément à mes yeux or, si j'étais encore ici aujourd'hui même, c'était pour mon sale caractère. J'étais pas une fille facile, quelqu'un qui abandonnait dès qu'une difficulté se mettait sur son passage. Se tirer une balle entre les deux yeux ? Non, cette salope de vie serait trop ravie. Je voulais profiter, faire tout ce que je désirais avant de mourir même si cela comportait des risques. Toutes ces choses, je les ferais entourée des gens que j'aime quant aux autres, qu'ils tracent leur chemin s'ils ne sont pas contents, je n'ai besoin de rien n'y personne. Cap ou pas cap d'aller jusqu'au bout de tes rêves ? Mais quels étaient mes rêves aujourd'hui ? Ne pas croupir en prison ? De rester aux côtés de ma mère éternellement ? Voir mes frères heureux et fiers de moi ? Devenir une grande chanteuse mondiale ? J'étais un petit peu perdue, la seule chose que je savais, c'était que j'étais prête à tout pour prouver que je méritais ma place dans ce monde. N'est-ce pas ce que je suis en train de faire ? Cap !