He'd tousle my hair and say "Son take a good look around this is your hometown"

Physique de l'allemand typique ? Ne serait-ce pas une idée reçue grâce à l'extrémisme venant de plusieurs fous de ma patrie ? Blond aux yeux bleus certes et pourtant j'étais bien différent de cette infâme idéologie. Je ne possédais pas cette pensée aryenne ou même qu'un être méritait mieux la vie qu'un autre. En quoi suis-je plus important qu'un éleveur de mouton au Pakistan en dehors du fait que je vis dans un milieu superflu alors que lui s'entoure du principal ? Mon enfance ne demeurait pas extraordinaire entre l'école la journée et donner un coup de main à mes parents dans leur restaurant la nuit. Je me souvenais peu de ce qu'on appelait RFA comme j'avais seulement neuf ans à l'époque. Nous vivions dans le quartier de Steglitz alors, les affaires fonctionnaient assez bien pour la famille. On avait la chance de ne pas avoir de proches de l'autre côté du mur. Peu de souvenirs me venaient de cette période en dehors de tous les étrangers qui passaient le palier pour boire un verre. Nos parents ne savaient pas comment nous, les enfants allaient vivre dans l'avenir. L'Allemagne semblait être l'endroit du monde où toutes les malédictions s'acharnaient. Chaque génération devait vivre un événement noir de l'Histoire. Le départ des Alliés en 1991 jetèrent un froid à l'économie locale c'est un fait. Du moins, la famille Baur l'a remarqué en ayant moins de clients. Il faut ré-apprendre à vivre pour beaucoup de berlinois alors, la restauration demeurait secondaire.




L’amour n’est pas seulement un miracle né d’une rencontre, il est, jour après jour, ce que l’on veut qu’il soit.

Je ne souhaitais pas faire mes études en Allemagne, découvrir de nouveaux horizons et non pas être renfermé dans le passé du pays. Mon dossier n'avait rien d'extraordinaire mais, je m'étais toujours forcé à obtenir de bons résultats. Le problème était l'argent. Par chance, mon oncle possédait un petit café à Paris et il avait accepté de m'héberger pendant mes études de journalisme. La France ne se trouvait pas dans mes premiers choix de villes mais tout était mieux que Berlin. Vivre un autre quotidien tout simplement. Un bon moyen aussi de voir régulièrement cette partie de la famille qui fut bien trop oubliée d'après moi. Nous n'avions pas les moyens de venir à Paris par faute d'argent et de disponibilité. A mes dix-huit ans, je suis parti alors avec rien dans les poches chez mon oncle pour l'aider au service après l'école de journalisme. La langue française ne m'était pas étrangère grâce aux soldats venus dans le restaurant avant la chute du mur mais, je ne connaissais que la base comme j'étais trop jeune à l'époque. Une vie étudiante tout à fait banale entre les études et quelques sorties avec les amis de l'école. Mon oncle me laissait profiter de Paris malgré le fait qu'il ait besoin d'aide au café. Je regrettais de ne pas l'avoir vu régulièrement étant enfant. C'est d'ailleurs grâce à lui que j'ai vécu ma plus belle rencontre, maëllys. Normalement, la fin de la journée devait être synonyme de laver la vaisselle des clients et pourtant, mon oncle avait décidé de me remplacer pour que je puisse sortir avec mes amis avant une longue période d'examens.


Montmartre. Un endroit sortant de l'ordinaire pour les Parisiens. Du moins, c'était mon cas. La sensation que les impressionnistes étaient toujours présents, autour de nous pour peindre chaque scène des rues. Les bâtiments semblaient figés dans le siècle dernier. L'histoire de Paris était bien le seul élément qui pourrait me manquer. Une certaine rêverie en observant les architectures de tous les genres. Malgré le froid s'installant sur la capitale, beaucoup se promenaient dans l'espoir que la neige ne fasse pas encore son apparition. Les artistes ne pourraient pas exposer leurs oeuvres et les spectateurs seraient dans l'incapacité de venir les observer à cause des rues trop irrégulières et donc dangereuses. Avec deux amis, nous cherchions un bar pour nous poser quelques heures mais, nous n'étions pas les seuls. Je les suivais plutôt que de donner un avis car ce quartier m'avait toujours fasciné. Il est vrai que j'avais plutôt connu Berlin dans une absence artistique ou sinon, cela reflétait la détresse et la fatalité. Je me positionnai à l'écart mais en restant quand même attentif aux paroles de mes camarades. Observer toutes les activités face à moi. De la femme demandant à son mari de lui offrir un tableau, au restaurateur balayant la terrasse de son café qui se faisait envahir par les feuilles mortes. Une scène devint alors plus importante que toutes les autres : une demoiselle contemplant des toiles sur la place auprès de ses amies. Il y avait tellement de monde que mon geste semblait être camouflé. Serait-ce ses cheveux qui m'avaient intrigué ? Ou tout simplement son sourire face à la maîtrise de l'artiste ? Je ne peux pas décrire cette sensation comme je n'avais jamais ressenti cela avant. Durant une minute, mes yeux ne la quittaient pas. Pouvoir profiter au maximum de ses manies. Tomas, schlaf nicht ! C'est alors que la réalité revint au galop en entendant mon ami me proposer de les rejoindre. Nous passions alors plusieurs minutes dans un café rempli de monde certes mais, il était plus préférable de voir des personnes aujourd'hui comme les examens arrivaient dans le temps. Beaucoup d'étudiants détestaient cette période et pourtant j'étais l'exception. Sûrement parce que le journalisme semblait être une évidence pour ma part. De plus, penser que dans six mois j'allais recevoir mon diplôme pour partir à l'aventure me donnait seulement l'envie que le temps s'accélère. Et là, en sortant du bâtiment une demoiselle me bouscula légèrement et s'excusa de son geste. Ce n'est que quand elle releva la tête que je l'ai reconnu, la jeune fille de la place..





Night is falling and you just can't see, is this illusion or reality

Assis dans ce lit occupé par mes soins depuis trois mois interminables, j'écrivais une dernière lettre pour celle qui hante mes nuits. Avant mon départ pour Bagdad, je lui avais envoyé une lettre en informant qu'il serait possible que je ne puisse pas régulièrement donner de nouvelles. On peut dire que cela n'avait pas loupé ! Cependant, la vraie raison ne me serait pas venue instinctivement. L’Irak est certes un endroit difficile pour faire notre travail de journaliste mais les occidentaux connaissaient l'affrontement contre les extrémistes. Il restait encore une année avant que ma douce ait la possibilité de voler par ses propres ailes à cause de son père bien trop protecteur. Il est vrai que son arrivée à Paris fut bien mouvementée en apprenant que sa fille m'avait choisit. Je ne peux pas contredire les pensées du père de Maëllys comme il possédait tous les droits. Certes, je dois bien avouer que l'envie de répondre à son poing fut grand mais, cela n'aurait fait qu'accentuer le problème. Se taire et subir.. Subir l'absence de ne plus pouvoir rire avec elle, lui dire que je l'aimais plus que ma vie. Nous avions deux caractères forts mais l'amour avait toujours le dernier mot.

Citation :

Maëllys,

Trois mois sans t’écrire, c'est long. Surtout quand on avait pris l'habitude de s’écrire chaque semaines. J'ai survécu; j'ai survécu à la folie de l'homme! J'ai vu les atrocités engendrées par l'être humain- je les ai vécues. Je me demanderais toujours pourquoi l'explosion s'est contentée de me souffler au loin, alors qu'elle a déchiqueté tous mes compagnons. J'ai eu de la chance, je suppose... Mais être celui qui survit, ne fait pas se sentir mieux pour autant, mon amour- crois-moi. Ma seule consolation est que je te reverrais un jour. Pour le moment, je suis dans hôpital de Bagdad. Je suis presque entièrement remis, ne t'en fais pas. Dans quelques séances de rééducation, je serais de nouveau en parfaite santé. Marius vient me chercher dans quelques heures, pour me ramener à Berlin. Je profite de mes derniers instants de calme pour t'écrire cette lettre. Elle sera la dernière. Je ne tiens pas t’importuner, mon amour. Peut-être as-tu déjà refait ta vie. Si tel est le cas, je ne t'embêterais plus. Mais si, comme je l'espère, tu veux toujours de moi; j'ai joins un billet d'avion dans l’enveloppe. Il est sans date limite et ne périmera donc pas. Je t'attendrais à l'aéroport de Berlin chaque premier jour de chaque mois de chaque année. J'espère sincèrement que tu viendras. Tu as été le plus beau cadeau que la vie m'ait fait. Et même si tu ne viens pas, je garderais tous nos merveilleux souvenirs à jamais gravés en moi. Donc ne te reproche surtout rien, mon amour! L'heure approche et ma lettre arrive à son terme. Quoi qu'il arrive Maë, promets-moi une chose: vis ta vie libre et heureuse; comme tu l'as toujours été dans mes souvenirs.

Je t'aime. 

Tomas.

Le pire jour de ma vie. J'étais encore stagiaire quand c'est arrivé. Une chaîne allemande avait accepté de me prendre à l'essai pendant une année. Je devais suivre un collègue qui avait l'habitude des reportages de guerre. Normalement, je n'avais pas assez d'expérience pour venir avec lui quand c'était risqué mais, comment pourrais-je apprendre s'il n'y a pas de première fois ? Ce dernier avait accepté que je vienne à la seule condition que cela restait entre nous. Il ne fallait pas que la chaîne télé ait des problèmes si un ennui se présentait. Mes parents furent évidemment mis au courant puisque j'étais retourné chez eux et, Maëllys. Cette mine avait décidé que je sois le seul survivant. J'ai reçu quelques éclats sur le corps mais, aucune brûlure importante ou de jambe en moins. Après plusieurs heures de marche dans une chaleur incessante, une famille m'a trouvé pour ensuite me diriger dans un hôpital sûr. Mec, tu as une sale mine. Relisant cette lettre une dernière fois, la voix de mon ami ne pouvait pas plus me faire plaisir. Sa remarque décolla un sourire de mon visage avant de le prendre dans mes bras. Il fallait maintenant que je poste ma lettre pour revoir ma belle dans peu de temps et être vraiment heureux.




I have died everyday waiting for you

Dès mon retour à Berlin avec Marius, j'ai tenu ma promesse. Chaque premier jour du mois, je restais la journée à l'aéroport dans l'attente d'apercevoir de nouveau le visage de « ma fiancée ». Est-ce que je pouvais encore l'appeler ainsi ? Je gardais cet espoir les six premiers mois. Aucune nouvelle de sa part.. M'avait-elle oublié ou pire, remplacé ? Dans ma lettre, je lui avais bien annoncé que le plus important demeurait son bonheur.. Un américain est bien plus élégant qu'un boche il faut bien le constater. Mes proches me racontaient tous de passer à autre chose. Juste une histoire de jeunesse.. Je ne voulais pas y croire. Elle avait quand même accepté ma demande en mariage il y a une année seulement. Ce n'était pas rien ! Les mois passaient si lentement.. Déjà car je n'avais plus de travail depuis mon séjour de Bagdad. La chaîne n'avait pas apprécié le fait que je ne respectais pas les ordres. Dix longues années derrière et toujours pas un signe de Maëllys. Je ne voyais même plus ma carrière. Le néant. Quel patron aurait confiance en un homme qui s'était fait descendre dès son premier stage ? Une solution dans toute cette vie brouillon : Lina. La fille d'un riche entrepreneur américain. Elle avait fait ses études de journalisme dans ma promo' même si elle n'avait pas besoin de cela pour trouver un travail grâce à sa famille. La jeune femme visitait souvent Berlin puisque sa mère était allemande et habitait ici à présent. Un ami de l'école ayant toujours contact avec Lina, avait manigancé des retrouvailles entre elle et moi. Gentille je ne pouvais pas le nier. Toujours souriante et amusante comme dans mes souvenirs. Mais ce n'était pas Maëllys..





Radio's on and I'm moving 'round the place

Grâce à Lina, J'avais obtenu rapidement un poste de journaliste reporter pour une chaîne concurrente. Un couple banal malgré mes périodes solitaires où je souhaitais voir personne pour partir seul du jour au lendemain grâce au travail. J'abusais de Lina ? Vrai. Elle m'aimait, je l'aimais bien, point. Qu'est-ce que je pouvais lui offrir de plus ? Mon caractère avait bien changé depuis dix ans et elle le remarquait. J'étais ainsi et elle m'avait accepté. Impossible d'oublier que c'était suite à sa réputation que j'avais réussi à retrouver goût au journalisme. Après un long mois aux États-Unis pour connaître l'autre côté de la famille de Lina, Marius m'annonça que ma lettre venait seulement d'être pris entre les mains de Maellys. Cependant, l'idée qu'il lui avait annoncé que j'étais fiancé m'avait mis hors de moi. Déjà, parce que c'était faux et qu'il devrait s'occuper de ses affaires. Ce fut d'ailleurs la première fois que je m'étais énervé contre lui depuis nos huit ans. Aucune hésitation dans l'idée de revoir son visage. De plus, j'avais cette fois-ci les moyens de lui rendre visite. Que dire à Lina ? Une annonce au bureau pour créer un reportage sur le port d'armes aux États-Unis. Je restais dans les actualités en plus d'avoir des nouvelles de Maellys. L'amour demeurait intact mais, son bonheur était le plus important. Si c'était un autre homme alors, j'accepterai..