Je n'ai pas passé la meilleure journée de ma vie, j'ai travaillé de 9h à 11h au magasin, puis de 13h30 jusqu'à 19h30, jusqu'à la fermeture. Des types sont passés à la boutique, et puis des nanas, et des nanas avec leur mec qu'elles voulaient rhabiller parce qu'ils étaient pas assez ceci ou pas assez cela. J'ai plié des vêtements pendant des heures et j'ai tourné en rond dans le magasin à la recherche du moindre bout de tissus mal rangé. Saoulant quoi. J'ai envoyé un message à Houna pendant ma pause de l'après-midi pour lui demander si elle est libre ce soir, parce qu'après cette journée ennuyeuse j'ai envie d'être en bonne compagnie. Et de prendre un peu de bon temps. Forcément. Et Houna est plutôt forte pour ça. Elle est jolie, elle est marrante, et elle est plutôt convaincante au lit. Elle m'a répondu qu'elle est libre ce soir et je lui ai dit de venir vers 20h30. C'est ce qu'elle a fait.

Il est presque minuit quand le livreur arrive, je l'ai appelé un peu tard, parce que j'avais pas faim en rentrant mais qu'après qu'elle soit arrivée et qu'on se soit enfermés dans la chambre une petite heure, mon ventre criais famine et je lui ai proposé de commander chinois. J'ai payé le livreur, il est reparti, et j'ai rejoint Houna dans le salon. Mon frère est pas là ce soir, Dieu sait où il traîne, peut être qu'il est entrain de se taper Drizzle, ce serait pas la première fois, cette raclure... Mais tant mieux, je peux profiter de l'appartement pleinement et pas besoin de rester dans la chambre. Je porte juste un boxer boxer noir et je m'installe sur le canapé pour déballer ma commande et celle de Houna. Je passe mon bras autour d'elle et l'attire vers moi pour lui glisser à l'oreille « J'ai acheté tout ce qu'il faut pour mon p'tit déjeuner de demain matin... ». C'est le défi qu'elle a accepté de relever et je jubile d'avance à l'idée de la voir arriver avec un plateau et un bon ptit café.. 100% à mon service. Je m'écarte et je saisis ma barquette de riz cantonais pour la déguster, ou l'engloutir plutôt, parce que je meurs de faim. « Tu pourrais me le servir toute nue ? Genre en bonus.. » quoi ? J'abuse ?

Who said that friendship and sex wasn't a good mix?

Bien sûr que j’avais failli arriver en retard, c’était tellement mon genre. J’étais à peu près tout le tems en retard, quelque soit l’endroit où je me pointais. Sauf peut-être chez le disquaire où je bossais à mi-temps, parce que mine de rien, je n’avais pas envie de perdre ce boulot qui constituait ma seule source de revenue. Mes parents, ces gros radins qui veulent soit disant m’apprendre la valeur de l’argent qu’on gagne n’était même pas prêt à allonger un billet de 20 de temps à autre. Radins ! Égoïstes ! Du coup, cet argent m’était bien utile pour les fringues, les cigarettes et les autres petits plaisirs. Enfin bref, après la répétition avec les gars, j’avais juste eu le temps de rentrer chez moi, prendre une douche et enfiler quelque chose de sexy et j’étais parti dans l’autre sens. Dans la journée, j’avais reçu un sms d’Orion, me signifiant de manière assez compréhensive qu’il souhaitait me voir. Je n’avais rien de prévu et l’idée d’une nuit avec lui m’était agréable. Tout est si simple lorsque nous sommes ensemble : de l’amitié, de la bouffe, du sexe et parfois des séries et des films. C’est comme si on était né pour faire ce genre de truc et que nous trouvions une satisfaction certaine à larver sur son divan – à coucher ensemble sur le divan aussi.

Livreur payé et remercié, voilà Orion qui revient. Moi j’ai le nez collé contre mon bras, chemise blanche – et éclatant en plus de ça, qui fait la lessive ici ? – revêtu, me voilà posé sur le canapé à sentir avec délice son odeur sur ma peau encore un peu. Mais bientôt je me retrouve embarqué tout contre lui et ce n’est pas franchement déplaisant. Non, c’est même plutôt agréable. Je ne l’avouerais jamais, mais un peu de tendresse et de douceur de temps en temps c’est plutôt sympa. Et même si ça ne dure qu’un instant, c’est déjà beaucoup. Mais je comprends mieux cet élan d’affection lorsqu’il chuchote à mon oreille. Je fais tourner mes jambes pour les poser au dessus des siennes. La position est confortable alors j’attrape ma boite de nouille que j’entame avec les baguettes : je suis une vraie pro et je prend le temps d’avaler deux ou trois bouchés avant de répondre : « Après tout, pourquoi pas, j’ai accepté le défi, autant le pousser au maximum. » Je lui lance un sourire éclatant et je me penche un peu vers lui, collant ma joue toute douce à la sienne. Sa barbe de trois jours me pique un peu, mais c’est agréable. Je ne sais pas trop pourquoi je fais ça ; en vérité, je ne sais jamais très bien pourquoi je fais les choses quand je suis avec lui, alors en haussant les épaules, je l’embrasse. C’est mignon et n’a presque rien de niais. « Bien sûr, tu te doutes que je réfléchis à un moyen pour que tu me rendes la pareille. » Je ne vais pas le laisser me prendre pour sa boniche sans le lui faire rendre. Où serait mon plaisir à moi sinon ? Je continue de manger mes pâtes, comme une lady parce que ça m’amuse d’être une personne raffiné, même avec des baguettes et des boites en cartons en guise d’assiette. Voilà le spectacle : une « dame », chemise de mec et sous-vêtements noir et sexy, qui engloutit avec délicatesse un plat de nouille et de porc au caramel. Je fronce le nez en le regardant et lui tire la langue : mature, qui a dit ça ?

Houna c'est le genre de fille un peu trop fille, un peu cliché mais adorable au fond.. Même si elle peut avoir l'air insupportable sous ses airs de dame. Enfin c'est juste une ado de 18 ans qui a pas mal d'ambition et qui veut être au top. C'est difficile de lui en vouloir. Elle a raison de pas vouloir se contenter de ce qu'elle a. A moins que ça ne soit qu'un soucis d'apparence. Ce serait moins louable. Quoi que.
Elle prend ses aises et installe ses jambes confortablement sur les miennes alors qu'elle saisit sa boîte de nouilles pour la déguster. Avec les baguettes. Comme une pro. J'ai abandonné il y a longtemps l'idée de manger avec des baguettes. Je trouve ça prise de tête et puis comme je suis plus dans l'idée de dévorer ce que j'ai sous la dent que de déguster, c'est vraiment pas assez rapide. Par contre la fourchette. Que Dieu bénisse le type qui y a pensé pour la première fois. J'ai déjà mangé presque la moitié de mon riz cantonais lorsqu'elle me dit qu'elle serait prête à jouer le jeu et me servir le petit-déjeuner à poil. Je souris. Plutôt content. Elle vient m'embrasser et m'annonce ensuite qu'elle cherche une façon pour se venger et je hausse les épaules, peu effrayé à l'idée qu'elle puisse me lancer un défi. Je ne pense pas qu'elle irait jusqu'à faire quelque chose de méchant ou d'horrible, il faut que ce soit plus ou moins équivalent quand même. Apporter un petit-déjeuner au lit, c'est loin d'être très humiliant. Je la regarde un instant avant de corriger mon souhait, oui, finalement.. Toute nue, c'est peut être un peu too much « En sous-vêtement ça suffira.. J'me passerais bien de voir le reste au réveil.. » j'affiche alors mon plus beau sourire pour faire passer cette vanne odieuse le plus délicatement possible dans ses oreilles. Allez tiens Houna. Viens te venger de ça pour voir. Ce n'est pas méchant bien sûr. C'est même presque affectif, parce que je l'aime bien. Et que je l'aime bien toute nue. Elle est plutôt bien foutue. Enfin, forcément. Sinon elle serait pas là. J'irais pas me taper un thon. Je crois que ça a du m'arriver une fois quand j'étais trop bourré. Mais sinon, jamais. Never ever. Manquerait plus que ça. « Je rigole ça va.. Tu sais bien que tu es magnifique.. CAR JE SUIS FOU DE TOI HOUNA. Quand tu ne m'appartiens pas. » et je lui donne une petite claque sur la cuisse avant de reposer ma barquette de riz cantonais. Vide. Et je déballe les nems. « On regarde la dernière saison de Gossip Girl après ? » je lui demande alors, oué, c'est carrément gay, mais je suis sérieux. Parce que c'est plutôt marrant comme série. Et surtout que Serena Van Der Woodsen est boooonnne de ouf.

Spoiler:

Au début, je ne suis pas certaine de comprendre ce qu’il veut dire mais ça me parait vite évidemment et par conséquent, je m’offusque à grand renfort de mine boudeuse. S’il croit que je trouve ça drôle, il se fourre le doigt dans l’œil jusqu’au coude, ça ne m’amuse pas du tout. J’ai trop longtemps été complexé par mon corps – bon, surtout par ma poitrine qui ne poussait pas – et bien que ce temps soit révolu, je ne reste pas spécialement à l’aise avec les blagues sur le physique. Je suis la garce matériel, celle qui critique tes fringues, ton sac, tes chaussures ou le nouvel accessoire que tu penses tendance mais qui ne l’est pas du tout : cependant jamais, je n’irais critiquer quelqu’un sur sa corpulence, du moins, pas avec autant de franchise que je peux le faire quand il s’agit d’un vêtement. Parce que le physique, c’est vraiment blessant, des gens deviennent anorexique avec ce genre de connerie et quand on voit que j’ai la peau sur les os, on ne pose pas vraiment la question de savoir si mes doigts n’ont pas atterrit plus de fois que de raison dans ma gorge que je détestais ce corps laid. Mais peu importe, ce n’est pas ce qui compte. Parce que quand il se met à chanter et à taper sur ma cuisse, je manque de m’étouffer avec mes pâtes ! C’est atroce ! Je me bouche symboliquement les oreilles tellement c’est terrible à entendre. Heureusement qu’il est vendeur et pas chanteur. Mais je ferais mieux de ne rien dire parce que moi aussi je chante comme un pied ! On fait ce qu’on peut dans la vie apparemment hein ! Il n’y a que la comédie et la basse pour lesquels je suis douée et ça me suffit : je n’ai pas besoin de plus, ça m’apporte bien assez de chose au quotidien. Savoir être une autre c’est franchement bien pour la manipulation. Et jouer de la basse, ça fait tout de suite classe quand on en parle. Bienvenue dans mon monde où les apparences sont malheureusement la seule chose qui compte : c’est moche, mais c’est comme ça et ça rejoint le fait que je n’ai que la peau sur les os : les apparences encore et toujours. « Arrête çaaaaa ! Le massacre ! Mes oreilles saignent ! » Je termine mes pâtes en riant. Et finalement, je mange quelques sushis/maki. Les legumes crus et frais croquent un peu dans ma bouche, c’est super bon. « Alors, il vaut mieux que je fasse en sorte de ne pas t’appartenir encore longtemps ! » C’est une boutade, on sait bien l’un comme l’autre qu’on ne sera jamais l’un à l’autre, qu’on est pas fou d’amour l’un envers l’autre et qu’on sera jamais plus que des amis qui passe du bon temps ensemble, sur un divan et au lit. Et là, c’est le drame ! Il se met à me parler de gossip girl et je rechope cette moue boudeuse de tout à l’heure. « Ah non ! Dès que Blake Lively apparait à l’écran je n’existe plus ! » Ce n’est pas vraiment de la jalousie mais ce soir, je n’ai pas envie de le voir incapable de décrocher sa tête de l’écran parce que Blake Lively est un milliard de fois plus jolie que moi. « Tu veux pas plutôt regarder un film d’horreur ? » Parce que je suis pas une lavette moi ! Je lui fait un sourire éclatant et je passe ensuite à la petit moue de bébé pour qu’il accepte.

Spoiler:

C'est vrai qu'à côté de Blake Lively, peu de nanas font le poids et Houna a pas tort quand elle me dit que si on regarde Gossip Girl, elle n'existera plus. On en a déjà fait l'expérience une fois et j'étais complètement pris dans le truc. Pas que Gossip Girl m'intéresse particulièrement, en fait, pas trop. Je trouve même que l'intrigue, les épisodes, tout ça, c'est très bateau, pas spécialement intéressant, mais bon.. Comment résister à cette sulfureuse blonde de Serena Van der Woodsen ? Surtout qu'elle a toujours ce petit air innocent lorsqu'elle fait une connerie (souvent) et que c'est assez craquant je dois l'admettre. Mais bon, Houna refuse et me propose plutôt de regarder un film d'horreur. Bon. J'avoue que ça, ça me branche moins. J'en trouve rarement qui arrive à réellement me faire peur. En fait, je ne pourrais en citer aucun, ou peut être The Descent. Mais c'est un truc de nana qui a envie d'avoir peur ça, les films d'horreur. A choisir je préfère un bon vieux thriller, avec le suspense et tout le côté psychologique, c'est nettement plus prenant. Houna essaye de me convaincre, elle me fait son plus beau sourire avant de faire une ptite moue, genre chien battu, et je la regarde un instant, peu convaincu ni touché par son air suppliant. « Mouaaaiiiis.. Ca fait jamais peur c'est nul. » je lui réponds avant de savourer un nem au poulet que j'ai soigneusement enroulé dans une petite feuille de salade et trempé dans la sauce chinoise. La bouffe chinoise, y a vraiment rien de meilleur. Franchement les chinois, ils gèrent plutôt bien, et à tout les niveaux, et je me permets de le dire parce que je suis pas Américain et qu'un Américain accepterait moins bien la nouvelle suprématie du pays du soleil levant qu'un autre. Parce que les Américains ont toujours été au top et que ça doit bien les emmerder que des petits mecs jaunes les surpassent, dans tous les domaines. J'allume finalement la télé et je commence à zapper pour trouver un bon programme. Et là, Houna a de la chance, je tombe sur le début d'un film apparemment d'horreur. Battle Royale. L'original. Je regarde Houna. « C'est ton jour de chance. » je lève les yeux au ciel et m'installe confortablement dans le canapé, les jambes de Houna toujours posé sur les miennes, et je passe doucement mes mains dessus. Elles sont douces. Probablement soigneusement épilées. « Pourquoi une fille comme toi se trouve pas un copain qui l'aime et lui fera des cadeaux ? T'es plutôt canon, doit y avoir une file de mecs prêt à tout pour t'avoir non ?» J'avoue que je ressens une certaine fierté à l'idée d'avoir une relation un peu "privilégiée" avec elle. Parce que c'est un peu ça, pour moi aussi d'ailleurs.. Je n'ai pas de relation semblable avec une autre fille. Enfin, avec elle c'est vraiment cool parce qu'on se prend pas la tête. Parfois les nanas avec qui tu peux coucher plus d'une fois ont tendance à s'accrocher et à péter des câbles si t'oses te serrer une autre. Mais elle, elle est pas comme ça. Et c'est cool. Cela dit j'espère qu'elle ne va pas me retourner la question car je me vois mal lui dire que mon ex avec qui s'est finit depuis plus de 4 ans réussit encore à me rendre complètement dingue.

Je tiens ma langue et m’empêche de murmurer que c’est surtout un sale gay trouillard qui préfère mater les jambes infinies de Blake Lively. Bon… dit comme ça, gay et mater les jambes de Serena, c’est pas franchement logique, mais, passons. Le silence retombe, il zappe et alléluia, on tombe sur un film bien gore comme il faut ! Il me semble même que je l’ai déjà vu, mais ça n’est pas gênant. Ça me va parce que de toute façon, je ne suis pas certaine que l’on en verra la fin. On est là, tout les deux, seuls et pas vraiment intéressé parce qu’il se passe à la télé, faut l’avouer. Ces doigts sur mes jambes me font des chatouilles alors je gigote un peu en fronçant les sourcils. Le film l’intéresse tellement ! C’est dingue ! Je reste un instant interdite face à sa question. C’est vrai qu’elle est plutôt logique, elle tombe sous le sens même. Je fais une petite moue dubitative et je viens me caler à califourchon sur lui pour lui faire face afin de répondre le plus sincèrement possible. Je prends ses mains, les poses sur mes hanches et je finis par chuchoter. « Pour ça. » Je l’embrasse, langoureusement, collant un peu plus mon bassin au sien. Ma langue joue avec la sienne pendant quelques minutes, je ne sais combien, mais cette danse endiablé de nos deux langues me fait sourire. C’est parfait. Alors je m’écarte, le souffle un peu court d’en oublier de respirer tellement c’est cool d’être ici, avec lui, à s’embrasser sans prise de tête. « La fidélité, voilà pourquoi je n’ai pas de petit-ami. J’ai envie de faire souffrir personne. » Le concept de fidélité m’échappe en fait. Mes intentions sont presque louables : je ne supporterais pas de voir quelqu’un qui m’aime souffrir parce que je n’ai pas su garder les cuisses serrer devant un bel homme. Je croirais presque à mes mensonges. En vérité, j’aime juste cette vie, me taper des hommes plus vieux pour faire enrager mes parents. Les ramener à la maison en souriant et hurler de plaisir alors que mes parents sont dans la pièce d’à côté. Jouir de les rendre complètement fou. Qu’ils aient honte de ce que je suis devenue en m’entendant prendre mon pied avec un homme sous leur toit. Homme qui n’est ni mon petit ami, ni personne d’autre qu’un inconnu rencontré dans un bar. Orgasmer à l’idée que je ne suis pas la petite fille respectable qu’ils ont élève mais bien une belle salope qui ne rate pas une occasion de leur foutre un peu plus les nerfs en pelotes. Égoïste, égocentrique, sarcastique, c’est plus drôle que d’être la gentille petite fille sage avec son gentil petit ami qui va faire une grande carrière pour s’occuper de sa future femme et des cinq gosses qu’il va lui faire. « Tu poses vraiment des questions bizarres. » Je me laisse retomber sur le divan, allongé, les jambes toujours sur les siennes. Être ici, avec lui, c’est déjà le pied total. Et savoir qu’on va regarder un film pour ensuite filer comme des voleurs dans la chambre –ou pas – et se débarrasser de nos fringues pour ne faire qu’un à nouveau, ça me remplit de joie. J’ai besoin de rien d’autre. Et certainement pas d’un petit copain jaloux et chiant, qui sera trop fatigué ou qui n’aura pas envie de faire quoi que ce soit.