Le moins que je puisse dire, c’est que la jeune femme possède tout de même une certaine hargne qui lui donne un air pour le moins tout à fait noble. Suffisamment pour qu’elle attise un peu de mon respect, bien que je ne sois pas en droit de lui montrer. Tout comme elle retient aussi mon agacement quelque part, en rendant la situation encore plus compliquée. Et j’imagine qu’autour de moi, les autres rafleurs doivent surtout la qualifier d’idiote, dans leurs pensées – pour peu qu’ils soient en mesure de faire une telle chose, ils me semblent tellement débiles. « Oh, ça va, j'ai connu pire. » répond-t-elle, comme-ci je viens de lui poser une question de courtoisie, comme-ci je m’inquiète simplement de son état de santé. Ce n’est évidemment pas le cas. Je crispe la mâchoire, commençant à la trouver véritablement agaçante à force. Je fais comment pour nous sortir d’affaires si elle s’évertue à agir ainsi ? « Et tu connaitras bien pire si tu ne coopères pas. » je lui souffle, tout de même honteux que nous ayons à nous donner ainsi en spectacle face aux autres rafleurs. Comme-ci ils n’ont pas déjà suffisamment de raisons de se moquer de moi, pour que Tracey en rajoute une couche supplémentaire. Aussi, dire de garder un peu de contenance face à mes congénères, je lui demande de me donner sa baguette. « Non. » répond-t-elle aussitôt d’un ton sec, inquisitrice. Je lève un sourcil, étonné qu’elle me refuse pareille chose alors qu’elle ne se trouve clairement pas en position de force. « Hors de question. » Elle se moque de moi, il n’y a pas d’autre moyen d’interpréter la chose. Je suis en position clairement délicate. Elle pourrait se montrer plus conciliante, dire que les soupçons ne me tombent pas dessus dès que je l’aurai libéré. Mais cela, elle semble royalement s’en ficher. « Tu fais chier Tracey. Donne-moi cette putain de baguette ! » je commence à insister, élevant la voix. Quand le vieux Harkness sera mis au courant du fait que je me sois fait mater par une fugitive, face à l’ensemble des autres rafleurs, il entrera dans une colère tellement noire que je ne donne pas cher de ma peau. Mais cela doit bien plus arranger les affaires de la jeune femme que de raison, je présume. « De la même façon que je ne peux pas m'enfuir, je ne peux pas non plus lancer des sorts car à la moindre tentative d'attaque, je me prendrai une bonne dizaine de sortilèges en pleine face. » Elle pince les lèvres, me défiant du regard. Je soutiens ses prunelles, n’ayant que faire de l’énervement qui commence à monter en moi. Et tous ces regards qui me piquent la nuque, ils deviennent véritablement insupportables. « Certaines personnes font des actions suicidaires lorsqu’ils savent qu’ils n’ont aucune porte de sortie. Nous savons tous les deux que tu es impulsive. Sois gentille, donne moi cette baguette. » Je passe ma langue sur mes lèvres alors que je tends un peu plus ma main dans sa direction, m’attendant toujours à ce qu’elle finisse par me donner le bâton de bois ensorcelé. « Je suis peut-être stupide, mais pas complètement suicidaire non plus. Tu ne parlais pas d'instinct de survie tantôt ? » me défie-t-elle une nouvelle fois. Je laisse échapper un grognement de dépit. Elle commence tout de même un peu à abuser de ma patience. « Parce que tu crois qu’ils vont attendre que tu t’attaques à eux pour te faire regretter le fait de garder ta baguette en main ? » La réponse coule de source ; non. Parce qu’ils sont stupides. Parce qu’ils n’ont rien à faire de pouvoir détruire quelqu’un et de le torturer à coups de doloris jusqu’à ce qu’il s’écroule. Presque mort à force de torture.